FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 7 - janvier-juin 2004
Le motif de la truie romaine aux trente gorets.
2me partie : Une donnée folklorique
par
Jacques Poucet
Professeur émérite de l'Université de Louvain
L'épisode de la truie aux trente gorets que Virgile a mis
en sc»ne au livre huit de l'Énéide est
examiné sous plusieurs de ses aspects dans les trois parties de cette étude. Il
a été question dans la
premire partie de la
présentation du sujet chez Virgile ainsi que chez les auteurs pré- et
périvirgiliens. La deuxime partie (ci-dessous) replace cet épisode romain dans
une perspective plus large : on verra qu'il s'agit fondamentalement
d'une donnée folklorique, celle de l'animal-guide, attestée dans de nombreuses
cultures. La troisime partie
étudiera plus en
détail la manire dont le motif a été utilisé et transformé en milieu romain et
en particulier chez Virgile.
La premire partie de cette étude était
centrée sur le Latium (Lavinium, Albe et Rome) ainsi que sur Virgile, ses
prédécesseurs et ses contemporains. Il s'agira maintenant de sortir de ce
domaine relativement étroit.
C'est que le motif de l'animal-guide (« Guiding Animal », « wegweisendes Tier ») sur lequel est
construite l'anecdote de la truie romaine se retrouve dans de nombreuses
cultures. Les folkloristes savent en effet qu'un animal guide souvent les
hommes vers l'emplacement futur d'une colonie, ou d'une ville, ou d'un
sanctuaire, ou (dans le monde chrétien) d'une église, plus modestement parfois
vers l'endroit o est dissimulé un bien précieux, vers une cachette en quelque
sorte. Les exemples foisonnent, et il n'est pour s'en convaincre que d'ouvrir
le riche répertoire de Stith Thompson[2].
Si cet animal est souvent qualifié d'oraculaire (« Orakeltier »[3], « Oracular Animal »), c'est que, dans sa fonction de guide, il n'agit pas de sa propre initiative : il sert d'intermédiaire à la divinité. Lorsqu'il s'agit par exemple de montrer à l'homme un lieu où s'établir, l'animal n'est qu'un moyen de communication entre le futur fondateur et le dieu. Plutarque n'écrivait-il pas qu'il fallait « considérer les animaux comme un instrument ou un moyen à la disposition du dieu qui agence toute chose » (Isis et Osiris, 76) ? Du reste, dans certains cas, c'est le dieu lui-même qui prend l'apparence d'un animal, et qui guide l'homme. Les exemples d'intervention de ces animaux-guides en dehors du Latium sont nombreux. Nous voudrions ici en passer l'un ou l'autre en revue, sans aucune prétention à l'exhaustivité.
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D'abord
quelques cas pris dans le monde italique. Trois exemples notamment sont bien
connus : celui du taureau pour les Samnites, celui du loup pour les
Hirpins et celui du pivert pour les Picentins[4]. Les Samnites
passent pour descendre des Sabins :
Strab., V, 4, 12
Il existe encore, relativement aux Samnites, une tradition
selon laquelle les Sabins, depuis longtemps en guerre contre les Ombriens
avaient, comme certains peuples grecs en pareille circonstance, fait le voeu de
consacrer aux dieux tout ce qui serait produit dans l'année. Ayant vaincu leurs
ennemis, ils offrirent en sacrifice une partie de leurs récoltes et
consacrèrent le reste aux dieux.
Mais cet acte ayant été suivi d'une disette,
quelqu'un leur dit qu'il fallait aussi consacrer leurs nouveau-nés. Ils
s'exécutèrent donc et vouèrent à Arès les enfants qui étaient nés dans l'année.
Devenus des hommes, ceux-ci décidrent d'émigrer et
mirent à la tête de leur troupe un taureau. Quand ils furent arrivés dans le
pays des Opiques, qui vivaient alors par bourgades, voyant que le taureau se
couchait, ils chassèrent les habitants et s'installèrent à leur place. Quant au
taureau, conformément à l'ordre des devins, ils le sacrifièrent à Arès
qui le leur avait donné pour guide. (trad. Fr.
Lasserre, C.U.F.)
Les Hirpins
sont un autre peuple italique, de souche samnite :
Strab., V, 4, 12
Leur nom vient de ce qu'un loup les conduisait
quand ils durent émigrer, car les Samnites nomment le loup hirpos. (trad. Fr. Lasserre, C.U.F.)
À propos des
Picentins, également d'origine sabine, on racontait une histoire impliquant cette
fois un pivert[5]:
Paul. Fest., p. 235 L
La région où se trouve Asculum a
été appelée
picénienne (Picena) parce que les
Sabins, en route pour Asculum, avaient vu un pic (picus) s'installer sur leur étendard. (trad.
personnelle)
Dans ces trois exemples, c'est tout un groupe qui est à la recherche d'un endroit pour s'y installer et former un nouveau peuple. Dans les trois cas, un animal montre le chemin.
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Le
monde grec lui aussi offre un catalogue fourni de colonies, de cités, de
sanctuaires, dont l'emplacement a été indiqué aux hommes par un animal-guide.
Il n'est d'ailleurs pas rare que l'oracle de Delphes intervienne dans le
processus[6]. Nous présenterons surtout des exemples se
rapportant à des villes.
Certaines
légendes de fondation sont particulirement célèbres, comme celle de Thèbes par
Cadmos[7] qui suivit une génisse, ou celle de Troie par
Ilos qui prit comme guide une vache.
Voici,
dans la présentation de P. Grimal (Dictionnaire, p. 73a ; s.v¡ Cadmos), l'essentiel du récit canonique
de la fondation de Thèbes :
[...] Cadmos alla interroger l'oracle de Delphes, qui
lui dit [...] de fonder une ville. [...] Pour choisir le site de celle-ci, il
devait suivre une vache jusqu'à ce qu'elle s'abatte, épuisée de fatigue. Pour
accomplir l'oracle, Cadmos se mit en route, et, comme il traversait la Phocide,
il vit, dans les troupeaux de Pélagon, [...] une vache portant sur chacun de
ses flancs le signe de la lune (un disque blanc rappelant la pleine lune). Il
la suivit, et la vache l'emmena à travers la Béotie. Elle se coucha enfin à
l'emplacement de la future ville de Thèbes. Cadmos vit alors que l'oracle était
accompli [...].
Quant
à la fondation d'Ilion, la future Troie, par Ilos, en voici le récit dans la
version d'Apollodore, Bibliothèque, III, 12, 3 :
Ilos gagna la Phrygie, où des jeux
étaient
organisés par le roi du pays ; il remporta l'épreuve de la lutte. Pour
prix, il obtint cinquante jeunes garons et cinquante jeunes filles. De plus,
le roi, répondant à un oracle, lui fit don d'une vache tachetée, en lui disant
de fonder une ville là où la vache se coucherait. Ilos la suivit. Quand
l'animal arriva sur la colline dite de l'Atè phrygienne, elle s'étendit à terre ;
Ilos y construisit une ville qu'il appela Ilion. Puis il implora Zeus de lui
envoyer un signe, et, à la tombée du jour, il vit devant sa tente le Palladion,
qui était tombé du ciel. (trad.
U. Bratelli, 2002, légrement adaptée)
Ces
légendes sont à juste titre très célbres. En voici deux autres, moins connues
peut-tre et prises au hasard, celle de Boiai, en Laconie, et celle d'Éph»se,
en Asie mineure :
Paus., III, 22, 11-12
La ville de Boiai, à l'extrémité du golfe
Boiatique, a été fondée par Boios, l'un des Héraclides, qui y rassembla les
habitants de trois villes, Etis, Aphrodisias et Sidé. [É] Les habitants de ces
trois cités, en ayant été chassés, cherchaient le lieu où le destin voulait
qu'ils s'établissent, lieu qui, suivant un oracle, devait leur être indiqué par
Artémis. Débarqués dans ce golfe, ils aperçurent un livre, le prirent pour
guide, et, le voyant se cacher dans un buisson de myrte, ils bâtirent leur
ville autour de ce buisson, pour lequel ils ont encore la plus grande
vénération : et ils le nomment Artémis Sotéira. (trad.
M. Clavier, 1814, légèrement adaptée)
Athénée, Le
Banquet des Sophistes, VIII, 361d-e (fondation d'Éphèse)
Créophyle, dans ses Chroniques des Éphésiens, raconte que les fondateurs d'Éphèse,
après avoir beaucoup souffert de la pauvreté de l'endroit qu'ils occupaient,
finirent par consulter l'oracle du dieu et lui demandèrent où établir leur
cité. Le dieu leur répondit de fonder une ville "là où un poisson le leur
montrerait et où un sanglier les guiderait". On raconte que près de
l'endroit où on trouve aujourd'hui la source dite Hypélaios et le lac sacré,
des pêcheurs étaient en train de prendre leur repas de midi, lorsqu'un poisson
fut projeté avec une braise enflammée sur de la paille, ce qui enflamma un
fourré dans lequel se cachait un sanglier. L'animal, effrayé par le feu,
parcourut une longue distance sur la montagne appelée Tréchéia où, frappé par
un javelot, il tomba à l'endroit où se dresse aujourd'hui le temple d'Athéna
[...]. (trad. personnelle)
Les exemples grecs sont légion. Ainsi Antinoé fonde Mantinée là où s'arrête le serpent qui la conduit (Paus., VIII, 8, 4) ; ce sont des aigles qui montrent à Alexandre le Grand l'emplacement de la future Alexandrie (Iulius Valerius, De rebus gestis Alexandri, I, 30) et à Séleucus celui de la future Antioche (Malalas, Chronographia, p. 200 de l'éd. de Bonn). Mais les villes ne sont pas seules concernées. Un essaim d'abeilles indique aux Béotiens le chemin d'un nouvel oracle, celui de Trophonius, prs de Lébadeia (Paus., IX, 40) ; deux corbeaux indiquent à Alexandre et à ses compagnons la route de l'oracle d'Ammon (Plut., Alex., 27, d'après Callisthène) ; un corbeau encore marque le chêne dans le bois duquel devra être taillée une statue d'Héra (Paus., IX, 3, 3). Arrêtons ici l'énumération. La gamme des animaux-guides dans le monde grec est très large : on voit ainsi défiler loups, renards, chèvres, corbeaux, cerfs, alouettes, souris, etc.
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Si
le bestiaire grec semble particulirement riche, les autres cultures ne sont
pas en reste. Mais au-delà des détails particularisants - chacune actualisant
le motif à sa manière -, on retrouve toujours le même schéma : l'animal,
intermédiaire de la divinité, indique à l'homme l'endroit ou l'objet qu'il
recherche. Voici quelques exemples pris au hasard :
Le premier vient des tribus zoulous d'Afrique[8] :
Chez les tribus zoulous,
le changement de résidence est lié à une cérémonie très particulire. On ampute
l'arrière-train d'une vache et on laisse s'échapper le pauvre animal. En fuyant,
il indique à la tribu la direction à suivre pour y fonder un nouvel établissement. Si la bête retourne au village, c'est le signe qu'il faut rester
sur place et ne pas émigrer.
Le
deuxième concerne les paysans Huzule sur les pentes des Carpathes[9] :
Les paysans Huzule ne considèrent pas que tous les
emplacements sont favorables, et qu'ils conviennent
tous pour y installer leur village. Ils se laissent en fait guider par leur
bétail, et construisent là où leurs animaux préfèrent se coucher.
Le
troisième exemple, emprunté au monde aztèque, concerne la fondation de la cité
de Tenochtitlan[10] :
La légende raconte qu'en 1325, Uitzilopochtli,
dieu-guide de la tribu, parla au grand prêtre Quauhcoatl : son temple et
sa cité devaient être construits 'au milieu des joncs, parmi les roseaux, sur
une île rocheuse où l'on verrait un aigle dévorant joyeusement un serpent'. Le
prêtre et ses acolytes cherchèrent le signe promis par l'oracle. Ils virent un
aigle perché sur un figuier de Barbarie (tenochtli) tenant dans son bec
un serpent. Là, ils édifièrent une simple cabane de roseaux, premier sanctuaire
de Uitzilopochtli, et noyau de la future cité de Tenochtitlan.
Le
cas aztèque ne comporte pas une poursuite de l'animal-guide, mais une simple
recherche, par le peuple en quête d'un emplacement, du signe animalier annoncé.
Nous retrouverons l'animal-guide au sens strict dans l'exemple suivant,
emprunté à l'Irlande chrétienne. Il s'agit de la légende de fondation du
monastère de saint Ciaran, au milieu du VIème siècle :
Saint Ciaran quitta ses compagnons et prit la
route. Comme il avait fait quelque chemin, un cerf qui l'attendait vint
doucement à sa rencontre. Saint Ciaran posa sur son dos ses bagages, et là où
allait le cerf, Ciaran, heureux, le suivait. Le cerf arriva au bord d'un lac,
et s'arrêta face à l'île 'Angin'. Alors saint Ciaran comprit que Dieu l'avait
appelé sur cette îîe ; et quittant le cerf en le bénissant, il alla
jusqu'à l'île et s'y installa. [...] La réputation de sa sainteté s'accrut, et
des hommes qui le visitaient, il fit ses moines [...]. (trad.
personnelle)
Nous
terminerons par un exemple tiré de la biographie de Mahomet. Lorsqu'il quitte
La Mecque pour Yatreb, la future Médine, un voyage important puisqu'il marque
le début de l'Hégire (622), le Prophte laisse à son chameau le soin de choisir
la maison où il va descendre[11] :
En attendant l'arrivée du Prophète, les musulmans de
Médine se rassemblaient chaque matin en dehors de la ville. Enfin, Mahomet et
Abou-Bakr apparurent au loin, à dos de chameau. Tandis qu'une foule d'hommes et
de femmes restaient à attendre le Prophète, de riches convertis, à cheval, se
portèrent à sa rencontre pour l'escorter jusqu'à la ville. À Médine, ceux qui
souhaitaient être les hôtes du Prophète étaient si nombreux que celui-ci décida
de descendre là où s'arrêterait son chameau. Aprs avoir tenu en haleine les
musulmans de la ville, le chameau choisit l'humble demeure d'Abou Ayyoub, qui
fut si bouleversé que le Prophète dut le calmer.
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Point
n'est besoin d'exemples supplémentaires pour convaincre le lecteur que de
nombreuses cultures connaissent le motif de l'animal-guide[12]. Pour l'essentiel, le récit romain de la truie aux
trente gorets relève du folklore universel.
Cela
dit, on peut penser qu'en l'espce, le schéma de base a été emprunté par Rome à
la Grèce. Le légendaire grec, on l'a vu, abonde en histoires de ce type :
nombreuses en effet sont les cités grecques qui doivent l'emplacement de leur
fondation à l'intervention d'un animal. D'autre part la légende d'Énée est
elle-même, pour l'essentiel, d'inspiration grecque : on n'oubliera pas
qu'Énée est un héros homérique, et que Rome était très fière d'inscrire ses
origines dans la mouvance grecque. En outre, la plus ancienne attestation que
nous possédions du motif de la truie d'Énée se trouve chez Lycophron, un auteur
grec. Il n'y a donc rien d'étrange à ce que les premières fondations du héros
dans le Latium - Lavinium ou Albe, peu importe ici - l'aient été sur le modèle
courant en Grèce : c'est un animal qui en indiquait l'emplacement.
Mais il reste que ce motif, la mentalité romaine l'a profondément actualisé, en marquant de son empreinte beaucoup de détails particularisants. C'est ce que nous voudrions montrer maintenant.
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[2] S. Thompson, Motif-Index of Folk-Literature,
6 vol., Copenhague, 1955-1958, en l'espèce la rubrique B 150, aux p. 385-387,
du Tome I. On signalera aussi la très riche synthèse de A. H. Krappe, Guiding
Animals, dans Journal of American Folk-Lore, t. 55, 1942, p.
228-246, qui fourmille d'exemples empruntés précisément à toutes les cultures.
[3] Cfr le titre de la grosse
synthèse allemande de L. Hopf, Thierorakel und Orakelthiere in
alter und neuer Zeit : eine ethnologisch-zoologische Studie, Stuttgart,
1888, 271 p., qui fait toujours autorité.
[4] Des épisodes liés plus ou
moins étroitement au rituel du uer sacrum italique : J. Heurgon, Trois
études sur le ver sacrum,
Bruxelles, 1957, 52 p. (Collection Latomus, 26) ; P.-M.
Martin, Contribution de Denys
d'Halicarnasse à la connaissance du ver sacrum, dans Latomus, t. 32,
1973, p. 23-38 ; D. Briquel, Le
regard des autres. Les origines de Rome vues par ses ennemis, Besançon,
1997, p. 183-192 (Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté, 623).
[5] Cfr aussi Plin., III, 110.
L'article de R. Merkelbach, Spechtfahne und Stammsage der Picenter, dans
Studi in onore di U. E. Paoli, Florence, 1955, p. 513-520, illustre chez
plusieurs peuples la tradition d'un animal conducteur.
[6] Cfr
A. S. Pease, The Delphic Oracle and Greek Colonization, dans Classical
Philology, 12, 1917, p. 1-20, spéc. p. 8 ; H.
W. Parke, D. E. W. Wormell, The Delphic Oracle. II. The Oracular Responses, Oxford, 1956,
not. p. 82-83 ; 92-93 ; 124-125 ; 152-155 ; 168-169 ;
200-203 ; 234-235.
[7] F. Vian, Les origines de
Thèbes. Cadmos et les Spartes, Paris, 1963 (Études et commentaires, 48),
dont le chapitre III (p. 76-93), intitulé « L'oracle et l'animal-guide »,
est très riche en exemples.
[8] A.
H. Krappe, Guiding Animals, 1942, p. 235, citant Carl Wiese, dans Zeitschrift
fŸr Ethnologie, t. 32, 1900, p. 199.
[9] E.
Sidney Hartland, Foundation. Foundation-Rites,
dans J. Hastings, Encyclopaedia of Religion and Ethics, t. VI, 1913, p.
109-110, citant Kaindl, Die Huzulen, Vienne, 1894, p. 29.
[10] J. Soustelle, Les
Aztques, 2e éd., Paris, 1974 (Que sais-je ?,
1391), p. 14.
[11] D. Stewart, L'Aube de
l'Islam, Time-Life International, 1974, p. 28. Selon d'autres récits,
Mahomet aurait laissé à sa chamelle le soin de choisir l'emplacement de la
première mosquée de Médine.
[12] Les exemples ci-dessus sont loin d'avoir épuisé le sujet. On aurait pu ajouter que les oiseaux, en particulier les corbeaux, étaient très utiles aux navigateurs primitifs (cfr A. H. Krappe, Les dieux au corbeau chez les Celtes, dans Revue d'Histoire des Religions, t. 114, 1936, p. 236-246). C'était vrai chez les Celtes ; ce l'était aussi dans le monde grec : ainsi, quand les gens de Théra émigrent en Libye, des corbeaux les accompagnrent pour leur indiquer le chemin (Callimaque, Apollon, 65). Le corbeau de Noé reflète la même coutume chez les Sémites. Par ailleurs les animaux n'étaient pas seuls à pouvoir servir de guide : on se souviendra par exemple de l'étoile-guide des rois mages, de celle de Vénus guidant Énée dans sa marche vers l'Occident (Varron, chez Serv., Aen., I, 382), etc.
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