FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 16 - juillet-décembre 2008


Les Tarquins, les Livres Sibyllins et la Sibylle de Cumes :
entre Tradition, Histoire et Imaginaire

Jacques Poucet

Professeur émérite de l'Université de Louvain
Membre de l'Académie royale de Belgique
<jacques.poucet@skynet.be>


[Vers le texte PDF]

P.M. Martin, dans son impressionnante synthèse sur L'Idée de Royauté à Rome (Tome I, Clermont-Ferrand, 1982), a rencontré à plusieurs reprises les Livres Sibyllins, discutant notamment de leur origine et de la date de leur introduction à Rome. On trouvera ci-dessous, en pre-print, le texte d'un article à paraître dans le volume d’hommages offert à ce savant.

[Aujourd'hui paru, cfr : Pouvoir des hommes, pouvoir des mots, des Gracques à Trajan. Hommages au Professeur Paul Marius Martin. Textes rassemblés et édités par Olivier Devillers et Jean Meyers, Louvain-Paris, Peeters, 2009, p. 39-60 (Bibliothèque d'Études Classiques, 54)]

Cet article n’entend pas reprendre en détail ce sujet complexe et difficile. Il ne concerne que la Sibylle de Cumes, envisagée sous l’aspect très particulier de son historicité. Nous y posons en effet une question qui pourra en heurter certains, mais que nous croyons digne d’un examen libre de préjugés : l’existence d’une Sibylle vaticinant à Cumes appartient-elle à l’Histoire ou à l’Imaginaire ? Nous penchons sans hésiter pour l'Imaginaire.

Aucun témoignage sérieux ne permet en effet de croire à l'existence historique d'une Sibylle qui aurait exercé une activité oraculaire à Cumes, ni pendant la période grecque, ni pendant la période osque, ni pendant la période romaine, de la Royauté à la fin de l'Empire. Mais il est pourtant indiscutable que l'Antiquité a cru à l'existence d'une Sibylle à Cumes, dès la période hellénistique au moins. L'étude cherche à expliquer l'évolution de cette croyance et les raisons d'un succès, dans lequel Virgile a évidemment joué un rôle très important.

On ne croit plus guère aujourd'hui que le dromos monumental de Cumes soit réellement l'Antre de la Sibylle. L'histoire de cette identification, chère à A. Maiuri, et de son abandon, est un exemple de plus de la légèreté avec laquelle certains archéologues de renom, séduits par la recherche du sensationnel et la suggestion des textes littéraires, se lancent dans des interprétations discutables dont on met parfois plusieurs décennies à se débarrasser. Et devant ce constat, on ne peut s'empêcher de songer à ce qui se passe aujourd'hui en Italie dans la recherche sur les primordia de Rome, où l'on voit certains archéologues se baser sur la tradition pour proposer, de leurs trouvailles, des interprétations et des reconstructions historiques qui sont, aux yeux d'un historien, difficilement défendables. Cette question est abordée dans un autre article publié dans le présent fascicule des FEC et intitulé: « Quand l'archéologie, se fondant sur la tradition littéraire, fabrique de la 'fausse histoire' »

Jacques Poucet

Déposé sur la Toile le 23 décembre 2008 - Note additionnelle du 28 septembre 2010

[Vers le texte PDF]


FEC - Folia Electronica Classica  (Louvain-la-Neuve) - Numéro 16 - juillet-décembre 2008

<folia_electronica@fltr.ucl.ac.be>