Itinera Electronica Du texte à l'hypertexte Virgile Aeneis, Livre XII |
1. Turnus résolu au duel (1-80)
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CommentaireLes Latins brisés (12, 1). Dans la dernière partie du livre 11, un violent combat de cavalerie avait opposé les Latins et leurs alliés (en particulier les Volsques de Camille) à leurs adversaires troyens, étrusques et arcadiens. Les opérations, qui s'étaient déroulées sous les murs de la ville de Latinus, avaient tourné à la déroute du camp latin, dont Turnus était en quelque sorte le généralissime.
ses promesses (12, 2). La formule d'un combat singulier entre Turnus et Énée pour mettre fin à la guerre, proposée par Énée (11, 115-118) et acceptée par Turnus (11, 434-444), apparaît maintenant comme la seule solution possible.
sans attendre (12, 3). De lui-même, sans attendre qu'on le lui demande.
Ainsi dans les champs puniques etc. (12, 4-9). La comparaison pourrait s'inspirer de deux passages d'Homère (Iliade, 5, 136-140; 20, 164-173).
au roi (12, 10). Il s'agit de Latinus, que Turnus appelle pater (12, 13), terme qui marque le respect.
revenir sur leur parole... (12, 11-12). Énée devant les ambassadeurs latins avait effectivement évoqué la solution d'un combat singulier entre lui et Turnus (11, 115-118), mais il ne semble pas avoir été question dans le texte d'un engagement solemnel.
Apporte les objets sacrés... (12, 13). La conclusion d'un accord (foedus) de ce type était entourée d'un cérémonial religieux particulier, dont les détails seront évoqués plus loin. Tite-Live décrit longuement (1, 24-25) une convention comparable entre Romains et Albains, au temps de Tullus Hostilius, le troisième roi de Rome, convention qui aboutira au combat célèbre des Horaces et des Curiaces. Là aussi le destin de deux villes et de deux peuples avait été confié à des champions, en l'espèce des trijumeaux. Virgile s'est peut-être inspiré ici de cet exemple légendaire.
ce déserteur de l'Asie (12, 15). Turnus suggère ici qu'Énée n'est qu'un lâche, qui aurait abandonné Troie pour s'enfuir. Certaines traditions considéraient même qu'Énée était un traître, qui avait livré sa patrie aux Grecs.
le reproche qui nous est fait à tous (12, 16). À savoir le reproche d'avoir laissé s'installer les Troyens, sans parvenir à les repousser.
Daunus (12, 22). Turnus, roi des Rutules, est le fils de Daunus (10, 616 et 688).
Laurentes (12, 24). Les habitants de la région où avaient débarqué les Troyens et où s'élevait la ville de Latinus (cfr notamment 7, 63).
les dieux et les hommes (12, 28). Latinus fait allusion aux oracles de Faunus (7, 81-106), selon lesquels il devait marier sa fille à un étranger. Les oracles s'étaient largement répandus à travers l'Italie (7, 103-105) et tout le peuple les connaissait.
nos sangs apparentés (12, 29). Certaines traditions faisaient d'Amata, épouse de Latinus, la tante de Turnus. Autre allusion à la parenté entre Latins et Rutules en 12, 40.
j'ai rompu tous les liens (12, 30). Latinus fait allusion à sa proposition de donner sa fille en mariage à Énée (7, 268-273). Au chant 7, il avait résisté longtemps à tout son entourage, avant de retirer son épingle du jeu (7, 585-619). Au chant 11, lors du grand conseil, il était revenu sur son projet d'alliance avec Énée (11, 302-335), mais une attaque troyenne l'avait contraint à y renoncer (11, 469-472).
mon gendre (12, 31). En appelant Énée son gendre, Latinus semble considérer que ce mariage était une affaire conclue.
impie (12, 31). Parce qu'il avait pris les armes contre son hôte Énée, au mépris des lois de l'hospitalité.
Deux fois vaincus (12, 34). Une première fois, dans le combat où périt Mézence, évoqué par les flots du Tibre (cfr 10, 833), la seconde fois, dans la plaine où périt Camille (cfr 11, 599).
nos frères (12, 40). Les Rutules sont apparentés aux Latins de Latinus (cfr aussi 12, 29).
ton vieux père (12, 43). Daunus (cfr 12, 22).
la déesse sa mère (12, 52-53). Allusion au secours que Vénus a apporté à Énée dans son combat contre Diomède chez Homère (liade, 5, 311-317); toutefois Vénus avait alors protégé son fils en l'enveloppant non pas d'un nuage, mais de son manteau.On pourrait aussi penser queTurnus se souvient ici de l'épisode (10, 633-688), où, poursuivant lui-même Énée (c'était en fait un fantôme suscité par Junon, mais Turnus ne l'a jamais su), il l'a vu disparaître dans un nuage, nuage où, suppose-t-il, Vénus l'attendait cachée.
qu'épouvantait le tour nouveau du combat (12, 54-55). Amata est effarée de voir la guerre se transformer en un combat singulier, qu'elle sait devoir être fatal pour Turnus, qu'elle appelle ici son gendre. Le suicide d'Amata, qui se réalisera en 12, 595-603, est suggéré dès maintenant.
Lavinia (12, 64-69). Elle manifeste un trouble certain, mais qui paraît impossible à interpréter. Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'a pas voix au chapitre.
on teinte de pourpre (12, 67-68). L'expression "altérer, souiller" (gr. miainein, lat. uiolare, corrumpere, medicare) l'ivoire se retrouve chez Homère (Iliade, 4, 141), chez Horace (Odes, III, 5, 28), chez Stace (Achilléide, 137). On altérait, en effet, en le teignant, la couleur primitive de l'ivoire. L'ivoire de l'Inde était renommé (Géorgiques, 1, 57).
un si lourd présage (12, 72). Dans l'esprit de Turnus, Amata a prononcé des paroles de mauvais augure en déclarant qu'elle ne lui survivrait pas (12, 62-63).
retarder la mort (12, 74). S'il doit mourir, il mourra. Le passage n'exprime qu'un banal fatalisme. On songe aux mots d'Hector à Andromaque (Homère, Iliade, 6, 487-489) : "Nul mortel ne saurait me jeter en pâture à Hadès avant l'heure fixée. Je te le dis; il n'est pas d'homme, lâche ou brave, qui échappe à son destin, du jour qu'il est né". Curieusement, Servius met ce passage au nombre des treize vers "difficiles à expliquer" de Virgile.
Idmon (12, 75). Ce guerrier rutule n'est nommé qu'ici dans l'Énéide.
son char de pourpre (12, 77). On trouve d'autres caractérisations virgiliennes de l'Aurore en 7, 26 ("l'Aurore couleur de feu brillait sur son char vermeil" ) et en 9, 460 ("l'Aurore, qui délaissait le lit doré de Tithon". Ovide évoque (Métamorphoses, 3, 150) son char de pourpre.
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