Bibliotheca Classica Selecta - Bibliographie d'orientation - Papyrologie
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La papyrologie n'est pas plus facile à définir que l'épigraphie. Si l'on se fonde sur l'étymologie, cette discipline ne devrait s'intéresser qu'aux textes conservés sur papyrus (pour la fabrication de ce matériau, voir Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XIII, 74; 77-82). En fait, la papyrologie englobe les ostraca, les tablettes de bois, de cire ou de plomb, les étiquettes de momies, les graffiti: tout ce qui, dans la vallée du Nil, a été écrit en grec, et accessoirement en latin, lui appartient, sauf les textes gravés sur pierre, qui relèvent de l'épigraphie.
La papyrologie dont on s'occupe ici est essentiellement grecque: les textes hiéroglyphiques, démotiques, coptes, araméens, perses ou arabes échappent à notre compétence. Quant aux papyrus latins, en dépit de la longueur de l'occupation romaine en Égypte, ils sont très peu nombreux.
Employé dans tout le monde antique comme support de l'écriture, le papyrus n'a survécu que dans les sables d'Égypte, pour des raisons climatiques: ce matériau d'origine végétale ne résiste pas à l'humidité. Notons toutefois qu'on a fait quelques trouvailles à Herculanum, en Syrie, en Palestine et à Doura-Europos. Mais si elle est géographiquement limitée, la papyrologie est chronologiquement fort étendue. Le grec se répand en Égypte à partir de la conquête d'Alexandre et s'y maintient jusqu'à la conquête arabe (641 p.C.), et même au-delà.
Cet long espace de temps se subdivise habituellement en trois parties:
- la période ptolémaïque, de 331 à 30 a.C.;
- la période romaine, de 30 avant à 297 après J.C. (date de la réorganisation provinciale de l'Empire, due à Dioclétien, et après laquelle l'Égypte perd son statut particulier pour devenir une province romaine comme les autres);
- la période byzantine, de 297 à la conquête arabe (641 p.C.).
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Les dizaines de milliers de papyrus qui nous sont parvenus -- souvent dans un état déplorable -- contiennent des textes de nature très variée. On distingue habituellement la papyrologie littéraire et la papyrologie documentaire. La papyrologie littéraire fournit des fragments d'oeuvres déjà connues par la tradition manuscrite (Homère, Sophocle, Lysias, etc.) mais aussi des textes qu'on avait perdus: la Constitution d'Athènes d'Aristote, des Comédies de Ménandre, des Discours d'Hypéride, des Épinicies et des Dithyrambes de Bacchylide, etc. Dans le domaine latin, une trouvaille récente est celle de ce qu'on a appelé "l'Alceste de Barcelone":
- Marcovich M. [Éd.], Alcestis Barcinonensis. Text and Commentary, Leyde, 1988, 115 p. (Mnemosyne, Supplementa, 103), et
- Nosarti L. [Éd.], Anonimo. L'ALcesti d Barcellona. Introduzione, testo, traduzione e commento, Bologne, 1992, 190 p. (Edizioni saggi universitar di filologia classica, 51).
Dans le domaine grec, on songe au papyrus récemment découvert avec des textes nouveaux d'Empédocle:
- Martin A., Primavesi O., L'Empédocle de Strasbourg (P. Strasb. gr. inv. 1665-1666). Édition, traduction et commentaire, Berlin, New York, 1998, 208 p.: texte grec; traduction en anglais et en français; commentaire français.
De son côté, la papyrologie documentaire offre des documents soit publics (édits et règlements, comptes rendus de réunions, jugements, actes de nomination, comptes, correspondance officielle, etc.), soit privés (contrats de mariage, de divorce, de vente, de location; reçus, testaments, billets d'invitations, correspondance, comptes, cahiers d'écoliers, etc.).
Comme on le voit, il n'est guère d'aspect de la vie en Égypte romaine (la plupart des textes datent en effet de l'époque impériale) qui ne soit éclairé par la papyrologie.
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Certains papyrus appartiennent à des collections privées: leur communication au monde savant dépend de la bonne volonté des collectionneurs. Ceux qui sont conservés dans les musées et les universités sont mieux connus et plus facilement accessibles. Tous ne sont pas encore édités.
Les principales collections de papyrus se trouvent en Égypte (Le Caire), en Angleterre (Oxford, Londres), en Allemagne (Berlin), en Autriche (Vienne), en France (Paris), en Italie (Florence, Milan) et aux U.S.A. (importantes collections dans les Universités de Duke, Columbia, Princeton, Berkeley, Michigan, Yale). Dans les pays qui viennent d'être cités, d'autres villes ou institutions abritent des collections plus réduites. On en trouve aussi dans les pays scandinaves, en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Russie, en Grèce, aux Pays-Bas (Leyde, Groningen, Amsterdam) et en Belgique (Bruxelles, Gand).
Généralement les papyrus publiés le sont, soit dans des éditions spéciales, soit dans des périodiques. Cette dernière formule ne représente pas l'idéal, les textes demeurant alors dispersés et parfois difficilement accessibles.
Le Congrès de Papyrologie de Leyde (1931) a fixé les règles à suivre dans les éditions de papyrus. Elles figurent dans Collart P., Bulletin papyrologique, dans REG, t. 46, 1933, p. 443-445.
En principe, une édition définitive d'un texte papyrologique comporte:
- une photographie du papyrus;
- une transcription en écriture courante, minuscule, avec coupures de mots, accentuation et ponctuation;
- un apparat critique;
- une traduction commentée;
- les données essentielles concernant le document (numéro d'inventaire, dimensions, conditions matérielles de conservation, références bibliographiques).
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