Hodoi Electronikai - Helios - Bibliotheca Classica Selecta - Plan du précis grammatical
SYNTAXE : INTRODUCTION (1000-1083)
Plan
Quelques généralités [1001 ]
Les
fonctions dans la proposition :
[1005
]
Les modes
et les temps du verbe
[1025]
Fonctions
des propositions dans la phrase complexe [1080] |
1001. Quelques généralités
La syntaxe étudie les rapports entre les mots qui
peuvent constituer des syntagmes (groupes de mots
centrés autour d'une base), et les rapports entre
ces éléments qui constituent une phrase. Une
phrase simple, ou indépendante, comporte une seule
proposition. Une phrase complexe comporte :
- soit deux ou plusieurs
propositions indépendantes, coordonnées ou
juxtaposées
- soit une ou plusieurs
propositions principales et une ou plusieurs
subordonnées.
On dit qu'une subordonnée dépend ou est complément d'un mot ou d'une proposition. Chaque proposition est constituée d'éléments indispensables (sujet et prédicat) et d'éléments facultatifs (compléments divers), qui remplissent chacun une fonction.
Les grammaires distinguent traditionnellement la
syntaxe des cas, ou
syntaxe nominale [1090],
qui concerne les noms, pronoms et adjectifs, et la
syntaxe des propositions, ou syntaxe verbale [1400],
caractérisées essentiellement par les formes de
leur verbe prédicat et par la manière dont elles
sont introduites.
1005. Les fonctions dans la
proposition
Les diverses catégories grammaticales, appelées
aussi parties du discours, ou classes
morpho-syntaxiques, ont été énumérées dans la
section consacrée à la morphologie [025].
Il ne sera question ici que des fonctions
principales rencontrées dans la phrase.
1006. Sujet, prédicat et attribut |
Le sujet (ou groupe du sujet) désigne l'être ou la chose dont parle le prédicat (ou base) de la proposition. Le prédicat est l'élément verbal qui affirme quelque chose à propos du sujet. Ce peut être un verbe d'action, le verbe εἶναι et un attribut, ou un verbe exprimant un état ou une modalité d'être avec un attribut. L'attribut exprime la qualité ou la détermination conférée au sujet par l'intermédiaire de εἶναι ou d'un verbe assimilé. Le sujet et le prédicat sont les deux éléments constitutifs de la proposition, indispensables et solidaires (= ne pouvant fonctionner l'un sans l'autre).
1007. Le sujet n'est pas
nécessairement exprimé, mais est toujours
restituable. Ce peut être notamment :
- un nom, un pronom, n'importe
quel élément nominalisé (avec ou sans article),
par exemple :
τὸ ἀγαθόν le bien
[adjectif]
τὸ λέγειν
le fait de parler, la parole [infinitif]
ὁ λέγων l'orateur,
celui qui parle [participe]
οἱ πάλαι les anciens
[adverbe]
- une
proposition subordonnée (infinitive ou
conjonctive)
Ἄξιόν ἐστι τὸ φιλεῖσθαι ἄρχοντα
ὑπὸ τῶν περὶ αὐτόν (d'après
Xén., Cyr.,
7, 1, 38).
Il est important qu'un chef soit aimé de
son entourage.
1010. Complément de verbe |
Le
complément de verbe complète un verbe et est
marqué par des cas précis, régulièrement signalés
dans le dictionnaire. On distingue par exemple le
complément direct, le complément indirect, le
complément d'agent d'un verbe passif, etc. Ces
compléments sont réalisés de diverses façons.
Relevons principalement :
- le nom (ou ses substituts) à
l'accusatif, au génitif ou au datif
- le syntagme prépositionnel
(nom ou substituts introduits par une préposition)
- l'infinitif ou la
proposition infinitive
- diverses propositions
subordonnées (conjonctives, interrogatives,
relatives).
1012. Complément de proposition ou de phrase |
Le complément de proposition ou de phrase complète
l'ensemble d'une proposition. La distinction (qui
souvent n'importe guère pour l'interprétation)
entre un complément de verbe et un complément de
proposition n'est pas toujours évidente. Ces
compléments correspondent grosso modo aux
compléments circonstanciels, et sont réalisés
par, notamment :
- un nom (ou ses substituts)
- un syntagme prépositionnel
- une proposition subordonnée
circonstancielle, conjonctive ou participiale.
1015. Complément de nom |
Les
compléments d'un nom exprimé ou sous-entendu (ou
de ses substituts) sont multiples. Relevons :
- l'article :
ὁ ἄνθρωπος l'homme
- le nom mis en apposition :
Σωκράτης, ὁ φιλόσοφος Socrate, le
philosophe
- l'adjectif épithète
déterminatif : ὁ ἡμέτερος
πατήρ notre père -
οὕτος ὁ ἄνθρωπος
cet homme
- l'adjectif épithète
qualificatif : ὁ καλὸς κἀγαθὸς
ἀνήρ l'honnête homme
- le participe épithète :
ὁ λεγόμενος λόγος la formule
prononcée
- le participe apposé ou
« épithète détachée » : Ταῦτ'
εἰπών
ἀνίστατο disant cela il se leva
- le nom/pronom au génitif :
Τραγῳδία Αἰσχύλου une
tragédie d'Eschyle - ὁ
πατὴρ ἡμῶν notre père
- le syntagme prépositionnel :
τὰ περὶ τὸν πόλεμον les
affaires de la guerre
- la proposition relative :
(τὰ) ἅ μὴ οἶδα...
les choses que je ne connais pas...
etc.
1020. Complément d'adjectif et d'adverbe |
Parmi
les compléments d'adjectif et d'adverbe, citons
par exemple :
- le nom (ou ses substituts) :
ὁ γραμμάτων ἄπειρος
celui qui ignore les lettres
- l'adverbe :
πάνυ σφόδρα très
fort.
1025.
Les modes et les temps du verbe
La syntaxe des propositions repose pour une part
essentielle sur les formes de leur prédicat. C'est
pourquoi on propose ici, en guise d'introduction,
quelques généralités sur les modes et les temps
des verbes. Pour les voix, on verra l'
introduction à la morphologie verbale [205]).
1026. Les temps : valeur temporelle et valeur aspectuelle |
Le grec compte sept temps [202-204], qui se caractérisent non seulement par leur valeur temporelle, mais aussi par leur valeur aspectuelle.
1027. Valeur temporelle
Le procès exprimé par le
verbe se situe, par rapport au temps de la parole,
dans un moment actuel, passé ou à venir. C'est la
temporalité absolue, qui s'exprime en grec par les
temps de l'indicatif, rarement par les temps des
autres modes. Le présent et le parfait
(résultatif) expriment un fait actuel ; le futur
et le futur du parfait, un fait à venir. Ils sont
appelés temps primaires. L'imparfait, l'aoriste,
le plus-que-parfait, et parfois le parfait,
expriment des faits passés. Ces temps, sauf le
parfait, sont des temps à augment, et sont appelés
temps secondaires.
Le procès exprimé par le verbe
peut être présenté comme simultané, antérieur ou
postérieur à un autre procès. C'est la temporalité
relative, moins manifeste en grec qu'en latin et
en français, les règles de concordance des
temps ne s'appliquant pas en grec.
1030. Valeur aspectuelle
Le procès exprimé par le
verbe est présenté aussi selon son degré de
développement. L'aspect ponctuel/indéterminé
présente simplement le procès en un point de son
développement ; c'est le cas de l'aoriste, et
aussi, d'une façon moins significative, du présent
et du futur. L'aspect duratif/descriptif
présente le procès en train de se dérouler ; c'est
le cas de l'imparfait, et aussi du présent et
futur.
L'aspect résultatif/perfectif présente le
procès achevé, insistant sur le résultat actuel
d'un fait passé ; c'est le cas du parfait, et
aussi du plus-que-parfait et du futur du parfait.
1035. Tableau récapitulatif
Temps de l'indicatif |
Valeur temporelle |
Valeur aspectuelle |
Présent : θνῄσκει |
actuel : il meurt |
ponctuel : il meurt |
Imparfait : ἔθνῃσκε | passé : il mourait |
duratif : il était en train de mourir |
Futur : θανεῖται | à venir : il mourra |
ponctuel : il mourra duratif : il sera en train de mourir |
Aoriste : ἔθανε | passé : il mourut |
ponctuel : il mourut |
Parfait : τέθνηκε | passé/présent : il est mort |
résultatif : il est mort [fait
actuel] |
Pl-q-pft : ἐτεθνήκει | passé : il était mort |
résultatif : il était mort |
Fut. pft : τεθνήξει | à venir : il sera mort |
résultatif : il sera mort |
N.B.
Dans les cas ambigus, quand deux interprétations
sont possibles, la traduction doit tenir compte du
contexte.
1040. Emploi des différents temps de l'indicatif |
Aux autres modes qu'à l'indicatif, seule importe
la valeur aspectuelle des temps. Si des notions
d'antériorité et de simultanéité semblent parfois
intervenir, elles sont en fait déduites du
contexte.
1041. Présent
Le présent en grec a en général le même sens et les mêmes emplois que le présent en français. On notera toutefois deux cas particuliers.
-
1042. Le présent
« historique », comme en latin et en français,
exprime au présent des faits passés.
Δαρείου καὶ Παρυσάτιδος
γίγνονται παῖδες δύο (Xén., An.,
1, 1, 1).
Deux
fils naquirent de Darius et Parysatis.
-
1043. Le présent « de
conatu » marque une tentative, un effort pour
obtenir le résultat exprimé par le verbe.
Ἐξαπατᾷς
με, ὦ φίλτατε Ἱππία (Plat., Hipp. Min.,
370e).
Tu cherches à me tromper, mon cher
Hippias.
1045. Imparfait
L'imparfait en grec, comme en français et en latin, décrit un fait en voie de se réaliser dans le passé, un fait qui dure, ou un fait qui se répète. On notera toutefois quelques particularités influant sur la traduction en français de certains imparfaits grecs.
-
1046. Un imparfait est
employé là où l'on attendrait l'aoriste, le grec
privilégiant dans ce cas la description à la
narration.
Ἠρώτα τί πάθοιεν
(Xén., Cyr., 2, 3, 19). [description]
Il
demanda (littér.: demandait) ce
qu'ils avaient subi.
-
1047. Un imparfait doit
parfois être traduit par un plus-que-parfait en
français.
Ἀπέστειλαν τὰς ἑκατὸν ναῦς, ἅσπερ
παρεσκευάζοντο (Thuc., 2, 23).
Ils
envoyèrent les cent vaisseaux qu'ils avaient
préparés.
Ἀριαῖος ἐν τῷ σταθμῷ ἦν ὅθεν τῇ
προτεραίᾳ ὡρμῶντο (Xén., An.,
2, 1, 4).
Ariée se trouvait à l'étape d'où ils étaient
partis la veille.
-
1048. Un imparfait « de
conatu », tout comme le présent, peut exprimer une
simple tentative et doit se traduire à l'aide de
l'expression « chercher à ».
Ἔπειθον
αὐτούς, καὶ οὓς ἔπεισα, τούτους ἔχων ἐπορευόμην
(Xén., Cyr., 5, 5, 22).
Je cherchais à les persuader, et
ceux que j'avais convaincus, je les emmenais en
expédition.
1050. Futur
Comme en français, le futur exprime un fait
relatif à l'avenir, ou une action attendue. Sa
valeur aspectuelle, soit durative, soit
ponctuelle, se déduit du contexte.
1060. Aoriste
L'indicatif aoriste (ἀόριστος = indéterminé) exprime l'action verbale pure et simple, ayant eu lieu à un moment du passé, abstraction faite des détails de son développement. C'est par excellence le temps de la narration historique, qui correspond en général au passé simple du français, mais parfois aussi au passé composé.
Θορύβου ἤκουσε... καὶ ἤρετο τίς ὁ θόρυβος εἴη (Xén., An., 1, 8, 16).
Il entendit un bruit... et demanda ce qu'était ce bruit.Ἦλθον, εἶδον, ἐνίκησα (Plut., Caes., 50).
Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu / Je vins, je vis, je vainquis.
-
1062. Dans certains
contextes, un aoriste doit se traduire par un
plus-que-parfait ou un passé antérieur.
Ἐπειδὴ ὑπερέβαλον τὰ ὄρη,
οἱ πελτασταὶ οὐκ ἔμειναν τὰς ὁπλίτας (Xén.,
An., 4, 4, 20).
Lorsqu'ils eurent franchi les montagnes,
les peltastes n'attendirent pas les hoplites.
Ἦν δέ τις Ξενοφῶν ὃν
Πρόξενος μετεπέμψατο (
d'après Xén., An.,
3,1,4).
Il y avait un certain Xénophon, que Proxène
avait fait venir.
-
1063. L'aoriste
« gnomique » s'emploie dans les sentences, là où
le français emploie plutôt le présent.
Τὰς τῶν φαύλων συνηθείας ὀλίγος
χρόνος διέλυσεν (Isocrate, Démon.,
1).
Un temps limité défait (suffit à défaire)
les liaisons des méchants.
1065. Parfait - Plus-que-parfait - Futur du parfait
-
1066. Le parfait correspond en
général au passé composé français, et indique un
fait passé, achevé, qui peut, dans certains cas,
être envisagé dans son état actuel, dans son
résultat. Le sens « résultatif » (état présent
d'un fait passé et achevé) apparaît nettement dans
la traduction de certains verbes appelés
« parfaits présents » :
δέδοικα, δέδια je crains (= j'ai eu
peur)
πέποιθα je crois (= j'ai été
persuadé)
οἶδα je
sais (= j'ai appris)
ἕστηκα je me
tiens debout (= je me suis dressé)
κέκτημαι je
possède (= j'ai acquis)
μέμνημαι je me
souviens...
Ἐκ πένητος πλουσίος γεγένησαι (Xén., Cyr., 8, 3, 39).
De pauvre, te voilà riche [= tu es devenu riche et tu restes riche].Κριτίου τοῦδε ἀκήκοας αὐτό ; ... ἀλλὰ τί διαφέρει, ἦ δ'ὅς, ὅτου ἤκουσα ; (Platon, Charmide, 161c).
C'est de Critias ici présent que tu tiens cela [parfait résultatif = tu as entendu] ? ... mais qu'importe, dit-il, de qui je l'ai entendu. [aoriste ponctuel]
- 1067. Le plus-que-parfait et le futur du parfait, d'emploi assez rare, signifient un état passé ou à venir, résultant d'un fait achevé. Comme en français, ces temps peuvent exprimer une antériorité.
Οἰνόη ἐτετείχιστο καὶ αὐτῷ φρουρίῳ οἱ Ἀθηναῖοι ἐχρῶντο (Thuc., 2, 18, 2).
Oenoé avait été fortifiée [et le restait] et les Athéniens l'utilisaient comme citadelle.Ἦλθον οἱ Ἰνδοὶ οὓς ἐπεπόμφει Κῦρος (Xén., Cyr., 6, 2, 9).
Les Indiens que Cyrus avait envoyés arrivèrent.Φράζε καὶ πεπράξεται (Aristophane, Ploutos, 1027).
Parle et cela sera fait.
1070. Les modes et les modalités |
Le grec classique comporte quatre modes personnels (indicatif - subjonctif - optatif - impératif), deux modes impersonnels (infinitif - participe), ainsi que deux formes d'adjectif verbal [cfr tableau 203]. Ces modes servent à présenter le procès exprimé par le verbe, selon divers aspects de la réalité, que l'on pourrait appeler « modalités ». Ces modalités peuvent se rencontrer dans tous les types de propositions, qu'elles soient indépendantes, principales ou subordonnées. Relevons :
- la modalité « réelle » : le procès est
présenté comme réalisé ou en train de se
réaliser et est exprimé surtout par l'indicatif ;
- la modalité « volitive » :
le procès est présenté comme voulu, ordonné et est
exprimé surtout par le subjonctif et l'impératif ;
- la modalité « éventuelle » :
le procès est présenté comme escompté, attendu, ou
habituel et est exprimé par l'indicatif
futur et par le subjonctif + ἄν ;
- la modalité « potentielle » :
le procès est présenté comme purement fictif, sans
considération aucune pour sa réalisation, et est
exprimé par l'optatif + ἄν ;
- la modalité « irréelle » :
le procès est présenté comme non réalisé, et est
exprimé par un temps secondaire de
l'indicatif + ἄν.
On trouvera plus de précisions dans l'exposé détaillé consacré à l'emploi des modes et des temps dans les différents types de propositions.
1080. Fonctions des
propositions dans la phrase complexe
La phrase complexe est constituée d'une ou de
plusieurs propositions principales et d'une ou
plusieurs propositions subordonnées. Le repérage
de ces diverses propositions et de leur modalité
est basé d'abord sur l'identification de leur
prédicat et de leur sujet, mais aussi sur la
manière dont les diverses subordonnées sont
introduites et organisées entre elles. Autrement
dit, après avoir identifié la proposition
principale, il faut savoir déterminer les
fonctions des diverses propositions subordonnées.
1081. Propositions complétives et subjectives (« substantives ») |
Introduites par une conjonction de subordination,
par un terme interrogatif, ou sans terme
introducteur, ces propositions fonctionnent comme
complément de verbes, ou comme sujets
dans des tournures impersonnelles. Elles
équivalent à un nom, d'où l'appellation de
propositions « substantives » que leur donnent
certaines grammaires. Il s'agit principalement de
propositions :
- introduites par :
ὅτι, ὡς,
ὅπως, μή, μὴ οὐ
- infinitives, sans
terme introducteur
- interrogatives indirectes,
introduites par un terme interrogatif.
1082. Propositions circonstancielles (« adverbiales ») |
Introduites par une conjonction de subordination
(ou une locution équivalente), ou sans terme
introducteur (proposition participiale), ces
propositions fonctionnent comme compléments de
phrase. Elles équivalent à un adverbe, d'où le
nom d'« adverbiales », que leur
donnent certaines grammaires. Il s'agit des
propositions subordonnées :
- conditionnelles
- concessives ou adversatives
- comparatives conditionnelles
- temporelles
- causales
- finales (ou de but)
- consécutives
- génitif absolu
- participe « apposé »
1083. Propositions relatives (« adjectives ») |
Introduites par un terme relatif (adjectif, pronom, adverbe), elles fonctionnent principalement comme compléments de nom et attributs, mais peuvent aussi remplir d'autres fonctions. Elles équivalent à des adjectifs.