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Suétone(généralités)

Vie de Vitellius (généralités)- (latin) - (traduction)


  Suétone, Vitellius, 7

 VII. Il reçoit de Galba le commandement d'une armée. Ses créanciers veulent le retenir à Rome. Il est accueilli avec joie par les soldats

(1) Galba l'envoya commander dans la Basse-Germanie, au grand étonnement de tout le monde.

(2) Il fut, dit-on, redevable de cet honneur au suffrage de T. Vinius, alors tout-puissant et auquel il plaisait depuis longtemps à cause de leur prédilection commune pour la faction des bleus. Mais si l'on considère que Galba disait ouvertement que personne n'était moins à craindre que ceux qui ne songeaient qu'à manger, et que les appétits effrénés de Vitellius pouvaient engloutir les richesses de la province, on verra clairement dans ce choix plus de mépris que de faveur.

(3) On sait qu'il n'avait pas l'argent nécessaire à ce voyage. Ses affaires étaient tellement délabrées que sa femme et ses enfants qu'il laissait à Rome, se cachèrent dans un galetas afin qu'il pût louer sa maison pour le reste de l'année. Il détacha même de l'oreille de sa mère une grosse perle, et la mit en gage pour subvenir aux frais de route.

(4) La foule de ses créanciers l'attendait et voulait l'arrêter, entre autres les habitants de Sinuesse et de Formies, dont il avait détourné les tributs. Il ne parvint à leur échapper qu'en les menaçant d'accusations calomnieuses dont il avait déjà donné l'exemple. Un affranchi lui ayant énergiquement demandé ce qu'il lui devait, Vitellius lui intenta un procès d'injures, sous prétexte qu'il en avait reçu un coup de pied, et ne s'en départit qu'après lui avoir extorqué cinquante mille sesterces.

(5) À son arrivée, les légions mal disposées envers le prince et prêtes à une révolution, reçurent avec joie et les mains levées vers le ciel, comme un présent des dieux, le fils d'un homme qui avait été trois fois consul, encore dans la force de l'âge et d'un caractère facile et dissipateur.

(6) Il venait de justifier par des preuves récentes cette ancienne opinion qu'on avait de lui, en embrassant sur toute la route les simples soldats qu'il rencontrait, en prodiguant ses caresses dans les écuries et dans les auberges aux muletiers et aux voyageurs, en demandant à chacun s'il avait déjeuné, et en rotant devant eux pour leur prouver qu'il avait déjà pris ce soin.

(1) A Galba in inferiorem Germaniam contra opinionem missus est.

(2) Adiutum putant T. Vinii suffragio, tunc potentissimi et cui iam pridem per communem factionis Venetae conciliatus esset: nisi quod Galba prae se tulit, nullos minus metuendos quam qui de solo uictu cogitante, ac posse prouincialibus copiis profundam gulam eius expleri, ut cuiuis euidens sit contemptu magis qua gratia electum.

(3) Satis constat exituro uiaticum defuisse, tanta egestate rei familiaris, ut uxore et liberis, quos Romae relinquebat, meritorio cenaculo abditis, domum in reliquam partem anni ablocaret, utque ex aure matris detractum unionem pignerauerit ad itineris impensas.

(4) Creditorum quidem praestolantium ac detinentium turbam et in iis Sinuessanos Formianosque, quorum publica uectigalia interuerterat, non nisi terrore calumniae amouit, cum libertino cuidam acerbius debitum reposcenti iniuriarum formulam, quasi calce ab eo percussus, intendisse nec aliter quam extorti quinquaginta sestertiis remisisset.

(5) Aduenientem male animatus erga principem exercitus pronusque ad res nouas libens ac supinis manibus excepit, uelut dono deum oblatum, ter consulis filium, aetate integra, facili ac prodigo animo.

(6) Quam ueterem de se persuasionem Vitellius recentibus etiam experimentis auxerat, tota uia caligatorum quoque militum obuios exosculans, perque stabula ac deuersoria mulionibus ac uiatoribus praeter modum comis, ut mane singulos iamne iantassent sciscitaretur seque fecisse ructu quoque ostenderet.


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[14 mars2001]

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