FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 7 - janvier-juin 2004


Le motif de la truie romaine aux trente gorets.

1ère partie : Virgile et les attestations pré- et périvirgiliennes

par

Jacques Poucet

Professeur émérite de l'Université de Louvain

<poucet@egla.ucl.ac.be>


L'épisode de la truie aux trente gorets que Virgile a mis en scène au livre huit de l'Enéide est examiné sous plusieurs de ses aspects dans les trois parties de cette étude. Il sera question d'abord (ci-dessous) de la présentation du sujet chez Virgile ainsi que chez les auteurs pré- et périvirgiliens. La deuxième partie replacera l'épisode romain dans une perspective plus large : on verra qu'il s'agit fondamentalement d'une donnée folklorique attestée dans de nombreuses cultures : celle de l'animal-guide. La troisième partie étudiera plus en détail la manière dont le motif a été utilisé et transformé en milieu romain et notamment chez Virgile.


Plan

·       L'épisode virgilien

o      Au chant VIII

o      Au chant III

o      Une incohérence entre les deux chants?

·       Les attestations pré- ou périvirgiliennes

o      Lycophron

o      Fabius Pictor, Conon et Dion Cassius

o      Caton, Varron et Denys d'Halicarnasse

o      Cassius Hémina

·       Une première mise au point

 


 

L'épisode virgilien

Tout lecteur de l'Énéide se souvient de cette scène célèbre du huitième chant que les initiés appellent « le prodige de la gésine miraculeuse ». Une truie s'offre aux regards d'Énée en route vers Pallantée : la bête est couchée sur les bords du Tibre, entourée de trente gorets qu'elle vient de mettre au monde. Tous les animaux, la mère et les petits, sont d'un blanc éclatant. Rappelons rapidement le contexte de cet épisode.

Après la chute de Troie, Énée et quelques compagnons prennent la mer, à la recherche d'une terre nouvelle où ils pourront s'installer avec leurs dieux ancestraux. Le voyage ne sera ni facile ni rapide. Les réfugiés vont errer en Méditerranée pendant sept longues années, ignorant tout de leur avenir et de leur destination finale. C'est qu'ils ne savent pas encore avec précision où se trouve la terre promise par le destin et par les dieux.

Il faudra de nombreuses prophéties, la rencontre avec la Sibylle et surtout la descente d'Énée aux Enfers chez son père Anchise, pour que les perspectives se mettent progressivement en place et que le héros troyen perçoive plus clairement son destin. Au chant VII, le groupe débarque enfin dans le Latium qui semble être sa destination finale. Mais tout n'est pas réglé pour autant. Les Troyens ne sont pas encore absolument sûrs d'avoir atteint la Terre Promise  ; en outre ils se voient très vite confrontés à de grosses menaces militaires. Le territoire où ils font escale n'est pas vide, et les indigènes se dressent contre les nouveaux venus, lesquels vont devoir chercher de l'aide pour s'assurer un ancrage local solide.

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Au chant VIII

Ce contexte délicat explique la profonde inquiétude d'Énée au début du chant VIII. Le héros est en train de bivouaquer sur le site de la future Ostie, à l'embouchure du Tibre, lorsque le dieu du fleuve (les fleuves sont divinisés dans les épopées antiques) lui apparaît pendant son sommeil, pour lui déclarer en substance qu'il peut se rassurer, qu'il est arrivé au  terme de son voyage. Le dieu du fleuve annonce alors à Énée un signe qui confirmera la véracité du message :

Rejeton d'une race divine, […] ici tu trouveras une demeure sûre, des pénates sûrs (hic tibi certa domus, certi… penates) ; […] ne crains pas les menaces de guerre ; toute la rancoeur des dieux et leurs colères s'en sont allées. Et maintenant, ne va pas croire qu'il s'agit là de songes vains : tu découvriras, sous les yeuses de la rive, une énorme truie (ingens... sus), mère de trente petits ; toute blanche (alba), elle sera étendue sur le sol, et autour de ses mamelles, ses petits, eux aussi, seront blancs (albi). Ensuite, lorsque auront passé trois fois dix années, Ascagne fondera une ville, Albe au nom illustre. Et je n'annonce pas des faits incertains (Haud incerta cano). (VIII, 36-49 ; trad. A.-M. Boxus)

Pour une truie qui donne naissance en moyenne à 7 ou 8 porcelets, une portée de trente petits est totalement inhabituelle. Dans les perspectives romaines, c'est là un phénomène extraordinaire, un prodigium, un « prodige » au sens fort du terme, c'est-à-dire un signe envoyé par les dieux.

Dans la vie religieuse romaine, les prodigia sont la plupart du temps obscurs : ils doivent être décodés par des prêtres spécialisés. Ici, dans l'épopée, le dieu, c'est-à-dire le poète, en dévoile le sens. C'est la confirmation que, pour Énée, le Latium est bien la Terre Promise : « une demeure sûre, des pénates sûrs ». Les éléments du prodige sont eux aussi interprétés : la couleur blanche (albus) renvoie à la fondation d'une ville, Albe (Alba), et les trente gorets indiquent le nombre d'années qui s'écouleront avant la fondation de la ville d'Albe par Ascagne, fils d'Énée. Et le dieu Tibre de conclure qu'il n'annonce ici que des certitudes. Puis il disparaît.

Au petit matin, Énée et ses hommes se mettent en route. Partant d'Ostie, ils remontent le fleuve en direction de Pallantée, sur le site de ce qui sera plus tard Rome. La ville est à l'époque habitée par Évandre, un Arcadien installé là depuis quelques décennies : la Sibylle avait conseillé à Énée de lui demander de l'aide.

Et c'est alors, au détour d'un méandre du fleuve, la découverte annoncée :

Et voilà que soudain s'offre à sa vue un prodige (monstrum) étonnant : une truie blanche, de la même couleur que sa portée, est couchée dans la forêt, se détachant sur la verdure du rivage. Apportant les objets sacrés, le pieux Énée t'immole cette bête, ô très puissante Junon, et la place sur l'autel avec ses petits. (VIII, 81-85 ; trad. A.-M. Boxus)

 

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Au chant III

Le spectacle n'a pas dû surprendre exagérément Énée. D'abord la révélation du dieu Tibre venait de se produire. Mais il y a plus : le prodige lui avait déjà été annoncé plusieurs années auparavant, lors d'une escale que à Buthrote, en Épire, au chant III. Le roi de ce pays, Hélénus, prêtre d'Apollon et donc prophète du dieu, avait dévoilé à Énée l'avenir difficile qui l'attendait, lui déclarant en substance que l'Italie n'était pas aussi proche qu'il le croyait et qu'il devrait encore voyager beaucoup :

Il faudra d'abord déployer vos rames dans la mer de Trinacrie, vos navires devront parcourir l'étendue salée d'Ausonie, et franchir les lacs infernaux et l'île de Circé l'Ééenne, avant que tu puisses établir une cité en une terre sûre (tuta… terra). Je vais te révéler des signes ; toi, retiens-les enfouis dans ta mémoire. Lorsque, anxieux, tu découvriras sous les chênes de la rive, au bord d'un cours d'eau caché, une énorme truie (ingens... sus), mère d'une portée de trente porcelets, couchée par terre, toute blanche (alba), avec ses petits, blancs (albi) aussi, pendus à ses mamelles, ce sera là le site d'une ville, un repos assuré après les épreuves (is locus urbis erit, requies ea certa laborum). (III, 387-393 ; trad. A.-M. Boxus)

Ainsi donc, l'épisode de la gésine prodigiale est signalé trois fois dans l'Énéide, une fois au livre III dans cette prophétie d'Hélénus, deux fois au livre VIII, d'abord dans la bouche du dieu Tibre, ensuite dans le récit de l'apparition, sur la rive du fleuve.

À aucun moment, Virgile n'évoque les sentiments d'Énée. Le héros ne semble pas s'être posé de questions : il sacrifie à Junon l'animal et sa progéniture, puis continue sa route vers Pallantée pour y solliciter l'aide d'Évandre et de ses Arcadiens.

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Une incohérence entre les deux chants ?

Certains lecteurs de Virgile croient avoir repéré une contradiction entre la prophétie d'Hélénus et sa réalisation. Selon le prêtre d'Apollon à Buthrote, la truie miraculeuse devait marquer  « le site d'une ville, un repos assuré après les épreuves  ». Le dieu Tibre, lui, replaçait le prodige dans une perspective légèrement différente : il ne devait plus marquer l'emplacement d'une cité ; c'était un signe qui venait en quelque sorte confirmer la véracité des paroles du dieu : « Tu trouveras une demeure sûre, des pénates sûrs ».

Au chant VIII, le dieu du fleuve annonce donc à Énée, non pas la localisation d'une ville à fonder, mais le terme certain de son voyage : le héros a atteint la Terre Promise. Toutefois la référence à une cité n'est pas complètement abandonnée : on la retrouve dans l'interprétation donnée par le dieu aux trente gorets : « dans trente ans, Ascagne fondera la ville d'Albe ». Nous savons, et les lecteurs romains de Virgile le savaient aussi, qu'Albe-la-Longue n'est pas sur le Tibre, mais à quelque vingt-cinq kilomètres de celui-ci, dans la zone montagneuse des monti Albani. L'endroit où la truie apparut aux Troyens ne marque effectivement le site d'aucune ville.

D'où la perplexité des Modernes, qui ont parlé d'incohérence, voire de contradiction, virgilienne. Et le fait que le récit de l'apparition du Tibre contienne un vers inachevé (VIII, 41) semblait aller dans ce sens. Si Virgile avait pu mettre la dernière main à son poème, pensait-on, il aurait probablement uniformisé la prophétie d'Hélénus et celle du Tibre. Certains Modernes ont même allés pris argument de cette prétendue incohérence pour en tirer des conclusions sur l'ordre de rédaction des différents livres. Peut-être, pensent-ils, le huitième livre aurait-il été écrit avant le troisième !

Débats insolubles et probablement vains. Ou bien, comme l'a écrit Horace, quandoque bonus dormitat Homerus, et ce n'est effectivement pas la seule discordance qu'on peut relever dans l'œuvre ; ou bien Virgile a hésité d'un chant à l'autre ; ou bien encore, comme l'a écrit J. Perret (Virgile. Énéide, I, Paris, 1977, p. 90-91, en note au vers III, 393), « Il ne faut pas presser les paroles d'un oracle », en d'autres termes, les prophéties sont, par essence même, ambiguës.

Bref, on peut discuter longuement la question de savoir si les trois passages virgiliens s'accordent ou non entre eux. Mais ce faisant, on ne sort pas de l'Énéide, ce que nous voudrions faire maintenant.

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Les attestations pré- ou périvirgiliennes

C'est que le motif de la truie aux trente gorets n'est pas, comme tel, une invention virgilienne. En général d'ailleurs, le poète de Mantoue invente peu. Il puise à des sources nombreuses, mais ce qu'il emprunte, il le transforme en profondeur pour en faire son bien propre. C'est cela l'originalité virgilienne.

On va voir que c'est également le cas ici. Le motif de la truie latine prodigiale apparaît à plusieurs reprises dans la littérature antérieure ou contemporaine à Virgile. Son histoire est relativement difficile à retracer dans le détail à cause du caractère lacunaire des textes qui l'attestent. En voici toutefois quelques étapes principales.

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Lycophron

L'attestation la plus ancienne se lit en grec dans l'Alexandra de Lycophron, un auteur du IIIe siècle avant Jésus-Christ qui naquit à Chalcis en Eubée, mais vécut à la cour d'Alexandrie. Cette pièce, intégralement conservée, est un long récit : un esclave raconte sur scène une prophétie fort obscure, faite par Cassandre, appelée aussi Alexandra, d'où le titre. Dans un fatras d'érudition mythologique, auquel fait défaut toute poésie véritable, un passage, que les spécialistes appellent « la notice romaine », concerne directement notre sujet. C'est l'histoire d'Énée, en quelque sorte la première Énéide de la littérature. La datation précise du passage est discutée : pour certains, il serait de 270, comme le reste de l'oeuvre ; pour d'autres, il s'agirait d'une interpolation, remontant au plus tôt à 197 avant Jésus-Christ. Peu importe pour nous. Quelques vers, relativement clairs, concernent directement notre sujet :

Là (ou alors) [...], dans le pays des Boreigonoi [...], il fondera trente citadelles, ayant compté le nombre des rejetons de la truie noire, qu'il transportera dans son navire depuis les collines de l'Ida et le pays de Dardanus, et qui nourrira des petits égaux en nombre à la naissance. Dans une ville, il élèvera aussi une image en bronze de cette truie et des petits à ses mamelles. (trad. personnelle)

Il n'est pas difficile pour les spécialistes de décoder ce texte. Le mot grec Boreigonoi transpose le terme latin Aborigines, courant dans la tradition latine pour désigner les habitants du Latium primitif. Énée, arrivé dans le Latium, est ainsi censé y fonder trente citadelles, allusion manifeste aux trente peuples, les triginta populi, qui constituaient - dans le mythe ou dans l'histoire - la Ligue latine. Le héros troyen passe donc, chez Lycophron, pour le fondateur du nomen Latinum dans son ensemble. Le nombre des gorets correspond à celui des communautés latines. La truie est noire, et - détail intéressant - elle se trouvait dans le bateau des Troyens qu'elle avait accompagnés depuis leur départ : en effet, l'expression « les collines de l'Ida et le pays de Dardanus » désigne Troie. La truie faisait partie du voyage, vraisemblablement avec d'autres animaux qui servaient de provisions de bouche.

Si, chez Lycophron, Énée passe pour être à l'origine de l'ensemble du peuple latin, le héros entretient toutefois des rapports privilégiés avec une des cités latines : « Dans une ville, dit le texte, il élèvera aussi une image en bronze de cette truie et des petits à ses mamelles ». Alexandra-Cassandre ne nomme pas cette cité, mais c'est Lavinium. On sait en effet par Varron (R.R., II, 4, 18) qu'une statue en bronze de la truie et de ses petits se dressait sur son forum.

Par rapport à Virgile, les différences sont sensibles. Pas question ici d'oracle ou de prophétie ; la truie est noire ; elle ne se découvre pas par hasard dans le paysage latin, mais faisait partie du voyage. La portée reste extraordinaire, même si le texte ne souligne pas le fait, et les gorets symbolisent les trente peuples du Latium. Un lien est établi entre Énée et la ville de Lavinium.

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Fabius Pictor, Conon et Dion Cassius

Abandonnons maintenant Alexandrie pour Rome, et voyons d'abord ce que devient le motif chez Fabius Pictor, le père de l'annalistique romaine, qui écrivait en grec vers les années 200 avant Jésus-Christ et qui est vraisemblablement le premier auteur romain à nous avoir laissé un récit suivi sur les origines lointaines de Rome.

De son oeuvre, aujourd'hui perdue, on ne possède que des fragments. L'un d'entre eux, particulièrement intéressant pour notre sujet (frg. 5a Chassignet), a été conservé par une source tardive, Georges le Syncelle, un Byzantin qui vivait dans la seconde moitié du VIIIe siècle après Jésus-Christ (éd. A. A. Mosshammer, 1984, p. 229-230). Passons sur les modalités précises de la transmission, dans laquelle a joué un rôle Diodore de Sicile (VII, 5, 4-5), pour nous limiter à l'essentiel.

Il faut préciser d'emblée qu'il s'agit de la fondation d'Albe. Après avoir mentionné ce qu'on pourrait appeler la position « canonique », c'est-à-dire la fondation de cette ville par Ascagne, fils d'Énée, Georges le Syncelle signale que Fabius Pictor racontait les choses autrement :

Fabius a raconté autrement cette légende [= de la fondation d'Albe]. Il dit qu'Énée avait été averti par un oracle qu'un quadrupède le guiderait vers la fondation de la ville. Or il se passa la chose suivante. Alors que le héros était sur le point de faire un sacrifice, une truie, grosse, de couleur blanche, lui échappa des mains ; il la poursuivit. Arrivé sur une colline, l'animal mit au monde trente gorets. Étonné de ce fait extraordinaire, Énée se souvint de l'oracle, et entreprit de s'installer à cet endroit. Mais en songe il reçut une vision qui faisait clairement obstacle à son projet et lui conseillait de reculer la fondation de la ville de trente années, ce qui était le nombre des petits. Il renonça alors à fonder la ville. (trad. personnelle)

Dans la vision « canonique » de la préhistoire de Rome, rappelons-le, Lavinium est fondée par Énée tandis qu'Albe l'est par Ascagne, son fils. La mise en rapport d'Énée avec la fondation d'Albe qui figure chez Fabius Pictor risque donc de surprendre. On aurait tort de la rejeter pourtant, car deux autres textes anciens, l'un de Conon, l'autre de Dion Cassius, vont dans le même sens et permettent de conclure qu'avant que ne s'impose la vulgate, une partie de la tradition mettait bien Énée en rapport avec la fondation d'Albe.

Les vues de Conon, un mythographe de l'époque augustéenne, qui écrivait en grec des Narrations, ne nous sont parvenues que dans un résumé byzantin tardif, celui de la Bibliothèque de Photius au IXe siècle. Dans sa Narration 46, Conon présentait à ses lecteurs ce qu'il appelait une « autre histoire », une sorte de version alternative en quelque sorte, qui - le texte est formel, mais ne donne pas de détails - « faisait d'Énée le fondateur d'Albe ».

Le second passage, dû à Dion Cassius (IIe-IIIe siècles après Jésus-Christ), plus explicite, est également très net en ce qui concerne le rapport entre Énée et Albe :

Une truie blanche s'échappa du bateau d'Énée et, courant vers le mont Albain, ainsi appelé d'après elle, elle donna naissance à une portée de trente petits, ce qui indiquait que, dans trente ans, les enfants du héros prendraient pleine possession du territoire et de la souveraineté. Parce qu'Énée avait eu précédemment connaissance de ces présages par un oracle, il mit un terme à ses pérégrinations, sacrifia la truie, et se prépara à fonder une cité. Latinus [le roi de l'endroit] ne le lui permit pas ; mais après avoir été défait à la guerre, Latinus donna à Énée sa fille Lavinia en mariage. Énée fonda alors une cité et l'appela Lavinium. (trad. personnelle)

Énée, impressionné par le présage de la truie aux trente gorets, avait donc songé à fonder une ville sur le mont Albain, à savoir Albe, mais il avait dû renoncer à ce projet et en fonder une autre, Lavinium : on voit clairement la tentative d'harmonisation entre la version plus ancienne et la version « canonique ».

Il ne peut être question d'entrer ici dans les méandres d'une tradition compliquée. L'essentiel est de noter que, par rapport à Lycophron, ces textes placent le motif de la truie merveilleuse dans une optique différente, plus précise d'ailleurs. Chez Fabius Pictor, une truie, grosse, que l'on allait sacrifier aux dieux, s'échappe ; elle est poursuivie jusqu'au mont Albain où elle met bas, et l'emplacement de la gésine marque celui d'une ville. On peut parler ici, au sens strict, du thème de l'« animal-guide ». C'est Énée qui est en cause : il est mis en rapport direct avec la fondation d'Albe, qu'il n'assurera toutefois pas en personne. Quant aux trente gorets, ils n'ont plus, comme chez Lycophron, une valeur topographique (trente peuples) mais chronologique (il faudra attendre trente ans avant la fondation d'Albe).

Ainsi donc, dans la tradition qui semble remonter à Fabius Pictor, la truie prodigiale met bas sur le mont Albain et le motif renvoie à la fondation d'Albe. Cette conception ne durera pas.

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Caton, Varron et Denys d'Halicarnasse

En effet, dans le courant qui va s'imposer et qui est celui de la « vulgate », le miracle de la truie sera directement lié à la fondation de l'autre cité primordiale du Latium, Lavinium. C'est la vision des choses qu'on trouve chez Caton, chez Varron, chez Denys d'Halicarnasse, pour ne citer qu'eux, mais Albe, on va le voir, restera toujours présente, à l'arrière-plan en quelque sorte.

Le récit le plus significatif est celui de Denys d'Halicarnasse. Il est très long et riche en détails. En voici les extraits les plus caractéristiques.

L'historien grec vient de rappeler une prédiction divine qui avait prescrit aux Troyens, lors de leur arrivée, « de prendre pour guide un quadrupède, et là où l'animal commencerait à donner des signes de fatigue, de bâtir une cité » (D. H., I, 55, 4). Une fois sur le rivage, on prépare un sacrifice aux dieux. Très vite, la situation va évoluer.

D. H., I, 56

(1) Quand ils eurent récité les prières, la truie destinée au sacrifice, qui était grosse et près de mettre bas, au moment où les sacrificateurs accomplissaient sur elle les rites préparatoires, se débattit, s'échappa des mains de ceux qui la tenaient, et courut loin de la mer vers l'intérieur des terres. Énée, comprenant que cette truie était bien le quadrupède que la prédiction divine désignait comme leur guide, la suivit avec quelques compagnons à faible distance, de crainte que le bruit fait par les poursuivants ne la détournât de la route voulue par la divinité. (2) Quant à la truie, après avoir parcouru environ vingt-quatre stades depuis la mer, elle gravit en courant une colline où, épuisée de fatigue, elle s'arrête. Mais Énée – car de toute évidence les prédictions étaient accomplies -, voyant qu'à cet endroit la terre était mauvaise, la mer éloignée et, qui plus est, dépourvue d'un bon mouillage, se trouvait dans un grand embarras sans profiter d'aucun avantage, ou bien pousser plus loin à la recherche d'une terre meilleure. (3) Alors qu'il agitait ces pensées et accusait les dieux, on raconte que tout à coup une voix sortit du vallon boisé, sans que celui qui la faisait entendre fût visible, et qu'elle lui ordonna de rester en ce lieu, d'y bâtir une ville au plus tôt et de ne pas s'abandonner à la difficulté présente, en se demandant s'il ne s'établirait pas pour le restant de ses jours sur une terre fertile, écartant par là-même un bonheur qui devait se réaliser et qui serait bientôt présent. (4) Tel était en effet le destin qui lui était imparti : à partir d'abord de cette implantation misérable et exiguë, il acquerrait avec le temps un vaste et bon territoire ; ses enfants et ses descendants auraient un pouvoir immense et qui durerait fort longtemps ; cet endroit serait donc, pour le moment, le séjour des Troyens ; ensuite, après autant d'années que la truie aurait mis bas de petits, serait fondée par les descendants d'Énée une autre cité, prospère et grande. À cette nouvelle, dit-on, Énée, qui pensait que cette histoire de voix avait quelque chose de divin, fit ce que le dieu lui ordonnait. (5) Mais d'autres racontent que notre homme, qui se tourmentait, négligeait de prendre soin de son corps sous l'empire du chagrin, ne descendait pas dans le camp ni ne s'alimentait, mais bivouaquait n'importe où, eut cette nuit-là en songe une grande et merveilleuse vision, sous la forme de l'un de ses dieux ancestraux, qui lui fit les recommandations énoncées un peu plus haut. Laquelle de ces deux versions est véridique, il n'y aurait que des dieux pour le savoir. Le jour suivant, la truie, dit-on, mit bas trente porcelets et c'est au bout du même nombre d'années qu'une autre cité fut fondée par les Troyens conformément aux termes de la prédiction divine, mais j'en parlerai en temps opportun  (trad. V. Fromentin, C.U.F.)

D. H., I, 57, 1

(1) Énée sacrifia aux dieux ancestraux les petits de la truie en même temps que leur mère à l'endroit même où se trouve aujourd'hui la chapelle dont les habitants de Lavinium interdisent l'accès aux étrangers, car ils la considèrent comme sacrée. [...] (trad. V. Fromentin, C.U.F.)

Les textes plus anciens, de Caton et de Varron, donnent moins de détails, mais vont dans le même sens.

Un passage des Origines de Caton (frg. 14b Chassignet), conservé dans l'Origo gentis Romanae, XII, 5, est très intéressant, car on y trouve à la fois la mention de la truie miraculeuse, une allusion nette à la fondation de Lavinium par Énée et une autre indication, très claire aussi, à la fondation d'Albe par Ascagne trente ans plus tard :

(5) Mais voici ce que Caton enseigne dans ses Origines de la nation romaine. La truie mit bas trente porcelets à l'endroit où se trouve aujourd'hui Lavinium. Comme Énée qui avait décidé d'y fonder une ville déplorait la pauvreté de ce sol, les statues des dieux pénates lui apparurent en songe et l'exhortèrent à en poursuivre la construction déjà commencée. Car, après autant d'années que la truie avait mis bas de porcelets, les Troyens iraient s'établir en des lieux fertiles, sur un sol plus riche, et fonderaient une ville au nom entre tous clair en Italie. (éd. et trad. J.-Cl. Richard, dont on verra l'abondant commentaire)

Le De re rustica de Varron renferme une discussion sur la procréation de la race porcine, où il est précisé que « si une truie a plus de petits que ses mamelles ne peuvent en nourrir, il s'agit bien d'un prodige ». C'est à ce propos que le polygraphe note :

Varr., R. R., II, 4, 18

On trouve écrit que le plus ancien prodige de ce genre concerne la truie d'Énée qui, à Lavinium, mit bas trente gorets blancs. Le présage fut réalisé en ce que, trente ans plus tard, les habitants de Lavinium fondèrent la ville d'Albe. De cette truie et de ses porcelets, il reste encore des traces, puisque leurs effigies de bronze sont encore aujourd'hui exposées en public, et que les prêtres montrent le corps de la mère conservé dans la saumure. (trad. Ch. Guiraud)

Dans ces textes, on retrouve clairement le motif de l'animal-guide identifié plus haut. La fonction essentielle de la truie est d'indiquer à ceux qui la suivent l'emplacement d'une fondation. L'arrêt de la bête – motivé par la fatigue ou par gésine, peu importe - est déterminant.

Dans les deux versions, celle de Fabius Pictor (qui a survécu chez Conon et chez Dion Cassius) et celle de Caton, Varron et Denys, la truie est toujours liée à Énée mais le point d'application topographique donné au motif est différent. L'animal met bas tantôt sur le site d'Albe tantôt sur celui de Lavinium. Dans la première version où la truie s'arrête sur le mont Albain, le héros s'apprête à fonder Albe, mais un songe l'en dissuade, lui prescrivant de différer la fondation d'Albe de trente années ; Ascagne se chargera de l'opération, et lui, Énée, fondera une autre ville, en l'espèce Lavinium. Dans la seconde version, celle où la truie s'arrête à Lavinium, Énée s'inquiète du caractère désolé de l'endroit, mais un songe le rassure : il n'a pas à hésiter, car il doit savoir que trente ans plus tard une autre ville sera fondée par son fils dans un endroit plus favorable : ce sera Albe.

Dans les deux cas cependant les deux cités primordiales sont présentes dans le récit à l'avant-plan ou à l'arrière-plan. On imagine assez facilement ce qui a pu se passer. Les deux cités auront revendiqué dans leur légende de fondation l'intervention de la truie, en tant qu'animal-guide. Comme on n'aura pas voulu ou pas pu les départager, on aura tenté, par un montage savant, de satisfaire les prétentions de l'une et de l'autre.

Restent les gorets. Chez Lycophron, notre témoin le plus ancien, les trente porcelets renvoyaient aux trente peuples du Latium. Chez les auteurs postérieurs, le chiffre de trente, réinterprété, recevra une valeur purement chronologique et permettra un jeu subtil entre les deux villes censées avoir été fondées à trente années de distance.

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Cassius Hémina

Que la tradition ait utilisé le motif de la truie aux 30 gorets non seulement pour Lavinium mais aussi pour Albe surprendra moins quand on saura qu'on le retrouve aussi - toujours dans une version non canonique - localisé à Rome, la troisième des cités primordiales du Latium. Le fait est attesté par un fragment de Cassius Hémina, un annaliste du milieu du IIe siècle avant Jésus-Christ, lequel fragment a été conservé par Diomède, un grammairien de la fin du IVe siècle après Jésus-Christ :

Diom., Ars grammatica, I, p. 384 K = Hemina, frg. 14 Chassignet (dont on verra le commentaire)

Nous avons appris qu'étaient appelés Lares Grundiles (Lares Grognons), les Lares que, dit-on, Romulus avait instaurés en l'honneur de la truie qui avait mis bas trente porcelets. C'est ce qu'affirme en ces termes Cassius Hemina, dans le second livre de ses Histoires : la population des bergers, sans contestation, à l'unanimité, mit indistinctement à la tête du pouvoir Romulus et Rémus, de manière à ce qu'ils s'arrangent entre eux pour la royauté. Il y eut un prodige : une truie mit bas trente gorets ; en souvenir de ce fait, ils élevèrent un temple aux Lares Grognons. (trad. personnelle)

Le prodige de la truie aux trente gorets se manifeste cette fois dans un tout autre contexte. La gésine est localisée à Rome et mise en relation avec Romulus et Rémus. L'optique apparemment n'est pas celle de la fondation d'une ville. Le monstrum, qui apparaît au moment où les jumeaux s'apprêtent à prendre le pouvoir dans la communauté des bergers, semble venir en quelque sorte sanctionner un partage égal du pouvoir entre les deux jumeaux.

Il faut cependant reconnaître que le sens exact du texte n'est pas très clair, et la recherche moderne ne parvient pas à en expliquer tous les détails d'une manière totalement satisfaisante, notamment pour ce qui concerne ces mystérieux « Lares Grognons » [1], qui, à eux seuls, nécessiteraient un exposé particulier.

Quoi qu'il en soit, du fragment de Cassius Hémina, on retiendra d'une part la localisation spécifique du prodige (c'est la première fois que nous le voyons se manifester à Rome même) et d'autre part sa valeur particulière, nouvelle également pour nous, de « sanction » donnée au partage égal du pouvoir royal entre Romulus et Rémus. On est donc loin du motif de l'animal-guide qui, en s'arrêtant, marque l'emplacement d'une fondation nouvelle.

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Une première mise au point

Un premier essai de conclusion nous dégagera quelques caractéristiques de ce curieux motif de la truie aux trente petits.

D'abord et avant tout, une portée de trente gorets est dans la mentalité romaine perçue comme un prodigium, c'est-à-dire un signe envoyé par les dieux. Il n'est pas rare d'ailleurs qu'il ait été annoncé par un oracle, ou que la bête soit destinée au sacrifice.

L'ancrage topographique du motif est variable : on le retrouve à Lavinium, à Albe, à Rome (chez Cassius Hémina) et, chez Virgile, sur la rive du Tibre, quelque part entre Ostie et Rome. Il n'est donc pas géographiquement stable.

De plus, il est complexe : il comporte plusieurs éléments, dont certains sont variables. Il y a d'abord l'animal lui-même : c'est toujours une truie, mais sa couleur varie - noire ou blanche -, tout comme sa provenance - elle vient parfois de Troie avec Énée, mais elle peut être d'origine locale. Il y a aussi son comportement, dynamique ou statique : lorsque la bête est en marche, c'est l'arrêt - dû à la fatigue ou à l'accouchement lui-même - qui est important parce que c'est lui qui marque - au sens fort – l'endroit choisi par les dieux ; mais la scène, comme chez Virgile, voire chez Cassius Hémina, peut être statique : dans ce cas, ce qui est important, c'est moins l'endroit où il se produit que le fait même qu'il se produise.

Le signe est susceptible d'interprétations diverses. Saisi en bloc, il peut valider un projet, comme le partage du pouvoir entre Romulus et Rémus, ou indiquer le terme d'une longue errance, ou encore – et c'est le cas le plus fréquent - marquer l'emplacement d'une ville à construire. Mais il peut aussi être « monnayé », ses éléments constitutifs étant susceptibles de recevoir, eux aussi, des interprétations variables. Ainsi les trente gorets sont censés représenter tantôt trente cités, tantôt trente années. Bref on est en présence d'un motif éminemment malléable, que les auteurs anciens semblent libres d'utiliser de multiples manières, au gré de leurs besoins, ou de leurs fantaisies.

Mais fondamentalement cet épisode de la truie romaine est construit sur un motif qu'on retrouve dans de nombreuses cultures, celui de l'animal-guide. C'est sur ce point que nous voudrions insister dans la deuxième partie de cette étude.

 

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[Deuxième partie]

[Troisième partie]


 [1] Parmi les études les plus récentes sur cette question, on verra entre autres : R. Schilling, Les Lares Grundiles, dans L'Italie préromaine et la Rome républicaine. Mélanges offerts à Jacques Heurgon, II, Rome, 1976, p. 947-960 (Collection de l'École française de Rome, 27), repris dans Rites, cultes, dieux de Rome, Paris, 1979, p. 401-414 (Études et commentaires, 92) ; ainsi que J.-Cl. Richard, Variations sur le thème de la fondation de Rome, dans Ch.-M. Ternes [Éd.], « Condere urbem ». Actes des 2èmes Rencontres scientifiques de Luxembourg (janvier 1991), Luxembourg, 1992, p. 135-153 (Publications du Centre universitaire de Luxembourg. Études classiques, 3).

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Quelques compléments bibliographiques


aux indications qui figurent dans le texte de l'exposé et dans les notes 

 

 

 

Le prodige de la Truie en général

 

·        J. Carcopino, Virgile et les origines d'Ostie, Rome, 1919, 703 p. (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 116). Réédition, Paris, 1968, 701 p. (Hier). Cfr le sous-chapitre p. 682-707 : « La truie blanche et les trente gorets ».

·        W. Ehlers, Die Gründungsprodigien von Lavinium und Alba Longa, dans Museum Helveticum, t. 6, 1949, p. 166-175.

·        E. Mayer, Das Sauprodigium und sein religionsgeschichtlicher Hintergrund, dans Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae, t. 16, 1968, p. 197-208.

·        G. S. Romaniello, Interpolazioni e contraddizioni nel testo dell'Eneide, Rome, 1975, 235 p. Cfr en particulier p. 114-127 : « La questione del prodigio della scrofa bianca ».

·        P. T. Eden, A Commentary on Virgil: Aeneid VIII, Leyde, 1975, 211 p. (Mnemosyne. Supplements, 35). Cfr en particulier p. 27-28 : « The Legend of the Sow ».

·        J. Perret, Virgile. Énéide. I. Livres I-IV ; II. Livres V-VIII ; III. Livres IX-XII. Texte établi et traduit par Jacques Perret, Paris, 3 vol., 1977-1980 (Collection des Universités de France). Cfr en particulier vol. II, p. 205-207 : « Le sacrifice de la truie blanche ».

·        G. Dury-Moyaers, Énée et Lavinium. À propos des découvertes archéologiques récentes, Bruxelles, 1981, p. 65-92 (Collection Latomus, 174).

·        J. Thomas, La truie blanche et les trente gorets dans l’Énéide de Virgile, dans Ph. Walter [Éd], Mythologies du Porc.  Actes du Colloque de Saint Antoine l’Abbaye (4-5 avril 1998), Grenoble, 1999, p. 51-72.

·        J. Thomas, Le boeuf, la truie et la louve : les animaux-totems et les voyageurs dans le mythe des origines de Rome, dans P. Carmignani [Dir.], Bouleversants voyages. Itinéraires et transformations, Perpignan, 2000, p. 67-84.

 

 

Lycophron

 

·        St. West, Notes on the Text of Lycophron, dans Classical Quarterly, t. 33, 1983, p. 114-135. Cfr en particulier p. 132-135 : « Lycophron and Vergil ».

·        St. West, Lycophron Italicised, dans The Journal of Hellenic Studies, t. 104, 1984, p. 127-151.

 

 

Fabius Pictor

 

·        M. Chassignet [Éd.], L'annalistique romaine. Tome I. Les Annales des Pontifes et l'annalistique ancienne (Fragments). Texte établi et traduit par Martine Chassignet, Paris, 1996 (Collection des Universités de France).

 

 

Georges le Syncelle

 

·        A. Mosshammer [Éd.], Georgius Syncellus. Ecloga chronographica ed. A. A. Mosshammer, Leipzig, Teubner, 1984.

 

 

Conon

 

·        R. B. Egan [Éd.], The Diegeseis of Konon. A Commentary with an English Translation, Los Angeles, 1971, 422 p. [Diss. Univ. of South California. Xerox University Microfilms].

 

·        M. K. Brown, The Narratives of Konon. Text, Translation and Commentary on the Diegeseis, Munich, Leipzig, Saur, 2002, 406 p. (Beiträge zur Altertumskunde, 163).

 

·        R. Henry [Éd.], Photius. Bibliothèque, Paris, 9 vol., 1959-1991 (Collection byzantine). Le Codex 186 consacré à Conon est édité dans le vol. III.

 

 

Dion Cassius

 

·        Boissevain U. P. [Éd.], Cassii Dionis Cocceiani Historiarum Romanarum quae supersunt, ed. U. P. Boissevain, Berlin, Weidmann, 5 vol., 1885-1931.

 

 

Denys d'Halicarnasse

 

·        V. Fromentin [Éd.], Denys d'Halicarnasse. Antiquités romaines. Tome I. Introduction générale et Livre I. Texte établi et traduit par Valérie Fromentin, Paris, 1998 (Collection des Universités de France).

 

 

Origo gentis Romanae

 

·        J.-Cl. Richard [Éd.], Pseudo-Aurélius Victor. Les origines du peuple romain. Texte établi, traduit et comenté par Jean-Claude Richard, Paris, 1983 (Collection des Universités de France).

 

 

Varron

 

·        Ch. Guiraud [Éd.], Varron. Économie rurale. Livre II. Texte établi, traduit et commenté par Charles Guiraud, Paris, 1985 (Collection des Universités de France).

 

 

 


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 7 - janvier-juin 2004

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