FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 5 - janvier-juin 2003


Les degrés de cohésion de la tradition construite autour du règne de Numa Pompilius
par
 
Thomas Labeye
 

Licencié en langues et littératures classiques


Dans l'article qui suit, le lecteur trouvera la synthèse d'un mémoire de licence en langues et littératures classiques intitulé Les degrés de cohésion de la tradition construite autour du règne de Numa Pompilius (173 p.), rédigé par Thomas Labeye sous la direction du Prof. Alain Meurant et présenté à l'Université de Louvain en 2002.

[Note de l'éditeur - décembre 2002]


Plan


Introduction

« Mais qui paraît là-bas, si imposant, paré de rameaux d’olivier, portant des objets saints ? Je reconnais la chevelure et le menton chenu du roi romain par qui, premier, notre ville sera fondée sur des lois, de la petite Cures, de son pauvre domaine en un grand empire envoyé » [1].

 

Ainsi Anchise prophétise-t-il à son fils, Énée, la venue dans le Latium du pieux et pacifique Numa Pompilius. C’est à ce roi que nous avons consacré notre mémoire de licence. Bien des facettes du personnage auraient pu être soumises à l’étude : son origine, son pythagorisme, son commerce avec la divinité... Cependant, nous avons renoncé à privilégier l’un ou l’autre de ces aspects et avons choisi d’aborder la figure numaïque dans son ensemble en nous intéressant à une question relevant de la critique textuelle, à savoir l’analyse du degré de cohésion de la tradition [2]. Cette idée nous a été suggérée par la lecture d’un ouvrage récent de J. Poucet dans lequel ce dernier affirme : « qu’elle soit historico-annalistique, érudite ou poétique, la tradition romaine postfabienne donne au lecteur une forte impression d’uniformité et de cohésion. Il s’agit du même récit fondamental » [3]. Or, bien qu’unanimement reconnue [4], cette homogénéité du récit traditionnel n’a jamais été systématisée. C’est dès lors à cette tâche que nous nous sommes attelé, en procédant à l’analyse comparative des différentes sources antiques relatant le règne de Numa.

Dans les pages qui suivent, nous présenterons la synthèse des résultats auxquels nous sommes parvenu [5]. Celle-ci comptera trois étapes correspondant aux trois niveaux de nos analyses. La teneur générale des récits relatant le règne de Numa Pompilius retiendra d’abord notre attention. Nous envisagerons ensuite la présentation globale des collèges sacerdotaux dont l’institution, l’organisation ou la réforme est attribuée au deuxième roi de Rome. Nous étudierons enfin la chronologie textuelle des sacerdoces numaïques dans les narrations des quatre sources principales [6]. Cette ultime étape de nos analyses sera, pour sa part, présentée en détail.

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I. La teneur générale des récits relatant le règne de Numa Pompilius

Sur base du témoignage des sources principales, il est possible de délimiter treize thèmes majeurs recouvrant pratiquement [7] la totalité des informations fournies par le récit traditionnel. Ces treize thèmes peuvent être définis comme suit : l’interrègne suivi de l’élection de Numa ; la royauté refusée puis acceptée ; l’inauguration de Numa ; les réformes religieuses [8] ; les réformes sociales ; les relations familiales du roi ; les relations avec Égérie ; Numa et Iuppiter Elicius ; Numa et Pythagore ; les livres « pythagoriciens » de Numa ; le calendrier ; la mort du roi ; un bilan positif du règne de Numa.

La comparaison attentive, pour chacun de ces sujets, des textes transmis par les quatre « grands témoins » permet de poser le constat suivant : en ce qui concerne la teneur générale des récits relatant le règne de Numa Pompilius, le degré de cohésion de la tradition est relativement fort au niveau des sources principales. En effet, sur les douze thèmes envisagés dans cette section, trois sont communs aux quatre « grands témoins » : l’interrègne suivi de l’élection de Numa ; Numa et Pythagore ; le bilan positif du règne du deuxième roi de Rome [9]. Quatre (les réformes sociales ; la mort du roi ; son inauguration ; les relations avec Égérie) sont partagés par trois sources principales. Enfin, les cinq thèmes restants (le calendrier ; Numa et Iuppiter Elicius ; les livres « pythagoriciens » de Numa ; les relations familiales du roi ; la royauté refusée puis acceptée) sont présentés par deux des quatre « grands témoins ». Par conséquent, aucun thème n’était l’exclusivité d’une des sources principales. Une telle répartition des sujets indique clairement, nous semble-t-il, l’existence d’une uniformité assez prononcée dans le témoignage des quatre « grands témoins ».

Pour la tradition parallèle en revanche, il faut reconnaître que l’analyse ne fournit pas de résultats probants. De fait, les sources secondaires ne présentent de témoignages évidents que pour six [10] des douze thèmes envisagés. En outre, rares sont les auteurs [11] qui peuvent être mobilisés. Par conséquent, il n’est pas possible, à ce stade de l’analyse, de dégager, pour le règne de Numa, des tendances propres à la tradition secondaire. Il faut admettre également que ces résultats négatifs s’expliquent aisément : les thèmes retenus constituent probablement des ensembles trop vastes pour des sources que le temps a souvent malmenées. Cependant, le témoignage d’Ovide doit être mis en évidence. En effet, le poète augustéen est, à quatre reprises [12], appelé à la barre et ses exposés comptent parmi les plus détaillés.

Enfin, le tableau [13] qui suit permettra de mesurer, sous un autre angle, le degré de cohésion de la tradition relative à la geste numaïque, en faisant apparaître clairement le nombre de thèmes que chacun des « grands témoins » partage avec les trois autres sources principales.

 

 

Cicéron
Tite-Live
Denys
Plutarque

De republica

////////////
4
6
6

Ab Vrbe condita

4
///////////////
6
9

Antiquités romaines

6
6
///////////
10

Vie de Numa

6
9
10
///////////
 

Les données de ce tableau permettent deux constatations supplémentaires. Premièrement, la position particulière de Plutarque. En effet, c’est avec lui que chacun des trois autres auteurs partage le plus grand nombre de thèmes : six pour Cicéron, neuf pour Tite-Live et dix pour Denys d’Halicarnasse. Deuxièmement, plus on avance dans le temps, plus la cohésion semble se renforcer puisque le nombre de thèmes partagés par deux sources principales est à son minimum (4) entre les deux auteurs les plus anciens, Cicéron et Tite-Live, et atteint son maximum (10) entre les deux écrivains de langue grecque.

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II. La présentation globale des sacerdoces numaïques

Au niveau du volume des informations fournies par les quatre sources principales, le thème des réformes religieuses est de loin le plus important. Force nous est de constater que le statut particulier de ce thème fut clairement perçu par les chercheurs modernes dont l’interprétation de la figure numaïque a retenu l’attention. Ainsi, l’examen attentif des thèses de G. Dumézil, J. Svenbro, A. Deremetz, J. Poucet et J. Martínez-Pinna [14] révèle que la cohérence de la geste numaïque ou de certaines de ses composantes peut s’expliquer par des références indo-européennes [15], des influences grecques [16], le développement de réseaux étymologiques [17], des exigences littéraires [18] ou encore par la présence, dans le récit, de noyaux d’histoire authentique [19]. Chacun de ces chercheurs jette donc, sur le sujet, un éclairage particulier. Mais le plus important pour nous est de constater que, malgré la divergence des points de vue, il existe deux constantes dans les différentes théories. En effet, les cinq chercheurs reconnaissent non seulement que la nature spécifique de Numa Pompilius est celle du législateur, mais aussi que, dans l’activité législative du deuxième roi de Rome, la partie dévolue à la religion est la plus importante. C’est pourquoi, il paraît opportun de privilégier le thème des réformes religieuses pour procéder à l’analyse détaillée du degré de cohésion de la tradition relative à Numa Pompilius.

Mais le nombre des créations religieuses que la tradition attribue à Numa Pompilius est très élevé. Quelques données chiffrées tirées du témoignage des quatre sources principales suffiront à le prouver : Cicéron énumère huit réalisations religieuses accomplies par Numa ; Tite-Live en mentionne dix ; Denys d’Halicarnasse en cite dix-neuf et Plutarque en signale douze [20]. Cependant, toutes ces actions ne présentent pas le même intérêt pour l’analyse du degré de cohésion de la tradition. Le thème des réformes religieuses est en effet clairement dominé par les mesures concernant les collèges sacerdotaux. L’organisation du sacerdoce semble donc constituer la réalisation majeure de Numa Pompilius et c’est elle qui a principalement focalisé l’attention des auteurs anciens. Les autres réalisations religieuses, par contre, ne font l’objet, de la part des écrivains antiques, que de brèves notices, souvent vagues et imprécises [21]. Par conséquent, il paraît judicieux de limiter notre analyse aux seuls collèges sacerdotaux. De fait, l’imprécision qui entoure la plupart des autres créations religieuses rendrait hasardeux et arbitraires les comparaisons et les recoupements entre les différentes sources. En outre, étant donné la place minime qu’occupent ces informations au sein de la tradition, le fait de ne pas les prendre en considération n’affectera en rien la validité des observations centrées sur les sacerdoces.

Sur la question des sacerdoces numaïques, on soulignera également, avec J. Martínez-Pinna [22], le statut particulier du témoignage de Denys d’Halicarnasse. Ce dernier, qui attribue au deuxième roi de Rome la rédaction d’un code législatif (nomothesia) visant à organiser la vie religieuse de la communauté, est en effet le seul auteur antique à fournir un exposé complet des réformes numaïques (D.H., II, 64-73). Selon le rhéteur grec,

« Numa rassembla par écrit l’ensemble de sa législation en matière religieuse et la divisa en huit parties correspondant aux différentes classes de rites sacrés » (D.H., II, 63, 4, trad. V. Fromentin et J. Schnäbele, Paris, 1990, p. 192 [La Roue à Livres]).

Or, le successeur de Romulus assigna chacune de ces huit catégories à un collège sacerdotal auquel il confia le soin d’accomplir les rites sacrés. Les huit sacerdoces concernés sont : les curions, les flamines, les commandants des celeres, les augures, les Vestales, les Saliens, les fétiaux et les pontifes [23].

Sur base du traitement que leur ont réservé les sources principales, les huit collèges sacerdotaux en question peuvent être répartis en quatre groupes. Le premier comprend les flamines [24], les Vestales [25], les Saliens [26] et les pontifes [27] qui ont retenu l’attention des quatre « grands témoins ». Dans ce premier ensemble, l’analyse détaillée des différents témoignages antiques permet de montrer un accord pratiquement parfait des quatre sources principales à propos des prêtresses de Vesta, du collège des Saliens et de celui des pontifes. Par contre, si les quatre « grands témoins » reconnaissent que Numa Pompilius a marqué de son empreinte l’établissement du flaminat, ils ne s’accordent pas sur le rôle exact joué par le successeur de Romulus dans l’organisation de ce sacerdoce.

Le deuxième groupe est constitué du seul collège des augures. En effet, l’augurat est l’unique sacerdoce traité par trois sources principales : le De republica, l’ab Vrbe condita et les Antiquités romaines. Entre celles-ci [28], le désaccord est patent concernant la véritable portée de l’action de Numa Pompilius sur la formation de ce collège.

Le troisième groupe comprend les commandants des celeres et les fétiaux qui ont été envisagés par deux sources principales, en l’occurrence celles de langue grecque. Pour ce qui est des premiers, les témoignages sont en totale contradiction puisque Denys d’Halicarnasse (D.H., II, 13 et 64, 3) estime que Numa a maintenu les celeres et a attribué à leurs commandants de nouvelles fonctions religieuses tandis que Plutarque (Rom., 10, 3 et 6, 2 ; Num., 7, 8) affirme que le successeur de Romulus a supprimé ces troupes d’élite. Pour les fétiaux en revanche, l’accord entre les deux écrivains est tel qu’on peut même supposer l’existence d’une « filière grecque » qui, à partir des informations véhiculées par des sources latines, aurait rattaché l’institution du collège des fétiaux au deuxième roi de Rome.

Dans le dernier groupe se trouvent les curions dont la caractéristique est de n’avoir été traités que par un seul des quatre « grands témoins », à savoir Denys d’Halicarnasse (II, 64, 1)

L’étude de la tradition parallèle, quant à elle, permet de poser les constats suivants. Premièrement, les sources secondaires peuvent être mobilisées dans six cas sur huit puisque seuls les curions et les commandants des celeres ne trouvent pas d’écho dans la tradition parallèle. L’apport de cette dernière est donc nettement plus important qu’au premier niveau de nos analyses où les sources secondaires ne présentaient de témoignages évidents que pour six des douze thèmes étudiés

Deuxièmement, aucune des sources secondaires convoquées à propos des sacerdoces numaïques ne contredit le témoignage des « grands témoins ». On perçoit donc clairement que sources principales et tradition parallèle sont intimement liées.

Troisièmement, ce niveau intermédiaire de l’analyse du degré de cohésion de la tradition confirme l’importance du témoignage d’Ovide (cf. supra) parmi les sources secondaires. En effet, bien qu’il ne puisse être convoqué qu’au sujet des Vestales (F., VI, 249-460) et des Saliens (F., III, 357-392), ses exposés sont, dans l’un et l’autre cas, précis et détaillés. L’apport des autres auteurs de la tradition parallèle est, quant à lui, plus ponctuel.

On notera également que l’apport de la tradition parallèle concerne essentiellement les trois collèges à propos desquels les quatre « grands témoins » s’accordent presque parfaitement. De fait, quatre sources secondaires peuvent être convoquées pour les Saliens, trois pour les Vestales, deux pour les pontifes, contre une pour les flamines, une pour les augures et aucune pour les curions et les commandants des celeres.

Par conséquent, on peut légitimement considérer que l’établissement des collèges des Vestales, des Saliens et des pontifes et, dans une moindre mesure, des flamines constituait en quelque sorte le « noyau dur » des réformes religieuses attribuées à Numa Pompilius et que c’est pour cette raison qu’il a à ce point polarisé l’attention des sources tant principales que secondaires. À ce niveau-ci aussi le degré de cohésion de la tradition est donc relativement fort étant donné que, pour quatre collèges sacerdotaux sur huit, il y a accord pratiquement parfait entre les quatre « grands témoins » et que les témoignages de ces derniers sont, de surcroît, confirmés par l’apport de la tradition parallèle.

Par ailleurs, comme cela avait été le cas au niveau supérieur de l’analyse, le tableau suivant permettra de mesurer, sous un autre angle, le degré de cohésion de la tradition relative aux collèges sacerdotaux institués, organisés ou réformés par Numa Pompilius, en faisant apparaître clairement le nombre de sacerdoces dont chacun des « grands témoins » traite conjointement avec les trois autres sources principales.

 

 

Cicéron
Tite-Live
Denys [29]
Plutarque
Cicéron
//////////////
5
5
4
Tite-Live
5
//////////////
5
4
Denys
5
5
//////////////
6
Plutarque
4
4
6
/////////////
 

On constate donc que c’est une nouvelle fois les deux « grands témoins » de langue grecque qui ont le plus d’éléments en commun. On remarque par contre que Plutarque n’occupe plus la position particulière qu’on avait pu déceler au premier niveau de l’analyse où c’était avec lui que chacun des trois autres auteurs partageait le plus grand nombre de thèmes (cf. supra). On notera surtout que Cicéron et Tite-Live s’intéressent à cinq sacerdoces et qu’il s’agit des mêmes.

Avant de clôturer ce deuxième niveau d’analyse, notons que trois auteurs modernes, E. M. Hooker [30], L.-R. Ménager [31] et J. Martínez-Pinna [32], se sont consacrés à l’étude de la législation religieuse de Numa Pompilius. Pour le premier de ces chercheurs, les réformes numaïques eurent pour objectif et pour effet de substituer une monarchie constitutionnelle à la royauté divine représentée par Romulus. De son côté, L.-R. Ménager estime que les sacerdoces numaïques ainsi que d’autres institutions politiques et militaires, ont été organisés selon une structure ternaire intimement liée aux trois tribus des Ramnes, Tities et Luceres. J. Martínez-Pinna, enfin, considère que l’organisation sacerdotale de Numa intègre, en les sacralisant, les différentes sources d’énergie qui ont donné vie à la communauté romaine. Soulignant la complémentarité des trois théories proposées, l’historien espagnol va même jusqu’à penser que la législation numaïque, telle qu’elle nous a été conservée par la tradition et en particulier par Denys d’Halicarnasse, ne représenterait que le versant religieux d’une véritable constitution politique.

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III. La chronologie textuelle des sacerdoces numaïques dans les narrations des quatre sources principales

Le troisième et dernier niveau de nos analyses sera consacré à l’étude de la chronologie textuelle des sacerdoces numaïques. Par chronologie textuelle, nous entendons l’ordre dans lequel les sources antiques présentent les différents collèges dont l’institution, l’organisation ou la réforme est attribuée à Numa. Nous nous intéresserons donc de près à la structuration des récits. Toutefois, l’analyse ne portera que sur les narrations des quatre « grands témoins ». En effet, le caractère limité des témoignages des sources secondaires empêche de prendre ces dernières en considération. On verra, dans un premier temps, s’il est possible de dégager des constantes entre les différentes présentations. L’objectif assigné à cette démarche est de permettre l’évaluation, dans le menu détail, du degré de cohésion de la tradition relative à Numa Pompilius. On s’efforcera ensuite d’ouvrir des pistes pour l’interprétation des classements établis par les quatre « grands témoins ».

1. Le dossier

Cicéron estimait que Numa Pompilius avait marqué de son empreinte l’organisation de cinq sacerdoces que, dans un seul et même chapitre de son De republica (II, 14, 26), l’Arpinate présente dans l’ordre suivant : les augures, les pontifes, les flamines, les Saliens et les Vestales.

À l’instar de Cicéron, Tite-Live considérait que le successeur de Romulus avait joué un rôle actif dans la structuration de cinq collèges sacerdotaux. Ceux-ci, nous le savons (cfr supra), étaient les mêmes que ceux qu’avait mentionnés l’Arpinate. Toutefois, l’ordre de présentation retenu par l’historien augustéen est différent. En effet, l’auteur de l’ab Vrbe condita traite successivement des flamines (I, 20, 2), des Vestales (I, 20, 3), des Saliens (I, 20, 4), des pontifes (I, 20, 5) et consacre finalement, beaucoup plus loin dans son œuvre, une brève notice aux augures (IV, 4, 2, où les pontifes sont également cités).

Dans les Antiquités romaines, les sacerdoces se succèdent comme suit : les curions (II, 64, 1) viennent en premier, suivis des flamines (II, 64, 2), des commandants des celeres (II, 64, 3), des augures (II, 64, 4), des Vestales (II, 64,5 à 69), des Saliens (II, 70-71), des fétiaux (II, 72) et les pontifes (II, 73) clôturent la liste.

Plutarque, pour sa part, établit un lien entre le deuxième roi de Rome et six collèges sacerdotaux. Les commentaires qu’il en donne s’ordonnent comme suit : le biographe de Chéronée commence par mentionner la dissolution des celeres (Num., 7, 8), il poursuit avec l’institution du flamen Quirinalis (Num., 7, 9-11) et présente finalement les quatre derniers collèges en les groupant deux par deux : les pontifes (Num., 9, 1-8 ; 12, 1-3) et les Vestales (Num., 9, 9-15 à 11), puis les fétiaux (Num., 12, 4-13) et les Saliens (Num., 13).

Les données qui viennent d’être fournies se trouvent résumées dans le tableau suivant, qui permettra une comparaison rapide entre les différents classements établis par les quatre « grands témoins ». Les collèges sacerdotaux y apparaissent, sous le nom de chaque auteur, dans l’ordre où ce dernier les a cités.

Cicéron
Tite-Live
Denys d’Halicarnasse
 Plutarque

augures

flamines

curions

celeres [33]

pontifes

Vestales

flamines

flamine Quirinal

flamines

Saliens

commandants des celeres

pontifes + Vestales

Saliens

pontifes

augures

fétiaux + Saliens

Vestales

augures

Vestales

 

 

 

Saliens

 

 

 

fétiaux

 

 

 

pontifes

 

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2. Un constat

Il ressort de l’observation du tableau qui précède qu’il n’existe aucune concordance ni aucune récurrence entre les différents classements établis par les quatre « grands témoins ». Force nous est donc de constater que, sur cette question, la cohésion de la tradition est nulle. Or, les analyses réalisées précédemment avaient abouti à la conclusion que, concernant la présentation générale des collèges sacerdotaux dont l’institution, l’organisation ou la réforme est attribuée à Numa, la tradition présentait un degré de cohésion relativement élevé. En effet, nous avions pu constater que, pour quatre collèges sacerdotaux sur huit, il y a accord pratiquement parfait entre les quatre « grands témoins » et que les témoignages de ces derniers sont, de surcroît, confirmés par l’apport de la tradition parallèle. La confrontation des différents résultats obtenus permet dès lors de tirer un enseignement important, à savoir que la tradition ne présente d’homogénéité qu’au niveau du contenu des récits. La forme, elle, est propre à chaque auteur. La preuve en est justement que chacun des quatre « grands témoins » a structuré, à sa manière, l’exposé qu’il consacrait aux sacerdoces numaïques à propos desquels le degré de cohésion de la tradition était pourtant relativement fort.

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3. Quelques pistes d’interprétation

La tradition ne présente donc aucune cohésion au niveau de la chronologie textuelle des sacerdoces numaïques. Chacun des quatre « grands témoins » a classé les différents collèges sacerdotaux selon un ordre qui lui est propre. Toutefois, il est peu probable que des auteurs tels que Cicéron, Tite-Live, Denys d’Halicarnasse et Plutarque n’aient pas ordonné ces sacerdoces selon une logique précise. L’objectif de ce paragraphe sera dès lors d’ouvrir quelques pistes d’interprétation des différents classements établis.

A. Cicéron

Trois principes pourraient expliquer la chronologie textuelle des sacerdoces numaïques dans l'œuvre de Cicéron. Premièrement, une discrimination entre les collèges masculins et le seul sacerdoce féminin, placé dès lors en dernière position. Deuxièmement, une distinction entre l’augurat qui ouvre la liste et le « noyau dur » des réformes numaïques qui comprend, nous l’avons vu, les collèges des pontifes, des flamines, des Saliens et des Vestales. Troisièmement, une différenciation entre sacerdoces actifs et passifs dans la direction de l’État. De fait, les augures et les pontifes participaient activement au gouvernement de la cité. En effet, les premiers, considérés par Cicéron (Leg., II, 12, 31) comme la plus haute autorité de l’État, avaient l’habitude d’intervenir dans toute action publique afin d’en garantir la légitimité divine tandis que les seconds assistaient le roi dans toutes les questions relatives à l’organisation de la religion publique [34], étaient investis de pouvoirs judiciaires, nommaient les autres prêtres et avaient la capacité de promulguer de nouvelles lois religieuses. Par contre, les flamines, les Saliens et les Vestales voyaient leur action limitée à l’accomplissement de rites prédéfinis et immuables.

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B. Tite-Live

Tite-Live attribue à Numa Pompilius l’institution de cinq sacerdoces. Dans son récit du règne du deuxième roi de Rome (I, 17-21), l’historien augustéen ne traite toutefois que des quatre collèges qui constituent le « noyau dur » des réformes numaïques. Dans cet exposé, la priorité est donnée aux trois sacerdoces consacrés à une divinité particulière : les flamines majeurs, les Vestales et les Saliens. Vient ensuite la présentation des pontifes qui, eux, n’étaient pas attachés au culte d’un dieu spécifique. Ce n’est que bien plus loin dans son œuvre (IV, 4, 2) que Tite-Live précise qu’un cinquième sacerdoce, celui des augures, fut institué par Numa. Cette information fait l’objet d’une notice très brève dans laquelle apparaissent conjointement les pontifes et les augures. Les deux sacerdoces actifs dans la direction de l’État se trouvent donc une nouvelle fois réunis.

Une telle répartition des informations surprend quelque peu dans un récit qui, d’ordinaire, respecte rigoureusement la chronologie. Elle paraît toutefois en partie explicable. En effet, au moment de traiter des réformes numaïques, Tite-Live fut probablement confronté à un problème de cohérence. De fait, l’historien augustéen considérait, d’un côté, que Numa avait institué le collège des augures mais savait, de l’autre, que ce même roi n’avait accepté, qu’après son inauguratio, le pouvoir qui lui était offert (I, 20, 6-10). Or, il est évident que ces deux données entrent en conflit. Par conséquent, cette présentation morcelée des réformes de Numa semble constituer un expédient subtil utilisé par Tite-Live pour combiner deux données contradictoires, entre lesquelles il ne pouvait choisir, tout en maintenant, en apparence du moins, la cohérence de son récit.

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C. Denys d’Halicarnasse

L.-R. Ménager [35] avait émis l’hypothèse que le classement établi par Denys reposait sur l’ancienneté de l’apparition des différents collèges dans l’orbite romaine. Pour démontrer cette hypothèse, il faudrait donc prouver que chacun des sacerdoces mentionnés est chronologiquement antérieur à celui qu’il précède dans la liste. Une telle démonstration suppose donc des investigations qui dépassent largement le domaine de la critique textuelle et qu’il est dès lors impossible de mener dans le cadre de ce travail. On se contentera donc de montrer, en recourant uniquement aux données traditionnelles, que l’hypothèse du savant français n’est pas sans fondement. Pour ce faire, le catalogue sacerdotal transmis par Denys sera divisé en trois parties. La première groupera les curions, les flamines, les commandants des celeres et les augures. La deuxième ne comptera que les Vestales. La troisième réunira, pour sa part, les Saliens, les fétiaux et les pontifes. On constatera en effet rapidement que le récit traditionnel suggère une progression chronologique entre ces trois parties.

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    a. Curions, flamines, commandants des celeres et augures

Les quatre premiers sacerdoces étudiés par Denys d’Halicarnasse semblent chronologiquement les plus anciens. De fait, la tradition les présente généralement comme antérieurs au règne de Numa. Le cas est clair pour les curions que le rhéteur grec, seul « grand témoin » à les mettre en relation avec Numa, présente comme une institution romuléenne (II, 7, 2-3). Le cas est clair également pour les commandants des celeres dont la tradition, à l’unanimité, attribuait la création à Romulus (Liv., I, 13, 8 ; D.H., II, 13, 1-2 ; Fest., p. 48, 2 L. ; Serv., ad Aen., VII, 274 ; IX, 368 ; XI, 603). Par contre, à propos du flaminat, la tradition semble hésiter. En effet, si Cicéron (Rep., II, 14, 26) et Tite-Live (I, 20, 2) estiment que les flamines ont été créés par Numa, Denys, lui, ne livre aucune indication concernant leur institution. Quant à Plutarque (Num., 7, 9), il considère que les flamines de Jupiter et de Mars existaient déjà avant que Numa Pompilius ne devienne roi de Rome. Enfin, au sujet des augures, la tradition hésite également. De fait, l’Arpinate (Rep., II, 9, 15) affirme que l’augurat fut établi par Romulus tandis que Tite-Live [36] et Florus (I, 2, 2) en attribuent l’institution à Numa. Le rhéteur grec et le biographe de Chéronée ne fournissent, de leur côté, aucune précision sur la création de ce collège. Du point de vue de la tradition, il est donc possible qu’à l’instar des curions et des commandants des celeres, les flamines et les augures soient antérieurs à l’avènement de Numa.

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    b. Vestales

Les Vestales occupent une position particulière dans la liste des sacerdoces établie par Denys d’Halicarnasse. Les prêtresses de Vesta semblent en effet constituer la charnière entre les collèges probablement antérieurs à Numa (curions, flamines, commandants des celeres et augures) et les sacerdoces contemporains ou postérieurs au deuxième roi de Rome (Saliens, fétiaux, pontifes).

En effet, les quatre « grands témoins » s’accordent pour attribuer l’institution du collège des Vestales à Numa Pompilius (Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., I, 20, 3 ; D.H., II, 64, 5 ; Plut., Num., 9, 10). Ce point de vue est également partagé par les trois sources secondaires (Ovide [F., VI, 249-460], Aulu-Gelle [N.A., 12, 10], Festus [p. 320, 12 L]) qui peuvent être convoquées à ce sujet. Cependant, on se souviendra, d’une part, que Tite-Live, à mots couverts, décrit Tarpéia comme une Vestale avant la lettre (I, 11, 6) ; d’autre part, que Denys d’Halicarnasse (II, 64, 5) (Rom., 22, 1) et Plutarque mentionnent, tout en la rejetant, une tradition divergente selon laquelle les Vestales avaient été instituées par Romulus.

La tradition présente donc, à propos de l’institution du collège des Vestales, quelques hésitations qui ont tendance à « vieillir » ce sacerdoce. Ces variantes par rapport à la version communément acceptée par les sources principales sont cependant très mal assurées. Elles ont dès lors nettement moins de poids que les incertitudes épinglées au sujet de l’institution des flamines et des augures.

On notera par ailleurs qu’Ovide fournit une indication de première importance pour le sujet qui nous occupe. De fait, le poète augustéen (F., VI, 257-260) situe l’introduction du culte de Vesta à Rome dans les premières années du règne de Numa. Or il n’est pas exclu que Denys ait eu connaissance de cette information probablement tirée d’une source antérieure.

Traditionnellement liée au début du règne de Numa Pompilius, l’institution du collège des Vestales serait donc postérieure à celle des curions, des flamines, des commandants des celeres et des augures, ce qui, conformément à l’hypothèse de L.-R. Ménager, justifierait la place que ce sacerdoce occupe dans le classement établi par Denys.

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    c. Saliens, fétiaux et pontifes

Les trois derniers sacerdoces mentionnés par Denys semblent postérieurs au collège des Vestales.

En effet, concernant l’institution des Saliens, la tradition ne présente aucune hésitation : la confrérie des prêtres danseurs fut créée par Numa Pompilius. Plutarque livre en outre une information importante qui permet de situer l’institution des Saliens par rapport à celle des Vestales. De fait, le biographe de Chéronée (Num., 13, 1) indique que Numa était dans la huitième année de son règne lorsqu’il créa le sacerdoce des Saliens. Cette institution est donc vraisemblablement postérieure à celle des Vestales qui, nous venons de le voir, était traditionnellement datée des toutes premières années du règne de Numa.

Selon Denys (II, 72, 1) et Plutarque (Num., 12, 4), le collège des fétiaux fut institué par Numa Pompilius. Cicéron et Tite-Live ne fournissent en revanche aucune indication concernant l’institution de ce sacerdoce. Les deux « grands témoins » de langue latine précisent toutefois que les fétiaux sont pour la première fois intervenus à la demande de Tullus Hostilius et que le rite fétial fut introduit par l’un des successeurs de Numa [37]. Ces précisions de l’Arpinate et de l’historien augustéen ont donc tendance à « rajeunir » ce sacerdoce et laissent dès lors penser que l’établissement de ce collège est plus récent que celui de la confrérie des Saliens.

Hormis Denys d’Halicarnasse qui ne livrait aucune information sur le sujet, tous les auteurs antiques convoqués à propos du collège des pontifes attribuaient l’institution de ce sacerdoce à Numa Pompilius (Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., IV, 4, 12 ; Plut., Num., 9, 1). On rappellera également que L.-R. Ménager lui-même [38] estime qu’il est peu probable que Numa Pompilius ait lui-même institué ce sacerdoce et l’ait organisé en collège sénaire. L’attribution à Numa de la création de ce sacerdoce constituerait alors un anachronisme, ce qui pourrait expliquer que ce collège occupe la dernière position dans la liste établie par Denys.

Force nous est donc de constater que, traditionnellement parlant, l’hypothèse de L.-R. Ménager repose sur des bases relativement solides.

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D. Plutarque

Les commandants des celeres et le flaminat sont les deux premiers sacerdoces envisagés par Plutarque. Ce dernier donne lui-même la justification de ce choix : selon lui (Num., 7, 8-9), la dissolution des celeres et l’institution du flamen Quirinalis sont les deux premiers actes de Numa après qu’il eut pris possession du pouvoir.

Le biographe abandonne ensuite toute considération chronologique et présente les quatre autres sacerdoces qu’il a retenus, en les groupant deux par deux. La constitution des couples s’explique aisément : les pontifes ont été joints aux Vestales en raison des liens fonctionnels qui les unissaient (les pontifes étaient en effet chargés de choisir et de surveiller les vestales) ; les Saliens et les fétiaux ont été réunis car l’un et l’autre collège étaient étroitement liés à la pratique de la guerre.

Enfin, il est probable que la priorité ait été donnée aux Vestales et aux pontifes en raison de l’importance de ces derniers sous la République (E. M. Hooker, Significance, 1963, p. 122-123).


Conclusion

En guise de conclusion, précisons que le sujet est loin d’être épuisé. Bien des résultats pourraient être affinés. Il serait ainsi intéressant de soumettre à une analyse détaillée chacun des thèmes constitutifs de la geste numaïque. Tenter de préciser les rapports entre les sources et d’expliquer le silence de certains auteurs concernant tel ou tel sujet présenterait également beaucoup d’intérêt. Enfin, il serait particulièrement intéressant de répéter l’analyse à propos des gestes des autres rois pour voir si la cohésion de la tradition demeure constante, se renforce ou s’effrite à mesure que le récit descend le cours de l’« histoire » et se dégage de la légende.

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Notes

[1] Verg., Aen., VI, 808-812 : Quis procul ille autem ramis insignis oliuae / sacra ferens ? Nosco crinis incanaque menta / regis Romani primam qui legibus urbem / fundabit, Curibus paruis et paupere terra / missus in imperium magnum, rendu dans la traduction de J. Perret, Paris, 1989, p. 74 (CUF). [Retour au texte]

[2] La geste numaïque, totalement dépourvue de guerres, complots et autres péripéties de ce genre apparaît en effet comme une matière particulièrement propice à la réalisation d’une telle analyse. [Retour au texte]

[3] J. Poucet, Rois de Rome, 2000, p. 47. Voir aussi Id., OR, 1985, p. 54-55. [Retour au texte]

[4] Outre J. Poucet, voir, à titre d’exemple, les affirmations de E. M. Hooker, Significance, 1963, p. 89 et 94 ; J. Martínez-Pinna, Reforma de Numa, 1985, p. 99 ; G. Dumézil, Mythe et Épopée I, 1995, p. 298; D. Briquel, Sillon du fondateur, 2000, p. 18. [Retour au texte]

[5] Bien loin de chercher à dégager du récit traditionnel l’un ou l’autre noyau d’histoire authentique, nous avons procédé à l’analyse de la tradition en tant que matière non historique, c’est-à-dire en tant que donnée littéraire. En conséquence, aucune des conclusions que nous avons pu tirer ne débouche sur de l’histoire. Elles n’ont de valeur que dans le cadre de la construction littéraire qu’est la tradition. [Retour au texte]

[6] Dans la suite de cet article, nous réserverons ce titre de « sources principales » aux quatre récits suivis qui nous ont été conservés à propos de la Rome royale : le de Republica de Cicéron, l’ab Vrbe condita de Tite-Live, les Antiquités romaines de Denys d’Halicarnasse et les Vies de Romulus et de Numa rédigées par Plutarque. Quant aux auteurs de ces œuvres, nous leur donnerons, selon une appellation consacrée par A. Meurant, Idée de gémellité, 2000, p. 113, le nom de « grands témoins ». Les termes de « sources » ou de « traditions secondaires » serviront, pour leur part, à désigner l’ensemble des documents pris en considération (quelle que soit leur nature) à l’exception des « grands témoins » qui viennent d’être déterminés. [Retour au texte]

[7] En effet, toute présentation thématique court le risque que des éléments isolés résistent à la division par thèmes. Cependant, dans le cas de la geste numaïque, ce risque était minime car la plupart des thèmes apparaissaient clairement à la lecture. Le classement était donc dicté par les sources. [Retour au texte]

[8] En raison de son importance, ce thème ne sera pas traité dans l’immédiat. Il fera l’objet d’une analyse détaillée aux points II et III du présent article. [Retour au texte]

[9] Ce sera le cas également du thème des réformes religieuses. [Retour au texte]

[10] Ces six thèmes sont : Numa et Pythagore (Ov., Met., XV, 1-485 ; Cic., De Or., II, 154) ; un bilan positif du règne (Calp., I, 63, et Tac., An., VI, 11, 1 sont deux exemples significatifs d’un thème à propos duquel les sources secondaires et les recherches des Modernes partagent l’enthousiasme des « grands témoins ») ; les relations avec Égérie (Ov., Met., XV, 485-496) ; le calendrier (Ov., F., I, 43-44 ; Ov., F., III, 151-154 ; Macr., Sat., I, 12, 34 et 13, 1-4); Numa et Iuppiter Elicius (Val. Ant. (= F 6 Hrr.) apud Arnob., V, 1 ; Ov., F., III, 285-348); les livres « pythagoriciens » de Numa (Val. Ant. (= F 9 Hrr.) apud Liv., XL, 29, 8 ; Val. Ant. [= F 7 Hrr.] apud Plut., Num., 22, 6 ; C. Sempronius Tuditanus (= F 7 M. Chassignet) apud Plin., N.H., 13, 84-87; Calp. Pis., Hist. (= F 13 M. Chassignet) apud Plin., N.H., 13, 84-87; Hemin. (= F 40 M. Chassignet) apud Plin., N.H., 13, 84-87; Varr. apud Aug., Ciu., VII, 34 ; Ps. Aur. Vict., Vir., 3 ; Val. Max., 1, 1, 12). [Retour au texte]

[11] La liste des auteurs fournie à la note précédente est proche de l’exhaustivité. [Retour au texte]

[12] À propos de Numa et Pythagore, des relations avec Égérie, du calendrier et de l’entretien entre Numa et Iuppiter. [Retour au texte]

[13] Le thème des réformes religieuses, partagé par les quatre « grands témoins », est déjà comptabilisé dans ce tableau. [Retour au texte]

[14] Quatre critères présidèrent au choix de ces auteurs parmi les nombreux travaux modernes consacrés à Numa. Premièrement, les théories devaient être relativement récentes. Deuxièmement, il fallait qu’elles contribuent à l’analyse du degré de cohésion de la tradition en s’intéressant à la cohérence de la geste numaïque. Troisièmement, elles devaient révéler l’importance du thème des réformes religieuses par rapport aux autres composantes de la tradition relative à Numa. Enfin, ne furent prises en compte que les analyses qui proposaient des conclusions valables pour l’ensemble de la geste numaïque, même si leur développement privilégiait l’une ou l’autre source antique. [Retour au texte]

[15] Cette thèse est défendue par G. Dumézil. Sur le sujet, cf. J. Poucet, OR, 1985, p. 171-178 ; Id., Georges Dumézil, 1988, p. 27-49 et Id., Rois de Rome, 2000, p. 371-457 ; B. Sergent, Indo-Européens, 1995, p. 328-347 ; D. Briquel, Tite-Live, 1998, p. 41-70 ; Id, Sillon du fondateur, 2000, p. 16-20 et 35-45. [Retour au texte]

[16] J. Svenbro, Phrasikleia, 1988, p. 123-160. [Retour au texte]

[17] A. Deremetz, Sagesse de Numa, 1995, p. 33-56 ; Id., Invention étymologique, 1997, p. 251-259. [Retour au texte]

[18] J. Poucet, Recherches, 1967, p. 137-154. [Retour au texte]

[19] J. Martínez-Pinna, Reforma de Numa, 1985, p. 97-124 ; Id., Orígenes de Roma, 1999, p. 151-158. [Retour au texte]

[20] Il est évident que certaines de ces réalisations religieuses sont partagées par plusieurs auteurs. [Retour au texte]

[21] Ainsi pour nous limiter à quelques exemples extraits des sources principales : Cic., Rep., II, 14, 26 : omnisque partis religionis statuit sanctissime ; Liv., I, 21, 5 : Multa alia sacrificia locaque sacris faciendis, quae Argeos pontifices uocant, dedicauit ; D.H., II, 63, 2 ; Plut., Num., 17, 4. [Retour au texte]

[22] J. Martínez-Pinna, Origines de Roma, 1999, p. 151. [Retour au texte]

[23] Cette liste reproduit l’ordre dans lequel les sacerdoces apparaissent dans le récit du rhéteur grec. [Retour au texte]

[24] Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., I, 20, 2 ; D.H., II, 4, 2 ; Plut., Num., 7, 9-10. [Retour au texte]

[25] Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., I, 20, 3 ; D.H., II, 65-69 ; Plut., Num., 9, 9 à 11, 3 et Rom., 22, 1. [Retour au texte]

[26] Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., I, 20, 4 ; D.H., II, 70-71 ; Plut., Num., 12, 4 et 13. [Retour au texte]

[27] Cic., Rep., II, 14, 26 ; Liv., I, 20, 5-7 et IV, 4, 2 ; D.H., II, 73 ; Plut., Num., 9, 1-9 et 12. [Retour au texte]

[28] Cic., Rep., II, 9, 15 ; Liv., IV, 4, 2 ; D.H., II, 64, 4. [Retour au texte]

[29] Comme Denys d’Halicarnasse est le seul auteur à traiter des curions, cette donnée n’apparaît pas dans le tableau. [Retour au texte]

[30] E. M. Hooker, Significance, 1963, p. 87-132. [Retour au texte]

[31] L.-R. Ménager, Collèges sacerdotaux, 1976, p. 455-543. [Retour au texte]

[32] J. Martínez-Pinna, Reforma de Numa, 1985, p. 97-124 ; Id., Orígenes de Roma, 1999, p. 147-157. [Retour au texte]

[33] Il convient de garder à l’esprit que c’est la dissolution des celeres par Numa et non leur réforme que mentionne Plutarque. [Retour au texte]

[34] Sur cette question, cf P.-M. Martin, Idée de royauté I, 1982, p. 113-120. [Retour au texte]

[35] L.-R. Ménager, Collèges sacerdotaux, 1976, p. 465. [Retour au texte]

[36] Liv., IV, 4, 2. On se souviendra par ailleurs de l’ambiguïté du témoignage de l’historien augustéen qui savait que Numa était un rex inauguratus mais rattachait néanmoins l’institution du collège des augures au successeur de Romulus. [Retour au texte]

[37] Tullus Hostilius selon Cicéron, Ancus Marcius selon Tite-Live, cf. Cic., Rep., II, 17, 31 et Liv., I, 24, 4, 9. [Retour au texte]

[38] L.-R. Ménager, Collèges sacerdotaux, 1976, p. 463-465. [Retour au texte]

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Bibliographie

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FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 5 - janvier-juin 2003

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