FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 11 - janvier-juin 2006


Femmes-guerrières
Les Romains se sont-ils intéressés aux Amazones et à leurs légendes ?

par
Bernadette Liou-Gille
Paris-Sorbonne
<liou_gil@club-internet.fr>


L'article ci-dessous a été publié dans Euphrosyne. Revista de Filologia Clássica, t. 34, 2006, p. 51-64, avec un appareil de notes plus complet et sans illustrations. L'auteur et l'éditeur tiennent à remercier le Professeur Aires Nascimento, directeur d'Euphrosyne, d'avoir aimablement autorisé son utilisation.

[Louvain-la-Neuve, 10 mai 2006]


Cette question mérite bien une enquête... Les Grecs se sont passionnément intéressés aux Amazones. Qu'en est-il des Romains ? Il faut bien le dire : rien ne prédisposait les Romains à agréer des Amazones vouées à la chasse et plus encore à la guerre, car ces traditions faisaient violence profondément à leur mentalité : à Rome, une femme, dans l'ancien temps, n'a que deux fonctions : filer la laine et enfanter.

Dans la littérature romaine Virgile (Aen., 11, 648) est le premier à mettre en scène une Amazone : Camille, la reine des Volsques [1]. Elle a le sein nu (unum exserta latus), porte l’arc et le carquois et brandit sa hache bipenne ; habile cavalière, elle sait atteindre de ses flèches l’ennemi qui la poursuit lorsqu’elle fuit sur son cheval. La comparaison des compagnes de Camille avec les guerrières thraces, l’allusion à la bataille du Thermodon sont autant de références aux Amazones (Aen., 11, 648-652 ; 659) :

 

At medias inter caedes exsultat Amazon
unum exserta latus pugnae, pharetrata Camilla
et nunc lenta manu spargens hastilia denset
nunc ualidam dextra rapit indefessa bipennem ;
aureus ex umero sonat arcus et arma Dianae.

 

Les conventions artistiques sont respectées. Virgile  ne manquait pas de modèles grecs à copier (bas-reliefs, peintures de vases etc.). Il est fort possible d’ailleurs qu'il imite, en ce passage, une œuvre prestigieuse, sculpture ou peinture célèbre : il y en avait un très grand choix. Mais ce personnage de Camille est essentiellement une fiction poétique et il n'est pas certain que Virgile ait cru à l'existence de ces combattantes : cette évocation est un hellénisme.

On constate que la légende des Amazones s’est épanouie surtout dans cette région de la Méditerranée où l’influence d’Athènes est prépondérante. Elle le doit au rayonnement des héros grecs adversaires des Amazones, tout particulièrement au prestige de Thésée, fondateur du synécisme athénien. Elle s’est diffusée aussi, quoique avec moins de dynamisme, dans sa partie orientale. On s'attendrait par conséquent à ce qu’elle eût laissé quelques traces dans sa partie occidentale aussi, étant donné l’extraordinaire vigueur des traditions légendaires sur les Amazones et le grand nombre d'œuvres artistiques qui les représentaient. Et c'est le sujet qui va nous occuper ; mais il nous faut d'abord mesurer la diffusion de leur légende dans le monde antique pour en saisir l'incroyable portée.

 

Une extraordinaire diffusion de la légende amazonienne

Une armée de guerrières

La tradition grecque n'hésitait pas à évoquer une armée entière d’Amazones, celle par exemple que dirige vers Troie la reine Penthésilée, pour venir au secours de Priam. Les Amazones sont mentionnées trois fois dans l’Iliade (2, 811-814 ; 3, 184-189 ; 6, 186), ce qui les auréole d’une grande ancienneté et d’un réel prestige [2]. Au 4e siècle a.C. cent Amazones sont présentées à Alexandre le Grand [3] par Atropates, gouverneur de Médie, dans l’espoir qu’une Amazone puisse concevoir un enfant d’Alexandre (Strab. 11, 5, 4 ; Diod. Sic. 17, 77, 2 ; Plut., Alex., 46 ; Arrien 7, 13).

Leurs origines

On ne sait pas vraiment d’où elles sont censées venir [4] : des rives du Pont Euxin ? du bord occidental du Caucase ? Étaient-elles des nomades, parcourant ces régions, au gré de leurs migrations, sans s’y fixer ? On se demande encore à notre époque sur quelle base historique a pu s’établir leur légende, car on admet souvent qu’il ne s’agit pas d’une pure fiction ; mais, si l’on ne croit guère à un véritable matriarcat belliqueux, dont on ne connaît aucun exemple en ces temps lointains, on admet volontiers que la tradition ait sublimé les épouses authentiquement guerrières des Sauromates, Sarmates, Scythes, Cimmériens [5]... Sur un certain nombre de vases elles portent le costume des peuples du nord : bonnet pointu, caleçons collants et justaucorps ornés de motifs « ethniques », selon la terminologie moderne [Figures 1 et 2, tirées du DAGR, s.v. Amazones]. Les historiens anciens et modernes savent qu'au nord de la Grèce, au bord du Pont-Euxin, les femmes guerroyaient tout comme leurs maris : c’est probablement cette pratique qui a donné naissance au fantasme d’une civilisation matriarcale belliqueuse.

 

    

Fig. 1. Amazones en « caleçon » : Hippolyte et Deinomaché (Terreur des combats)

Fig. 2. Amazone

 

Ces guerrières du Nord n’ont guère laissé de traces archéologiques ; il ne reste d’elles que leurs tombes qui ont été dépouillées de leur mobilier funéraire par des pillards attirés par leurs trésors, les peuples du nord étant réputés pour leur talent d’orfèvres. Dans ces tumulus du Kazakhstan, qu’on appelle kourganes et qui sont des tombes princières, il n’est pas rare de trouver, inhumés dans la cellule centrale (celle qui est réservée aux chefs), des corps de femmes enterrées avec poignards, pointes de flèche, pierre à aiguiser et... miroirs de bronze. On a découvert dans l’un d’eux les restes d’une fillette de 13/14 ans dont les jambes arquées laissent supposer qu’elle pratiquait intensément l’équitation, et dont les armes, enterrées avec elle, font une authentique guerrière. Un autre corps de femme avait une pointe de flèche en pleine poitrine comme si elle avait succombé au cours d’une bataille... La légende des Amazones serait le développement hyperbolique de faits réels qui ont vivement frappé l’imagination des Grecs et sur lesquels ils auraient librement « fantasmé ». Au reste le monde moderne a connu et connaît encore des bataillons de femmes formant la garde spéciale, fanatique, de chefs d’Etat. En Bohème, au 8e siècle de notre ère, des guerrières, menées par deux femmes, Libussa et Vlasta, ravagèrent les terres du roi Przémislas qui eut bien du mal à les chasser. Au Dahomey (= Bénin) le roi s'entourait dès le 17e siècle d'une garde spéciale de guerrières ; elles résistèrent farouchement à la conquête française en 1894. À notre époque Muammar al Kadhafi en Libye s’est lui aussi constitué un bataillon et une garde personnelle de guerrières. L’originalité des Amazones antiques, par rapport à ces unités spéciales, c’est qu’elles ont toujours à leur tête une reine et ne dépendent donc d'aucun homme.

Une légende qui se transforme en « histoire  »

Cette légende s’est en tout cas largement répandue dans le temps et dans l’espace [6]. De cela on a bon nombre de preuves : le Lexicon Iconographicun Mythologiae Classicae (LIMC) propose près d’un millier de documents représentant des Amazones. Sont parvenus jusqu’à nous des vases illustrés de peintures souvent splendides, des bas-reliefs, des métopes (Tholos de Delphes...), des frises entières (Mausolée d’Halicarnasse, qui est lui-même une des sept merveilles du monde...), des frontons de temples destinés à être vus de tout le monde et de très loin, des gemmes, des lampes, des mosaïques, des monnaies... et surtout des statues remarquables, qui sont sûrement les copies de chefs d’œuvre dédiés à la célèbre Artémis d’Éphèse, dont nous verrons infra le rôle. Des peintures de grande valeur ont disparu, mais on en a longtemps gardé le souvenir (Arrien 7, 13, 5-6).

Pour un peu on se laisserait aller à admettre l'authenticité des Amazones. En tout cas il me paraît évident que les Anciens y ont cru, car, même si nous considérons qu'une telle civilisation est pure fiction, la légende, elle, est très présente. Les Amazones ont leurs historiens (on trouvera chez K. Dowden, cité plus haut, l’étude des sources écrites) qui ont raconté leurs batailles, chanté leurs exploits, dressé la liste de leurs reines. Il faut lire le récit chez Plutarque (Thes., 27, 3-7) de l’attaque d’Athènes par les Amazones. On y apprend avec précision la position de leur armée, les péripéties de la bataille : le récit minutieux crée l'illusion d'une chronique authentique. Trogue Pompée transmet une liste de reines : à Marpesia et Lampeto, qui dirigent leurs troupes à tour de rôle, succèdent Orithyia et Antiopè (Orose, 1, 15, 4 ; Justin 2, 4, 12 ; 17 ; 20 ; 31). Antiopè est enlevée par Thésée, ce qui provoque l’invasion de l’Attique et la guerre contre les Athéniens. Les sœurs d’Antiopè sont Mélanippè, captive d’Hercule, et Hippolytè, qui épouse Thésée. Vient ensuite Penthésilée (Justin 2, 4, 31) : elle fait alliance avec Priam contre Achille. Est-ce à Hippo (Hippolytè) qu’Héraklès devait, sur l’ordre d’Euristhée, arracher sa ceinture, à moins que ce ne fût la ceinture d’Orithyia ? Peu importe ; c’était en tout cas la ceinture de fer de la reine [7], insigne prestigieux qui est un symbole du pouvoir tout comme le serait un sceptre. Pour de nombreuses Amazones nous ne connaissons que des noms, inscrits sur les peintures de vases. Le LIMC (s.v. Amazones, p. 653) en fait la recension et en énumère 65. Leur étymologie montre qu'ils expriment fidèlement la personnalité mythique de ces guerrières à l’arc infaillible et au cœur inébranlable [8]. Bien sûr, on ne saurait à notre époque être dupe de ces listes établies par les mythographes anciens. Ce sont probablement des constructions littéraires artificielles. De la même façon et dans le même esprit, Tite-Live nous transmet la liste des rois d’Albe que personne ne reconnaît comme authentique ; et pourtant l'on peut en tirer quelques faits vrais.

Leurs exploits guerriers

Mais cela aboutit à ce que leur existence, loin d’être mise en doute par les auteurs anciens, prenne un caractère quasi officiel : elles s'intègrent ainsi réellement à la culture grecque. Leurs tombeaux émaillent l’Attique, la Béotie, la Thessalie [9]. On leur attribue exploits militaires, fondations de villes et de cultes [10] ; on célèbre des fêtes en leur honneur : ainsi Plutarque (Thes., 27, 7) mentionne le sacrifice offert à Athènes en l’honneur des Amazones avant les fêtes de Thésée, héros fondateur... alors même qu’elles sont présentées souvent comme hostiles aux peuples grecs. Elles affrontent des héros célèbres [11] : Bellérophon (Iliade, 6, 186), Dionysos, Héraklès, Thésée... On raconte qu'elles ont combattu contre des peuples d’Asie Mineure menés par Héraklès (associé à Thésée), puis contre les Athéniens conduits par Thésée seul. Elles remportent des succès, même si l’iconographie grecque ne montre que des Amazones vaincues. Héraklès, disait-on, leur avait abandonné toute l’Asie. Et Achille en personne tue, devant Troie, Penthésilée dont il tombe amoureux trop tard...  La tradition veut que les Grecs les aient défaites à la bataille du Thermodon en Cappadoce... Le thème artistique de l’Amazonomachie (Amazonomachie d’Héraklès associé à Thésée sur les bords du Pont-Euxin ; Amazonomachie troyenne où s’affrontent Penthésilée et Achille, Amazonomachie contre les Athéniens), connu avant 525, a joui d’une grande fortune.

Puis les Amazones cessent de faire parler d’elles car on ne connaît plus, jusqu’à Alexandre le Grand, que Thalestris qui fut sa maîtresse parce qu’elle en espérait un fils... (Diod. Sic. 17, 77, 1-3 ; Arrien 7, 13, 3 ; Quinte-Curce 6, 5, 24-32 ; Justin 12, 3 ; Plut., Alex., 46, 1 ; cfr note 3)

Fondatrices du culte d’Éphèse

Ces redoutables guerrières ont fondé villes et cultes. La plus remarquable de leurs fondations légendaires était probablement, à Éphèse, le culte d’Artémis dont elles auraient été les premières prêtresses : La ville d’Éphèse devait son nom au fils d’une Amazone. Elles auraient créé, à une époque mythique, quand il n'y avait pas encore de sanctuaire ni même d'autel, le rituel qui était célébré tous les ans au temple. C’est ce que dit Callimaque, l’auteur des Aitia, le très érudit conservateur de la Très Grande Bibliothèque d’Alexandrie. Qui mieux que Callimaque pouvait être informé sur ces traditions, lui qui avait à sa disposition toute la documentation disponible dans le monde antique en son temps ?

Légende et rituel éphésiens sont évoqués dans son Hymne à Artémis [12] :

 

« Jadis, sur le rivage d’Ephèse, les Amazones, fanatiques guerrières, ont dressé ton idole au pied d’un hêtre élevé. C’est Hippô (= Hippolyte) qui a célébré le rituel ; et ses compagnes, ô Maîtresse Oupis [13], ont dansé autour de toi la prulis, la danse des boucliers, en armes ; puis, en cercle, elles ont formé le chœur. Les flûtes au son léger et aigu rythmaient leurs pas, leur faisant marteler la terre en mesure... Et l’écho résonnait jusqu’à Sardes, jusqu’au pays du Bérécynthe. Leurs pieds claquaient comme des castagnettes (première manifestation artistique connue de “ claquettes  ”?) ; leurs carquois s’entrechoquaient [14]... »

 

La tradition prétend que le premier temple d’Artémis éphésienne fut fondé par la reine des Amazones Hippo ou Hippolyté, sa première prêtresse. Cette tradition n’est pas incompatible avec celle de l’oikistès Androcles : Androcles aurait fondé la colonie ; les Amazones, le culte d’Artémis. Un second temple fut construit, en partie grâce à la libéralité de Crésus. Sa construction demanda 120 ans. Il ne fut achevé que vers 540 ; ce monument nouveau mérita de compter d’emblée parmi les sept merveilles du monde.

Le concours d’Ephèse

Or les Amazones deviennent, vers 540 a.C., à l'achèvement du sanctuaire et à l'occasion de sa dédicace, un thème de compétition artistique.

Pour célébrer la consécration du temple une fois qu’il fut terminé, on créa une sorte de concours international de sculpture imposant comme thème « une Amazone ». Le jury était formé des artistes eux-mêmes que l’on invita à primer l’œuvre la plus belle. Ce furent celles qu'ils désignèrent comme second choix qui furent classées, chacun des membres du jury ayant mis évidemment son œuvre au premier rang. Le grand vainqueur de ce concours fut Polyclète, suivi de près par Phidias et Crésilas [15]. Furent quatrième et cinquième un Cydon et un Phradmond dont nous ne savons rien (Plin., H.N., 34, 53 ; 75).

Crésilas choisit de représenter aussi une Amazone blessée. On pense à juste titre que les nombreuses statues d’Amazones qui nous ont été transmises sont des copies de ces œuvres prestigieuses, sans qu’on puisse identifier avec certitude les auteurs des œuvres originales (M. Weber n 10), malgré des tentatives de grand mérite. Le LIMC dénombre 28 copies romaines de l’Amazone dite « de Sosiclès » (Phidias en serait l’auteur ?), 19 copies romaines de l’Amazone dite « Sciarra » (imitant celle de Polyclète ?) [Fig. 3] ; 8 copies romaines de l’Amazone dite « Mattei » (Crésilas ?).

 

 

Fig. 3. Amazone dite « Sciarra »
Source : Gypsothèque de Strasbourg

 

Les originaux ont été probablement déposés dans le sanctuaire et offerts à l’admiration et à la vénération des pèlerins [16]. Aussi célèbres que la tour Eiffel, Big Ben ou la statue de la Liberté, ils ont beaucoup contribué à accréditer l’authenticité de ce groupe humain mythique. On remarquera d’ailleurs que les statues qui nous sont parvenues respectent toutes un canon identique : elles sont représentées debout, portant les mêmes sortes de vêtement (la tunique courte des jeunes filles spartiates), le (ou les) sein(s) nu(s), lance à la main, ayant toutes à peu près la même pose. Différentes des barbares nordiques en caleçon « ethnique » et bonnet pointu qui sont si souvent peintes sur les vases, ce sont des femmes puissantes, aux formes pleines.

Le concours de sculpture fut doublé d'un concours de poésie dont parle Macrobe (Sat., 5, 22, 4), qui cite Alexandre l'Étolien La dédicace du temple éphésien est en somme, outre une réussite architecturale, un quadruple événement : religieux, poétique, plastique, politique... La construction du temple, à frais communs (Liv. 1, 45, 2), a soudé la communauté des peuples ioniens. Crésus, qui avait d'abord résolu de raser la ville, s'est impliqué dans l'achèvement du sanctuaire qu’il a comblé de dons... Cet événement a eu nécessairement un écho en Provence, en Étrurie, en Italie, à Rome même... Comment ces régions, qui ont tant de liens, commerciaux et autres, avec l'Attique, auraient-elles été tenues à l'écart d'une aussi formidable marée de légendes, d'images ?... Le culte de la grande déesse Éphésienne s'est implanté sur tout le pourtour méditerranéen, à Cumes, à Phocée en Tarraconaise, aux Bouches du Rhône, à Sagonte...  jusqu'en Espagne [17]. Artémis est connue en Étrurie, à Caere, Vetulonia, Véies... dès le 7e siècle, sous les noms d’aritimi, em, artam, artume [18]. Y était-elle toujours accompagnée de ses belliqueuses prêtresses ? Notre information sur ce sujet est presque inexistante.

 

Présence amazonienne en Méditerranée occidentale ? 

Les répliques occidentales d'Artémis Ephésienne

On sait que des réfugiés venus d'Ionie installèrent sur le site de Marseille, vers 545 a.C., une copie de la statue de culte dédiée à Artémis dans son magnifique temple d'Ephèse. Une dame d'Éphèse, Aristarchè, qui accompagnait la déesse et les futurs colons, en devint la première prêtresse marseillaise : elle assurait ainsi la continuité du culte ionien. Quelle place laissait-elle aux Amazones des premiers temps ?

À Rome même, Servius Tullius se serait inspiré du culte éphésien pour fonder sur l'Aventin un temple dédié à une Diane fédérale, dont l'image de culte était une copie de l'Artémis marseillaise, donc, indirectement, de l'Éphésienne : c'est ce que disent Tite-Live (1, 45) et Strabon (4, 1, 5), qui tient une partie de ses informations d’Artémidore l’Éphésien en personne. L'intention du roi était d'unir les Latins en leur demandant de bâtir le temple de l'Aventin « à frais communs » : il donnait en exemple le temple d'Artémis Éphésienne bâti « à frais communs » par les peuples ioniens. Il n'y est pas question d'Amazones.

Nous n'avons aucun indice que les Amazones aient joué un rôle dans ces répliques du culte éphésien. C'est ailleurs que leur présence est suggérée. Nous laisserons de côté la simple association de chevaux à des figures féminines [19]. Les images de la potnia hippôn sont nombreuses dans le monde antique, mais n'ont pas nécessairement de lien avec les Amazones. Les Amazones sont des guerrières en armes.

Bribes de légendes amazoniennes en pays latin

S'il subsiste quelques traces des Amazones dans la tradition latine en Italie centrale, elles exigent d’être déchiffrées : elles ne sont guère explicites. Les éléments que nous récoltons ici ou là ne sont que les vestiges de traditions usées.

Virbius-Hippolyte à Aricie

Ainsi en va-t-il de l'Hippolyte aricin (Ov., F., 3, 263 ; Metam., 15, 489-546 ; Verg., Aen., 7, 761-782). À Aricie, un des antiques lieux sacrés de la Ligue Latine, Diane avait un parèdre appelé Virbius [20], qui, selon la tradition, n'était autre qu'Hippolyte, le fils de Thésée et d'une Amazone (Hippolytè ?). Ce nom est typiquement amazonien. Esculape l'avait ressuscité, disait-on, sur la rive d'un fleuve de Laconie appelé également Virbius. F. Altheim [21] soutenait (et J. Heurgon approuvait son analyse) que ce nom de Virbius était un équivalent phonétique de hippos, le cheval, ce qui étaie l'assimilation de Virbius à Hippolyte, le fils de l'Amazone.

Or c'est Hippolyte-Virbius qui a apporté de Tauride à Aricie la statue d'Artémis qu'il a volée et dissimulée dans un fagot, d'où l'épiclèse de Fascelitis ou Facelitis [22] donnée à la Diane Aricine. Cette légende peut être rapprochée d'un rituel grec mystérieux : une chaîne religieuse faisait passer de peuple en peuple (des Hyperboréens, peuple mythique au nord de la Grèce, jusqu'aux habitants de Délos) des offrandes sacrées enveloppées dans de la paille de blé, en l'honneur d'Oupis-Artémis (Callimaque, Hymnes, 4, à Délos, 283). La légende de Virbius rattachait, de manière un peu forcée, à un rituel délien et apollinien (Délos avait aidé Latone à mettre au monde Apollon et Artémis) le culte occidental d'une Diane-Artémis aricine. Que la paille de blé du rite délien soit devenue des fagots en pays latin résulte peut-être d'une lecture approximative de l'imagerie religieuse qui n'était pas forcément très habile.

Pour jauger la valeur de ces fragments mythiques, deux attitudes sont possibles : soit conclure à une élaboration tardive, érudite et artificielle d'une légende qui n'a ni cohérence ni intérêt apparent, soit au contraire estimer qu'une tradition très ancienne s'est mal conservée et a perdu son unité originelle. Certes c'est une étrange idée que de faire venir Hippolyte à Aricie après sa mort et sa résurrection. Cela le relie néanmoins, de manière elliptique (à cause de la pauvreté de nos sources ?), aux légendes amazoniennes, à Artémis-Diane : on connaissait sinon les Amazones, en tout cas le fils de l'Amazone, en ce centre fédéral archaïque de la Ligue Latine.

Diana Tifatina en Campanie

Fig. 4. Diana Tifatina en « amazone »

Une autre voie facilitait la pénétration du thème amazonien en Italie centrale : en Campanie, sur le mont Tifata, près de Capoue, un temple était dédié à Diane, Diana Tifatina [23]. De nombreux antéfixes trouvés sur ce site représentent indiscutablement une Amazone montée, dans la posture dite précisément « en amazone » : elle est assise sur la croupe du cheval, les deux jambes du même côté [Fig. 4]. Par l'intermédiaire de la Campanie, par le culte de cette Diana Tifatina, les Romains pouvaient avoir eu connaissance des Amazones : le nom de Tifata désignait dans le Latium l’une des villes anciennes disparues énumérées par Pline ; et, à Rome même, il existait une Tifata Curia et une Mancina Tifata (Paul., s.v. Tifata, p. 503 L.) Cela ne prouve pas que les Romains aient jamais accueilli des Amazones ou cru à leur existence, mais qu'ils avaient la possibilité de le faire.

Cloelia in summa Sacra Via

Quant à l'histoire de Clélie, elle est devenue franchement incohérente, à cause sûrement du travail de normalisation que les Anciens lui ont fait subir. Il en existe plusieurs versions qui sont incompatibles [24]. D’après la plus répandue, Clélie, prisonnière dans le camp de Porsenna, roi de Clusium, allié de Tarquin le Superbe, s'évade et traverse le Tibre (à la nage ?), entraînant avec elle les autres otages romains. Le roi étrusque, plein d'admiration pour cet exploit sportif, offre à Clélie un cheval. Et les Romains, alors même que la plupart des versions ignorent si elle sait seulement monter, la gratifient d'une statue « équestre » en bronze (Dion. Hal. 5, 35, 2), hommage dont le caractère exceptionnel, même quand il s'adresse à des hommes, est souligné par Tite-Live (Liv. 2, 13, 11 ; Dion. Hal. 5, 35, 2 ; Sen., Marc., 16, 2 ; de Vir. ill., 13, 4). Cette statue fut érigée in Summa Sacra Via. Cet endroit, bien défini par les Anciens [25], est particulièrement prestigieux parce qu'il est chargé de souvenirs archaïques et religieux : il se trouve en face du temple de Jupiter Stator (à l'emplacement de l'actuel temple « di Romolo », ce Romulus étant le fils de l'empereur Maxence), près du temple de Vesta et de la vieille porte Mugionia, par laquelle passaient les troupeaux « mugissant » quand ils allaient à leurs pâtures. La Summa Sacra Via donnait accès au palais royal des deux Tarquins, ce qui faisait de la statue un monument à la fois public et privé, puisque, selon Pline, elle se trouvait dans le uestibulum de Tarquin le Superbe (Plin., N.H., 34, 29 ), autant dire dans son antichambre. Les rois étrusques de Rome ont des goûts artistiques qu'ils doivent à leur patrie d'origine. Tarquin l'Ancien était le fils de Démarate de Corinthe, venu s'installer en Etrurie, accompagné d'artistes coroplastes (Eugrammos, le « bon dessinateur » ; Eucheir, celui qui « se sert adroitement de ses mains » et Diopos, le « maître d’œuvre » ? ; Plin., N.H., 35, 152) [26].

N'a-t-on pas donné à une statue d'Amazone une interprétation fallacieusement « historique » comme les Romains l'ont fait pour Mucius Scaeuola et Horatius Cocles, héritiers du dieu Manchot et du dieu Borgne indo-européens, dont G. Dumézil a proposé une interprétation très brillante ?. Il est tentant de voir dans ce récit un amalgame entre un exemplum illustrant le courage des jeunes filles romaines et un monument exotique incompris. Cette statue avait peut-être été conquise à la suite d’une guerre, part de butin revenant au chef (manubiae [27]), érigée dans le uestibulum, où la clientèle de Tarquin se rassemblait pour la salutatio. Avec la même désinvolture les Romains ont décoré le fronton du temple d'Apollon d'une sculpture du 5e siècle a.C. prise à un temple de Grande Grèce : elle représentait une Amazonomachie. Le roi ou le général avait à cœur d'ériger, avec ses manubiae, des monuments publics [28], rappelant à tous ses exploits. Il est certain que cette statue a existé, qu'elle était érigée in summa Sacra Via, à l'emplacement du palais des Tarquins ; et il est non moins certain qu'on ne peut se satisfaire de la pauvre explication qu'en donnent les Anciens. Les Romains trahissent, par leur interprétation inconsistante, leur absence d'intérêt pour ce monument.

Les « Saliae uirgines »

Pourtant désireux d'observer scrupuleusement des rites dont ils ont parfois oublié totalement le sens et qui sont devenus obsolètes, les Romains ont conservé dans leur culte au moins une référence aux Amazones. Il s'agit d'une cérémonie qu'on célèbre dans la chapelle d’Ops, à la Regia (Ops partage la Regia avec Mars qui y a une chapelle aussi. Il n'y a pas d'autre divinité honorée en cet endroit), dans un lieu si ancien et si vénérable que les Romains, chaque fois que la Regia a été détruite par des incendies ou des inondations, l'ont scrupuleusement restaurée. Quant à Ops, c'est une Grande Mère, peut-être l'hypostase de la Grande Mère éphésienne, Artémis, dont l'épithète de culte, Oupis, a été conservée par Callimaque [29].

Festus, citant presque textuellement Cincius (Lucius Cincius Alimentus, annaliste, antiquaire et jurisconsulte, préteur en Sicile en 209 av. J.-C.) et Aelius Stilo (Aelius Praeconinus Stilo, grammairien ; Fest., s.v. Salias uirgines, p. 439 L.), affirme qu’on payait des femmes (conducticiae), les Saliae uirgines, qui étaient accoutrées comme les Saliens (ad Salios, in modum Saliorum), avec paludamentum et apex, pour leur faire célébrer un rituel à la Regia, en présence du grand pontife. Le rituel ne nous est pas connu ; mais la présence du grand pontife nous garantit que la cérémonie est tout à fait officielle et contrôlée par l'État. Le paludamentum est un vêtement guerrier ; l’apex désigne soit la coiffure des flamines et des Saliens, soit le cimier du casque auquel était attachée une crinière en crin de cheval, ce qui en fait encore un emprunt au costume militaire. Ces femmes jouaient-elles le rôle des mythiques guerrières, des Amazones, qui avaient fondé le plus ancien culte d’Éphèse voué à Artémis, et en étaient les prêtresses quand la déesse portait encore le nom d'Oupis ? : les Saliae uirgines étaient-elles embauchées, de manière ponctuelle, comme prêtresses amazoniennes d’Ops, qui est elle-même une variante d'Artémis-Oupis, de la Grande Mère orientale ?

Pourquoi, dans ce cas, ne forment-elles pas un collège permanent ? À cause de la répulsion éprouvée par les Romains à l’égard d’un culte étranger qui leur paraît contre nature. Les Amazones sont pour eux une aberration, d’où leur désir de ne pas donner un statut à leurs remplaçantes, les Saliae uirigines : ce qui laisse supposer qu’ils observent par nécessité les pratiques d’un culte « qui n’est pas de chez eux » et cette constatation donne quelque vigueur à l’idée que ce culte, d'abord privé, devenu ensuite culte public à la mort du roi, pourrait leur avoir été transmis par un de leurs rois (un roi étrusque ?), puisque la prudence interdit de laisser un culte tomber en déshérence [30] : ce serait irriter la divinité qui en est l'objet. On conserve donc l’essentiel de la pratique religieuse en la réduisant au minimum.

Rome agit de même lorsque le Censeur Appius Claudius Caecus « nationalisa » en 312 a.C. à l'Ara Maxima le culte d'Hercule (Fest., s.v. Potitium, p. 270 L.), qui était d'origine phénicienne [31] : un des collèges sacerdotaux qui en étaient chargés, celui des Potitii, accepta de le vendre à Rome ; il fut assuré désormais par des esclaves publics : forme de culte au rabais, célébré seulement sous une forme minimale. Les prêtres y portaient une tunique plissée à larges manches, costume « efféminé », ce qui suscitait autant d'aversion que le style trop viril des Amazones. Telle sera plus tard encore l’attitude romaine à l’égard de la Grande Mère de Pessinonte (On l'appelle aussi déesse Idéenne, Cybèle, Magna Mater), qui n'est acceptée en 204 a.C. à l’intérieur du pomerium que parce qu’elle est la divinité des ancêtres troyens de Rome. Elle conserve son collège de Galles châtrés et ses cérémonies, dont on contrôle et relègue le plus possible l’exotisme à l’intérieur du temple et de son enceinte en assurant à la divinité, parallèlement, un culte décent, à la romaine, sous l’autorité du préteur.

 

À Rome, la récolte des vestiges amazoniens est très maigre. Les Romains ne se sont jamais battus contre les guerrières montées venues du Nord. S'ils connaissent leur existence, c'est peut-être grâce au célèbre temple campanien de Diana Tifatina. Ayant sous les yeux une statue équestre de femme, celle dite de « Clélie », ils n'y voient pas une Amazone, mais une héroïne au grand cœur, d'une normalité rassurante. Ils acceptent facilement le fils aricin de l'Amazone, Hippolytè, car ils peuvent ignorer sa mère. Pourtant ils sont bien obligés, pour perpétuer le culte d'Ops, hypostase d'Artémis, culte que leur ont sans doute laissé leurs rois, de le célébrer, comme dans les temps anciens, avec le concours d'Amazones-prêtresses de comédie, au rôle intermittent.

 


Notes

[1] M. Capdeville,  « La jeunesse de Camille », Actes du colloque de Montpellier de 1991, MEFRA, 1992, 94, p. 303-338.

[2] K. Dowden, « The Amazons, Development and Functions », Rheinisches Museum für Philologie, n.s. 140, 1997, p. 106.

[3] M. Daumas, « Alexandre et la reine des Amazones", REA, 94, 1992, p. 353 ; et n. 23 ; p. 340-350.

[4] P. Devambez, « Les Amazones et l’Orient », R.Arch., 1976, p. 265 et n. 1 ; R. Ghirshman, Le manuscrit de Roman Ghirshman (publication posthume), Éditions : Recherche sur les civilisations, Paris, 1983, p. 28, 50..

[5] J. Davis-Kimball, « Warrior Women of the Eurasian Steppes », Archaeology, Boston : Archaeological Institute of America, p. 46. Les nomades étudiés par J. Davis-Kimball vivaient dans la région de Pokrovka, à l’est du Don et de la Volga, aux frontières du Kazakhstan, loin du territoire qu’on attribue traditionnellement aux Amazones et qui englobe les environs du Caucase et le sud du Pont-Euxin), mais ils fournissent le modèle d’un peuple faisant une large place à des femmes-guerrières jouissant d’un statut social élevé, gouvernantes et reines.

[6] Ch. Dugas, « L’évolution de la légende de Thésée », REG, 56, 1943, p. 1-24.

[7] R. Ghirshman [cfr note 4],  pl. 3, 2, donne une reproduction d’une large ceinture de fer trouvée à Gordion et parfaitement conservée.

[8] M. Tichit, « Les Amazones : étymologie, éponymie et mythologie », RPh, 65, 1991, p. 229-242. L’auteur ajoute environ treize noms puisés chez Diodore, Bibl. hist., 4, 16.

[9] Tombeaux (Amazonia) d’Antiope (Paus. 1, 2, 1) et de Mopaldia à Athènes, tombeaux à Mégare (Paus. 1, 41, 7), de Myrrhinè et de Batieia à Troie ; en Béotie, tombeau des Amazones tombées à la bataille de Chéronée près de la rivière Haimon (anciennement Thermodon) ; tombeaux à Chalcis, en Thessalie (à Skotoussa, à Cynoscéphales ; Plut., Thes., 27), Ténare etc. F. Pfister, Der Reliquienkult im Altertum , 2, Giessen, 1912, p. 127, 281 ; K. Dowden, « The Amazons » [cfr note 2], p. 117-119.

[10] Elles auraient fondé Smyrne, Cymè, Myrrhinè, Paphos, fondations attribuées à la reine Myrrhinè des Amazones de Libye par Diod. 3, 55, 6-7 ; P. Devambez, « Les Amazones » [cfr note 4], p. 267-276 ; M. Weber, « Die Amazonen von Ephesos », JDAI, I, 91, 1976, p. 28-96 ; II, in JDAI, II, 99, 1984, p. 75-126. Le culte du sanctuaire d’Éphèse est fondé par la reine Hippo ou Hippolytè ; Pausanias 7, 2-7.

[11] Ch. Picard, « L’Ephesia, les Amazones et les abeilles », REA, Mél. Radet, 42, 1940, p. 284.

[12] F. Bornmann, Callimachi Hymnus in Dianam, Florence, 1968, p. XXIII. Callimaque appartient au 3e siècle a.C. : il est mort vers 240 a.C.

[13] Oupis Anassa ; Call., Hymne à Artémis, 240. Cette épiclèse n’apparaît que dans le culte éphésien ; F. Bornmann, in Dianam [note 12],  p. 116, ad v. 240.

[14] C. Talamo, «  Sull’Artemision di Epheso », PP, 216, 1984, p. 199-200.

[15] Ch. Picard, Manuel arch. gr., la sculpture, II : période classique, p. 300, 515, 605 ;  Phidias est mort en 432. La statue chryséléphantine d’Athéna, dont le bouclier représentait une « Amazonomachie », fut consacrée en 438. Polyclète est un peu plus jeune que Phidias. Nous ne savons pas grand-chose de Crésilas. -- Le texte de Pline suggère que le thème du concours était seulement « une Amazone »; et que l’Amazone de Crésilas était une Amazone blessée. De fait, parmi les statues que nous avons conservées, il en est une qui représente l’Amazone contemplant trois gouttes de sang perlant sur son corps...

[16] P. Devambez, «  Le groupe statuaire des Amazones à Ephèse », CRAI, 1976, p. 162-163.

[17] M. Gras, Rome et la Méditerranée archaïque, Paris, 1995, p. 103. 

[18] A. J. Pfiffig, Religio Etrusca, Graz, 1975, p. 268-269.

[19] Antéfixes du temple B à Pyrgi ; M. Verzar, « Pyrgi e l’Afrodite di Cipro : Considerazioni sul programma decorativo del tempio B », MEFRA, 92, 1980, 1, p. 54-84.

[20] G. Wissowa, Religion und Kultus der Römer, Munich, 2e éd. 1912, p. 249 et n. 2 ; K. Latte, Römische Religionsgeschichte, Munich, 1960, p. 170 et n. 3 ; G. Dumézil, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, p. 397 et n. 4.

[21] F. Altheim, « Griechische Götter im alten Rom », Religionsgeschicht. Versuche und Vorarbeiten, Giessen, 22, 1, 1930, p. 93-172 ; J. Heurgon, Recherches sur l'histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine, Paris, 1942, rééd. 1970, p. 304-306 ; G. Radke, Die Götter Altitaliens, Munster, 1965, s. v. Virbius.

[22] Serv., ad Aen., 2, 116 : cf Hygin., Fab. 261 ; G. Radke, Die Götter Altitaliens [note 21], s.v. Fascelitis, rapproche l’épiclèse Fascelitis d’un mot grec phaskelos, qui signifie « fagot ».

[23] F. Lenormant, « Diane Tifatine, antéfixe de Capoue », Gazette archéologique, 7, 1881-1882, p. 83, avec photographie ; ill. dans Dict. des Ant. Daremberg-Saglio, s.v. Diana ; J. Heurgon, Recherches sur l'histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine, Paris, 1942, rééd. 1970, pl. VI ; B. Liou-Gille, « Ops, une Magna Mater méconnue ? Légendes orientales dans la Rome archaïque», P.P., 2002, 57, p. 161-195.

[24] R.M. Ogilvie, A Commentary on Livy I-V, Oxford, 1970 (1ère éd. 1965), p. 267 (ad Liv.. 13, 6, 11).

[25] F. Coarelli, Il foro romano, I, Rome, 1983, p. 11-26.

[26] C. Ampolo, « Demarato. Osservazioni sulla mobilità sociale arcaica », DdA, 9-10, 1976-1977, p. 333-345.

[27] F. Coarelli, Guide archéologique de Rome, éd. ital. Rome / Bari, 1980 ; éd. française, revue et augmentée, Paris, 1994, p. 192 ; E. La Rocca, « La decorazione frontonale del tempio di Apollo Sosiano », Arch. Laz. II, Quaderni del centro di studio per l’archeol. etr.-ital., 1979, p. 75-76.

[28] B. Liou-Gille, « Le butin dans la Rome ancienne », La Rome des premiers siècles, légende et histoire; actes de la table ronde en l'honneur de Massimo Pallottino (Paris 3-4 mai 1990), Florence, 1992, p. 155-172 ; Dion. Hal. 5, 35, 2.

[29] La longueur de la voyelle initiale, brève dans le nom d'Ops, longue dans celui d'Artémis-Oupis, fait difficulté ; G. Capdeville, « La jeunesse de Camille » [note 1], p. 303-338 et n. 8. Dans ce long voyage qui amène la déesse d'Éphèse à la Méditerranée occidentale, à travers des populations très diverses (Grecs, Étrusques, Latins...), on peut admettre, je pense, que son nom ait été altéré.

[30] Cultes familiaux qui souvent obèrent fortement l'héritage ; réduction des thiases bacchiques à cinq participants, mais avec le souci de maintenir le culte pour l'essentiel etc.

[31] R. Rebuffat, « Les Phéniciens à Rome », MEFR, 78, 1966, p. 7-48 ; D. van Berchem, « Sanctuaires d'Hercule Melqart ; contribution à l'étude de l'expansion phénicienne en Méditerranée », Syria, 44, 1967, p. 73-109.


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 11 - janvier-juin 2006

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