FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 10 - juillet-décembre 2005
L’Augusteum de la caserne des vigiles d'Ostie
Analyse d’un temple du culte impérial
François-Dominique DELTENRE
(2
e licence en Histoire - Université de Louvain)[Note de l'éditeur (7 octobre 2005) : Il s'agit d'un travail réalisé dans le cadre du Séminaire d'Histoire de l'Antiquité (prof. Fr. Van Haeperen), dont le sujet était en 2004-2005 « Les cultes et sanctuaires d'Ostie ».]
II. La caserne des vigiles d’Ostie
1. Les vigiles à Ostie, contexte historique général
3. Bref historique de l’édifice
B. Insertion dans l’espace de la caserne
C. Historique de l’Augusteum : datations, transformations
D. Le pourquoi des modifications, les conséquences des datations
E. Attribution du lieu de culte
F. Typologie de ce temple et précautions dans les comparaisons
G. La question des bases de statues impériales
1. Sources
2. Travaux
Annexe 1 : Plan de la caserne des vigiles
Annexe 2 : les phases de construction de la caserne d’Ostie
Le site archéologique d’Ostia Antica présente incontestablement un grand intérêt pour l’historien de la religion romaine. Il suffit de compter le nombre de lieux de culte que les fouilleurs successifs ont identifiés pour mesurer la richesse de la matière à disposition dans cette cité. Car les différents lieux de culte surgissent partout dans la ville : au détour d’une rue, sur une place, voire dans des édifices dont la fonction première ne laisserait pas deviner de prime abord la présence d’un tel espace. Tel est le cas de l’Augusteum de la Caserne des Vigiles, qui s’élève au cœur même des bâtiments destinés au logement des gardiens du feu de l’époque. Cet espace attire légitimement l’attention grâce aux nombreuses inscriptions retrouvées, et à l’état général de conservation du lieu. Fort de ces qualités, l’Augusteum d’Ostie peut légitimement prétendre à une place de choix dans les lieux de culte italiens que nous a révélés l’archéologie. J. Scheid n’hésite d’ailleurs pas à en parler comme « l’Augusteum italien le mieux connu »[1]. Toutefois, de telles qualités, si elles sont unanimement reconnues, n’ont pourtant jamais été valorisées. La plupart des publications parlent de la caserne en général, en se contentant d’une description, plus ou moins longue selon les cas, de l’Augusteum. Même la « somme » monumentale de R. Sablayrolles sur les vigiles ne fait pas exception. Dès lors, quiconque s’intéresse à la religion romaine reste sur sa faim devant un tel cas inexploité. D’autant plus que les perspectives qu’il ouvre sont loin d’être négligeables. L’emplacement des différentes inscriptions et l’agencement général de l’Augusteum sont tout à fait propices à une étude de la conception romaine d’un espace cultuel. Au-delà de la simple description du lieu et des quelques pauvres informations factuelles que nous apportent les inscriptions, une analyse interne de l’espace de l’Augusteum nous permet d’ouvrir une fenêtre sur ce qui est le plus difficile pour un historien de la religion, « la découverte du point de vue intérieur de ceux qui pratiquent une religion ou réflechissent sur elle »[2]. Plus précisément, l’objectif de notre courte étude sera de décrypter le sens d’une organisation spatiale qui ne saurait être le fruit du hasard. En effet, comme le précise fort bien J. Scheid, « les espaces cultuels offrent un témoignage éclairant des sens implicites du rite, car leur aménagement n’est pas seulement un exercice d’architecte, mais peut également traduire des préoccupations rituelles. Ils sont le résultat matériel de conduites et de pratiques rituelles imposées par des règles écrites ou non. Et comme c’est courant dans une religion ritualiste, ces pratiques construisent implicitement une représentation de l’ordre des choses, notamment de la hiérarchie des êtres vivants »[3]. Notre analyse tentera donc de mettre en évidence cette hiérarchie avec, pour conséquence, quelques précisions dans l’attribution exacte de l’Augusteum.
II. La caserne des vigiles d’Ostie
1. Les vigiles à Ostie, contexte historique général
Le rôle particulièrement important d’Ostie en tant que port de Rome et clé de son ravitaillement explique aisément la nécessité de la présence dans la ville d’un certain nombre d’infrastructures liées à la sécurité de la cité et de ses installations. La caserne des Vigiles en fait partie. Les empereurs ont vite compris que la ville devait être dotée d’une unité de lutte contre l’incendie. Auguste envoya pour remplir cet office une cohorte prétorienne.
Claude en fit autant, comme l’indique un passage de Suétone : « Il établit une cohorte à Pouzzoles et une cohorte à Ostie pour prévenir les risques d’incendie " (Puteolis et Ostiae singulas cohortes ad arcendos incendiorum casus collocavit)[4].
C’est Domitien qui, le premier, installa un service régulier de vigiles à Ostie. Nous le savons grâce aux fouilles de F. Zevi : les données stratigraphiques, topographiques et épigraphiques prouvent qu’avant le bâtiment dont les vestiges sont visibles aujourd’hui, il existait déjà une caserne réservée aux vigiles[5]. Un service permanent est donc en place dès le premier siècle. Mais c’est sous les Sévères que la caserne d’Ostie connut son apogée, la nouvelle dynastie favorisant particulièrement ces troupes (cfr. Supra).
La cohorte casernée à Ostie ne restait pas la même indéfiniment. Les soldats des vigiles « descendaient »[6] à Ostie aux ides de décembre, avril, août et « remontaient » à Rome quatre mois plus tard quand arrivait la relève.
Les vigiles effectuaient des patrouilles dans la ville, aussi bien pour prévenir les incendies que pour assurer des fonctions de police et peut-être même surveiller l’acheminement des denrées vers Rome[7].
La fin de l’histoire des vigiles à Ostie se situe au IIIe siècle où la caserne fut abandonnée[8], peut-être à cause du manque d’effectifs disponibles.
2. Description générale [9]
La caserne des vigiles, qui se situe directement au nord des thermes de Neptune, se présente sous la forme d’un bâtiment rectangulaire dont le long côté s’étend d’ouest en est. Une cour rectangulaire à portique s’étend sur les deux tiers de la longueur de l’édifice.
Tout le long du mur d’enceinte de la caserne sont réparties un grand nombre de petites pièces qui avaient différentes fonctions dont celle, bien sûr, de dortoir des vigiles. A l’ouest de la cour à portique se trouve un ensemble de pièces qui sépare la caserne en deux au point de vue de la communicabilité. En effet, toutes les pièces autour de la cour à portique communiquent directement avec elle, tandis que celles qui se trouvent derrière cet ensemble de bâtiments donnent sur une autre cour, beaucoup plus petite, et celle-ci ne communique avec la cour -qu’on peut qualifier de principale- qu’au moyen de deux sortes de corridors. Cet ensemble de bâtiments est lui-même divisé en deux parties, l’une à l’est orientée vers la cour principale et l’autre à l’ouest vers la petite cour. La partie occidentale est composée de cinq petites pièces assez semblables à celles qui ceinturent tout l’édifice, tandis que la partie orientale est composée de trois pièces, celles au nord et au sud étant de même taille. Celle se trouvant au milieu est l’Augusteum.
La caserne comporte trois entrées : deux au nord et au sud de l’édifice, situées au tiers environ de la longueur du bâtiment ; une troisième enfin, l’entrée principale, se trouve au milieu du mur oriental de la caserne.
3. Bref historique de l’édifice
L’histoire de la caserne d’Ostie est « sans doute complexe »[10] pour reprendre les mots de R. Sablayrolles. De l’édifice de Domitien, il ne subsiste que des traces révélées par la stratigraphie pratiquée par F. Zevi en 1970. Les deux autres phases de construction sont, quant à elles, connues grâce aux marques de brique et à l’épigraphie. La première phase se situe vers 137-138, à la fin du règne de l’empereur Hadrien. C’est de cette période que datent la plupart des structures de l’édifice. Une seconde phase, entre 138 et la fin du IIe siècle, voit l’ajout de la série de pièces (27 à 19)[11] à l’Ouest de la petite cour (B) et l’installation de deux grands bassins (55 et 56) à l’est du portique de la grande cour (A). Une troisième phase correspond aux constructions de l’époque séverienne, dont certaines concernent directement notre Augusteum (cfr. supra. 4, C : Historique de l’Augusteum : datations, transformations). Enfin, une quatrième et dernière phase correspond à des modifications tardives du bâtiment après 250. Fondamentalement, la plupart des changements opérées au fil du temps sont surtout des ouvertures ou des fermetures de passages entre différentes pièces. Pour un détail de ces évolutions, on se reportera utilement à l’ouvrage de R. Sablayrolles qui fait l’état de la question[12].
Après cette rapide mise en perspective de l’Augusteum dans son contexte historique et architectural, nous pouvons passer à l’analyse de ce lieu de culte en lui-même, en commençant bien sûr par le décrire de manière détaillée.
L’Augusteum se compose de deux parties distinctes.
La première est le vestibule (ou pronaos). Sa façade est composée de deux piliers, et de deux colonnes de marbre. Ces deux colonnes ont conservé leur base attique de marbre blanc. Toutefois, seule une des deux colonnes se dresse encore, bien que brisée à mi-hauteur. De la seconde, il ne subsiste que la base.
Devant chacun des piliers se trouve une base de statue. De gauche à droite, on trouve dans l’ordre les bases de Septime Sévère[13], une base ayant subi la damnatio memoriae, une autre de Caracalla[14] et enfin une de Julia Domna[15]. Il est à noter que la disposition d’au moins une de ces bases était légèrement différente au moment de la découverte comme semble l’indiquer le rapport de Lanciani. En effet, le texte de l’archéologue contient la phrase suivante après la présentation de ces bases de statue : « Il secondo posto doveva verosimilmente essere occupato dal simulacro e dalla base di Geta »[16]. Au premier abord, nous pouvons croire que cette phrase n’est destinée qu’à fournir une hypothèse quant à l’inscription martelée de la seconde base. Mais elle prend un tout autre sens lorsqu’on la met en parallèle avec le croquis présent sur la page suivante du rapport, à comparer avec une photo prise récemment sur le site[17] :
On voit nettement que la base a été déplacée par rapport au lieu de la découverte. Nous y reviendrons plus loin. Mais poursuivons notre description.
Le pronaos mesure 9,68 m de largeur et 4,10 m de profondeur. Il est délimité au nord et au sud par deux murs en brique. Sur le sol, on trouve une mosaïque noire et blanche. Jérôme Carcopino en a fait une excellente description et il nous a paru opportun d’en reproduire ici de larges extraits :
« Elle [la scène] débute à gauche par un homme debout, qui brandit sa hache sur un taureau étendu par terre; [..] une feuille de la couronne qu'on lui avait attachée sur la tête se détache obliquement au-dessous de la corne droite; et une bandelette sacrée s'enroule encore autour d'une de ses pattes de derrière, la gauche. Le taureau s'est abattu d'une masse, sur le flanc droit. Il paraît sans vie. [..] L'homme, glabre, coiffé d'un bourrelet [..] se présente de profil et tourné vers la gauche; il tient de la main droite une hachette, le taillant prêt à s'abattre, le marteau relevé à la hauteur de la tête. [..]
Suit un personnage barbu, de face; nous ne voyons que le haut de son corps : ses jambes sont cachées par le taureau qu'il a poussé devant lui. Il est coiffé, semble-t-il, de la même manière que le personnage précédent, mais autrement vêtu, d'une large blouse, dont la raideur des plis longitudinaux indique qu'elle s'arrêtait peu après, probablement à la hauteur des genoux[..]. Le bouvier de la mosaïque lève de la main droite son aiguillon, comme pour frapper la bête qu'il vient de conduire [..]. Le taureau a été attaché par la corne gauche, sans doute à un anneau fixé en terre devant l'autel, et qui a disparu avec le reste de cette partie de la mosaïque. Mal résignée, la bête essaie de se dégager, s'arc-boute sur ses pattes de derrière, et tire sur sa longe d'un mouvement admirable de naturel. À sa droite, le sacrificateur ou popa. Nu jusqu'au nombril, il est ceint du limus, sorte de jupon transversalement bordé par une étroite bande de pourpre, que le mosaïste a figurée en noir entre deux lignes de cubes blancs, et qu'il a terminée par des franges. [..] Il est armé d'une hache d'une longueur insolite, et dont nous n'apercevons plus que la lame, tournée vers le dehors. [..] Il tourne la tête vers le taureau qu'il est chargé de mettre à mort [..]. [..] L'autel est prêt pour le sacrifice. On a allumé dessus un foyer. Nous avons bien quelque peine à le reconnaître dans l'arc de cercle à cubes noirs séparés par de minces filets de cubes blancs, dont un segment se déploie encore, à droite, sur la corniche. [..]
A droite de l'autel, deux hommes debout, vêtus d'une tunique et d'un court manteau, sont placés côte à côte. Le premier, à qui manque aujourd'hui la tête, était tourné de profil vers la gauche; de sa main droite, il soutient, à bras tendu, la branche d'une double-flûte; de l'autre main, il soutient l'autre branche; mais son bras gauche était plié, en sorte que la branche gauche de la double-flûte s'abaisse, tandis que la droite reste horizontale. Le second, qui a le front ridé et dégarni de cheveux, porte toute la barbe. Sa tête est ceinte d'une couronne de feuillage [..]. Il se présente de trois quarts vers la gauche. L'avant-bras gauche n'existe plus; mais la main droite, tendue dans la direction de l'autel et de la victime, est assez bien conservée; elle tient un objet de forme ovale, probablement une patère [..].
La composition se termine comme elle a commencé, par un victimaire dépeçant une victime. Le taureau de droite est un peu plus gros; il a la queue plus longue et les pattes plus courtes que celui de gauche; mais il est étendu à terre dans la même position. Le victimaire de droite est vu de profil comme celui de gauche, mais en sens inverse, et tourné vers la droite. Il est coiffé de la même façon, avec, en plus, une couronne, dont deux feuilles pointent sur le devant du front. »[18]
Voyons maintenant la cella qui constitue la seconde partie de ce lieu de culte. Juste devant elle, on trouve deux colonnes (dont il ne subsiste que les bases en travertin) qui se trouvent dans l’alignement de celles qui précèdent le pronaos.
Il nous faut également signaler que la cella est surélevée par rapport au pronaos. Une marche permet d’ailleurs de passer d’une pièce à l’autre.
La cella mesure 11,68 m de largeur et 6,60 m de profondeur, ce qui lui confère donc une surface totale de 77 m2. Le pavement est ici aussi en mosaïque blanche et noire et présente des motifs géométriques basés sur une alternance de rectangles, de bandes et de carrés. D’après Lanciani[19], les murs étaient recouverts de marbre sur une hauteur de 2 m. Ce revêtement, qui avait déjà disparu en grande partie au moment des fouilles, est presque invisible aujourd’hui. Adossé au mur du fond, se dresse un podium long de 8,8 m, large de 1,57 m et haut de 1, 45 m. Sa décoration en marbre est presque disparue, à l’exception du dessus où les bases ont protégé le revêtement. Le podium se termine à son extrémité nord par quelques marches, comme le montre la photo suivante :
Les bases (nous les appellerons ainsi provisoirement car nous verrons que cette interprétation est contestée) qui sont disposées sur le podium sont au nombre de cinq. Elles sont dédiées de gauche à droite à Marc-Aurèle (les deux premières)[20], à Septime Sévère[21], à Lucius Verus[22], à Antonin le Pieux[23]. Une sixième base se trouve adossée au mur nord de l’aula, à peu de distance du podium. Elle est dédiée à Aelius César[24], fils adoptif d’Hadrien, décédé avant lui.
Maintenant que nous maîtrisons l’édifice dans tous ses aspects matériels, analysons comment il s’intègre dans le contexte plus large de la caserne.
B. Insertion dans l’espace de la caserne
L’Augusteum occupe une place singulière dans l’espace de la caserne. En effet, il se trouve précisément dans l’axe de l’entrée principale. C’est la première chose que l’on voit en entrant. Une telle primauté visuelle dénote bien évidemment une importance toute particulière et une volonté de mise en évidence très nette. De plus, contrairement à la plupart des pièces qui ceinturent l’édifice, l’Augusteum s’intègre dans un ensemble qui est détaché du mur d’enceinte, huit salles qui forment comme un îlot central qui sépare la grande cour à portique de la cour secondaire. Cet emplacement renforce donc l’aspect central de l’Augusteum, dont l’importance aurait été bien moins évidente s’il n’avait été qu’une des pièces adossées au mur d’enceinte.
En terme d’espace, il se distingue aussi particulièrement puisque avec ses 77 m2 rien que pour l’aula, c’est la pièce la plus spacieuse de l’édifice. Seule la grande cour à portique peut lui faire concurrence mais ce n’est pas une pièce à proprement parler.
En termes de communicabilité, l’Augusteum ne possède pas un statut vraiment distinct. Comme la plupart des autres pièces qui bordent la grande cour, il ne communique directement qu’avec celle-ci, encore que son pronaos puisse être perçu comme un espace plus étroitement intégré au portique, ses colonnes et ses pilastres se trouvant tout à fait dans l’alignement du côté occidental du portique.
Après cette analyse de l’inscription de ce temple dans son contexte, voyons-le à présent dans une perspective chronologique et évolutive.
C. Historique de l’Augusteum : datations, transformations
L’Augusteum, contrairement à d’autres parties de la caserne, a une histoire assez simple. La pièce est bâtie lors de la première phase de construction (137-138), comme c’est le cas pour la majorité des pièces de la caserne. La seule modification intervient lors de la troisième phase du bâtiment (l’époque sévérienne) où des demi-murs sont ajoutés[25]. Ceux-ci rattachent l’aula au portique et constituent ainsi véritablement le pronaos du temple.
S’il est relativement aisé de dater les murs de l’Augusteum, la datation de sa décoration est sujette à davantage de spéculations et demande donc une prudence accrue. Il est aisé de deviner que l’élément décoratif le plus controversé est la mosaïque du pronaos. L’hypothèse de Lanciani, rapportée par Carcopino[26], est que cette mosaïque daterait du moment où le pronaos a été fermé, donc de l’époque sévérienne. Carcopino s’oppose toutefois à cette explication en arguant de l’absence de preuves quant à la datation des demi-murs. En cela il se trompe, des études postérieures à la publication de son article[27] ayant daté définitivement les fameux murs. De plus, sa propre datation, sous Hadrien, n’est pas étayée par de véritables arguments. L’hypothèse première de Lanciani est beaucoup plus convaincante, mais est loin de pouvoir être considérée comme une certitude absolue : ne pourrait-on imaginer la présence d’une mosaïque sans la fermeture du pronaos ? La mosaïque seule, avant les restaurations sévériennes aurait pu suffire à constituer une sorte de « pronaos du pauvre ». Il faut noter que les deux datations sous Hadrien ou les Sévères restent dépendantes de critères externes à la mosaïque elle-même. Aucune analyse des critères intrinsèques de cette œuvre ne semble pouvoir aujourd’hui départager ces deux hypothèses.
La mosaïque de l’aula a quant à elle la double caractéristique d’être d’une part beaucoup moins remarquable artistiquement parlant et d’autre part d’être datée sans trop de discussions aux alentours de 132-137, c’est-à-dire dans la première phase de l’édifice[28].
Quant aux colonnes devant le pronaos, la perte de leurs chapiteaux nous empêche d’envisager pour elles toute datation sérieuse.
D. Le pourquoi des modifications, les conséquences des datations
Nous venons de constater l’édification à l’époque sévérienne de deux demi-murs entre l’aula de l’Augusteum et le portique de la cour principale. Cela suppose qu’auparavant, la distinction entre le pronaos et la cella était moins claire. De manière extrême, on pourrait donc s’interroger sur la fonction de la pièce de l’Augusteum avant les restaurations sévériennes puisqu’elle ne possédait peut-être pas de pronaos. Il est pourtant ardu de remettre en cause la fonction de ce lieu avant 195 en raison de la présence de bases bien antérieures. Ou alors il faudrait admettre que ces bases proviennent d’un autre lieu et qu’elles ont été placées là lors de l’aménagement de l’Augusteum. Mais cela semble peu vraisemblable. Nous pouvons seulement affirmer que la situation pré-sévérienne devait être celle d’un espace cultuel moins somptueux, dépourvu de pronaos. Ce dernier élément n’étant d’ailleurs par déterminant puisque certains temples d’Ostie ne possèdent pas de pronaos et que la définition stricto sensu du temple est un lieu inauguré, ce qui relativise beaucoup un quelconque plan « obligatoire ».
Si la chronologie ne remet pas en cause l’attribution de cette pièce, il est tout de même plus rigoureux de reprendre cette attribution de zéro pour bâtir notre discours sur des bases solides.
E. Attribution du lieu de culte
1) Indices en faveur d’un lieu de culte
Question fondamentale que celle de l’attribution. Le statut de lieu de culte semble tout à fait assuré par plusieurs éléments : la forme générale du bâtiment décomposé en aula et pronaos, la présence d’une mosaïque au motif clairement sacrificiel, la présence de dédicaces qu’on peut lier sans difficultés à un contexte religieux et enfin, même si cet élément est moins tangible et aujourd’hui invérifiable, les traces d’un autel retrouvées par les fouilleurs[29]. Tous ces éléments additionnés convergent donc pour accréditer le fait que cette pièce soit un lieu de culte. Il faut maintenant s’interroger sur la ou les divinités à laquelle il était dédié.
2) Éléments en faveur d’un temple dédié au culte impérial
A priori, l’hypothèse d’une chapelle dédiée au culte impérial est logique même s’il convient de s’y arrêter dans un légitime souci de critique et de vérification des théories établies. Les éléments qui abondent dans ce sens sont principalement les bases dédicacées aux empereurs. De telles bases, ainsi disposées dans un édifice manifestement cultuel où aucune trace d’une autre divinité n’a été découverte indique vraisemblablement un temple dédié au culte impérial.
F. Typologie de ce temple et précautions dans les comparaisons
Par contre, il n’est pas exagéré d’aborder la question de la typologie des Augusteum pour voir si le temple de la caserne des vigiles y correspond. Une remarque préalable s’impose : le terme Caesareum ou Augusteum ne se retrouve dans aucune inscription désignant ce lieu. Ce nom lui a été donné par les fouilleurs, qui l’ont déduit des nombreuses bases de statues trouvées sur place. Il convient donc dans un premier temps de clarifier tant que faire se peut la notion de Caesareum (ou d’Augusteum) et ensuite de voir si le lieu de culte de la caserne des vigiles d’Ostie peut vraiment être assimilé à ce type de bâtiments.
1) Caesareum, Augusteum
Plusieurs études ont été consacrées à ce type de sanctuaire. Les travaux de Sjöqvist[30] tentaient d’établir que les Caesarea d’Alexandrie et d’Antioche étaient les archétypes de tous ceux qui ont fleuri dans l’Empire. Cette possibilité est ajourd’hui abandonnée, ainsi que le modèle de Sjöqvist qui avait rassemblé un certain nombre de quadriportiques pour définir un modèle unique (et par là même fort rigide) de Caesareum. Aujourd’hui, une nouvelle définition plus large a été formulée par J. Scheid : les Caesarea sont « soit des pièces aménagées dans un portique ou un gymnase, soit un téménos ou un portique comprenant, à côté de bosquets, bibliothèques, places et nymphées, un autel ou un édicule dont les dimensions peuvent être assez modestes [..] »[31]. Mieux, selon P. Gros, « le mot Augusteum désigne des réalités variées, où le temple proprement dit ne joue pas le rôle décisif qu’on a longtemps voulu lui attribuer »[32]. Il est manifeste qu’on perçoit le Caesareum aujourd’hui bien plus comme un ensemble monumental que comme un templum particulier, celui-ci n’étant finalement qu’un des édifices constituant ce Caesareum[33]. Petite précision terminologique enfin : il est de tradition de nommer ces édifices Caesareum dans la partie orientale de l’Empire et Augusteum dans la partie occidentale.
2) Le « Caesareum » d’Ostie
Il nous faut maintenant comparer cette définition, somme toute assez vague, avec la réalité d’Ostie. Ici, point de bibliothèque, de thermes ou de portiques : l’Augusteum d’Ostie est inséré dans un contexte beaucoup plus prosaïque, celui d’une caserne de pompiers. Pas question donc de grand ensemble : juste une caserne avec une pièce dédiée au culte. Il existe aussi une nette différence de fréquentation entre l’Augusteum d’Ostie et les autres : celui de la caserne était réservé aux vigiles et ne se trouvait pas dans un espace vraiment public. Il est caché à la vue du plus grand nombre et devait être sinon réservé aux vigiles, au moins « utilisé » majoritairement par eux. Pas question ici d’un sanctuaire public dédié à Rome et à l’Empereur. C’est plutôt le lieu de dévotion d’un groupe particulier. On voit sans peine le fossé qui sépare notre Augusteum des autres sites. Il faut donc affirmer au préalable que la chapelle de la caserne des Vigiles ne peut être considérée comme un point de comparaison absolu puisqu’elle est située dans un contexte radicalement différent.
C’est en tenant compte de cette réserve que nous aborderons l’étude des bases de statues impériales qui sont vraiment le pôle principal de toute interprétation de cet Augusteum, comme nous continuerons à l’appeler par commodité.
G. La question des bases de statues impériales
Une simple remarque doit être faite avant d’aller plus loin : nous prenons comme postulat de départ que les bases trouvées par Lanciani sont in situ[34]. S’il advient que cela soit douteux à la lecture du rapport de fouille, nous le préciserons.
1) Bases ou autels ?
La première difficulté posée par ces bases tient à leur nature même. La première, à gauche, dédiée à Marc Aurèle, ne présente pas de caractéristiques particulières sinon qu’elle est plus petite que les trois suivantes. Par contre, les deux bases suivantes diffèrent par leur décoration. La deuxième base, elle aussi dédiée à Marc Aurèle, comporte sur son bord supérieur des motifs sacrificiels. La troisième base, dédiée à Septime Sévère, est très semblable à la précédente. Toutefois, les photographies dont nous disposons ne nous permettent pas de dire si elle possède les même motifs que l’autre. Nous ne pouvons que faire confiance à la description laconique de Lanciani : « Piedistallo in tutto simile al precedente ».
Les bases de Marc Aurèle (à gauche) et Septime Sévère (à droite). Encadrés en rouge, les symboles sacrificiels. Extrait de Regio II - Insula V - Caserma dei Vigili (II,V,1-2) dans INTERNET GROUP OSTIA, Ostia – Harbour city of ancient Rome, http:// www.ostia-antica.org/regio2/5/5-1.htm (consulté le 22/11/2004). Photos de J.T. Bakker.
Par ailleurs, ces deux bases diffèrent des trois autres du podium par leur sommet, qui ne présente pas de trous permettant d’y fixer une statue en bronze, comme c’est le cas pour les autres.
Photo de gauche : à l’arrière plan, on voit la première base de Marc Aurèle avec les trous de fixation. Au premier plan, la seconde base de Marc Aurèle avec l’excroissance à son sommet et surtout l’absence de trous de fixation. Photo de droite : au milieu, la base de Septime Sévère avec la même excroissance que la base précédente, bien que ressortant moins de la surface. Là aussi les trous de fixation sont absents, tandis qu’ils sont bien présents sur la base de Lucius Verus, au premier plan.
Faut-il en conclure que ces deux bases au moins sont en fait des autels comme l’a fait R. Meiggs[35] ? Et éventuellement que les bases voisines en sont aussi et que le podium était donc un espace où l’on pratiquait des sacrifices ? Ce serait un peu rapide. En effet, rien ne nous permet d’affirmer de manière certaine que les deux bases sont forcément des autels. La différence typologique d’avec les autres bases est finalement assez faible. Seule l’absence de trous de fixation est réellement troublante. De plus, il semble difficile, de manière pratique, que l’on ait pratiqué des sacrifices sur le podium. L’espace est bien trop réduit, comme nous l’avons nous-même constaté sur place en prenant les clichés des sommets des bases. Il est en réalité difficile de trancher et de considérer fermement les deux bases récalcitrantes comme des autels si on ne parvient pas à trouver une explication adéquate de leur présence à cet endroit. Tout au plus pourrait-on dire que ce sont des autels réutilisés comme bases mais alors quid des fixations ? Et l’hypothèse d’autels dédiés tels quels n’est pas non plus entièrement satisfaisante puisque dans ce cas, ils créeraient un déséquilibre visuel assez peu esthétique en brisant l’uniformité de l’ensemble du podium. Il ne nous est donc pas permis d’apporter une réponse définitive à cette question.
Par contre, il faut signaler que les autres bases, celle à droite du podium et celle devant le templum sont bien des bases, il n’y a aucun doute à ce sujet. Il nous faut toutefois nous interroger sur la place respective de ces différentes bases.
2) Emplacement : une hiérarchie spatiale ?
On peut considérer qu’il y a deux groupes distincts : les bases qui se trouvent à l’intérieur du templum et celles qui se trouvent à l’extérieur.
En effet, il nous semble difficile de considérer comme indifférent le fait que certaines bases soient à l’intérieur de l’espace consacré et d’autres hors de celui-ci.
Dans un premier temps, il convient de bien visualiser l’emplacement respectif des différentes bases grâce au dessin suivant :
Extrait de LANCIANI, R., NSC 1889, p. 78
Examinons d’abord la disposition des bases qui se trouvent à l’intérieur de la cella du temple. Comme nous l’avons vu, cinq sont disposées sur le podium tandis qu’une autre se trouve sur le côté, juste après les petits escaliers au nord du podium.
Analysons tout d’abord l’agencement des cinq bases du podium. Elles possèdent en effet une place tout à fait privilégiée, puisqu’elles sont surélevées et parfaitement dans l’axe central du lieu de culte.
Base N°1 |
Base N°2 |
Base N°3 |
Base N°4 |
Base N°5 |
Marc Aurèle |
Marc Aurèle |
Septime Sévère |
Lucius Verus |
Antonin le Pieux |
César |
Empereur |
Empereur |
Empereur |
Empereur |
144 |
162 |
195 |
162 |
138 |
Sans donateur précisé |
7e cohorte des Vigiles |
Le préfet des Vigiles ? (nom martelé) et Cassius Ligure Tribun des vigiles |
7e cohorte des Vigiles |
Sans donateur précisé |
On peut s’apercevoir à la lecture de ce tableau que ces bases semblent être organisées d’une manière qui est tout sauf aléatoire. D’un point de vue strictement visuel tout d’abord, nous pouvons nous rendre compte que les bases sont disposées de manière symétrique : autour de la base n°3 qui occupe la place centrale, les bases n°2 et 4 sont de même taille. Les bases n°1 et 5 par contre, qui sont beaucoup plus petites, se trouvent chacune à une extrémité du podium. Au niveau sémantique, les bases semblent ce répondre également, selon un schéma proche. Le cas le plus évident est celui des bases n°2 et 4, qui appartiennent à Marc Aurèle et Lucius Verus qui furent empereurs associés[36]. Quant aux bases n°1 et 5, le lien entre elles ne semble pas très difficile à établir : La base d’Antonin est en regard de celle de son fils adoptif, qui plus est au moment où celui-ci est Caesar, c’est-à-dire héritier de l’empire.
Nous pouvons faire une autre lecture qui confirme notre association : les bases se répondent également quant à l’époque où elles ont été dédicacées. On objectera que six ans séparent la base de Marc Aurèle de celle de son père adoptif : cela ne nous semble pas gênant puisque cette organisation est forcément très postérieure au règne de ces deux empereur, comme le prouve la base de Septime Sévère qui fut dédicacée 57 ans après celle d’Antonin. Cette probable réorganisation des bases devant prendre en compte des bases déjà existantes, il semble cohérent qu’on ait opté pour l’agencement le plus logique possible.
Une troisième et dernière lecture possible est liée aux dédicants de ces bases : les bases n°1 et 5 ne portent aucune mention d’un dédicant, tandis que les bases n°2 et 4 sont dédicacées par la 7e cohorte de vigiles. De plus la base centrale n°3 est aussi la seule à porter le nom de dédicants individuels, des personnages importants à l’échelle de la caserne : un préfet des vigiles dont le nom a été martelé[37] et un tribun des vigiles, Cassius Ligure[38].
Tous ces rapprochements ont évidemment pour pivot la base de Septime Sévère. Il nous reste donc à nous demander pourquoi elle occupe cette place centrale. Une première réponse est simplement chronologique : la base de Septime Sévère a pris cette place en dernier lieu, du vivant de l’empereur[39]. Or, dans la hiérarchie religieuse romaine, le Genius de l’empereur vivant possède une préséance sur les Divi puisque l’empereur régnant est considéré comme le chef de la Domus Augustae, aussi bien de ses membres vivants que de ses membres décédés[40]. La présence de Septime Sévère s’explique donc logiquement dans ce contexte : une fois au pouvoir, on a dédicacé une base à cet empereur en lui donnant la première place du fait de la prééminence de son Genius. De plus, on peut ajouter la théorie de Lanciani[41] qui revêt une certaine pertinence : la place d’honneur de l’empereur africain lui aurait été due par les restaurations effectuées sous son règne. Même si ces fameuses restaurations sont aujourd’hui ramenées à de plus justes proportions[42], l’idée est tout de même à prendre en compte, d’autant que c’est probablement le sens du restitutor castrorum ostiensum[43] présent sur une autre base se trouvant devant l’Augusteum. Un autre élément réside dans les rapports particulièrement cordiaux que Septime Sévère aurait entretenu avec les vigiles. R. Sablayrolles, dans son chapitre sur l’histoire des vigiles emploie même le titre « Les vigiles, hommes des Sévères »[44]. Il apparaît en effet que la proportion très importante de dédicaces de vigiles à cette dynastie n’est pas uniquement due au hasard des découvertes. Septime Sévère a augmenté considérablement l’effectif du corps des vigiles et probablement aligné leur solde sur celle des légionnaires. Dans ces conditions, l’honneur tout particulier réservé à l’homme de Leptis Magna est tout à fait compréhensible[45]. Enfin, que Septime Sévère soit placé entre quatre membres de la dynastie antonine est probablement un moyen d’affirmer sa légitimité dynastique.
La place centrale de Septime Sévère inspire enfin une dernière réflexion. En effet, nous connaissons un autre cas où une base impériale se trouve dans une position centrale tout à fait semblable : c’est le site de Cestrus[46], dans le temple dédié à l’empereur Vespasien. Le dieu possesseur du lieu est cet empereur divinisé qui occupe la place centrale parmi d’autres bases de Diui. Dans ce cas précis, la prééminence hiérarchique de la divinité maîtresse des lieux[47] s’exprime très clairement par la disposition spatiale. Pourquoi n’en serait-il pas de même à Ostie ? Autrement dit, l’Augusteum de la caserne des vigiles d’Ostie ne se serait-il pas transformé en un temple dédié à la personne de Septime Sévère ? L’hypothèse est d’autant plus intéressante qu’elle explique en partie l’absence de Diui postérieurs dans la cella. Ceux-ci peuvent se trouver dans le temple (comme c’est d’ailleurs le cas pour les cinq autres bases) mais leur présence n’est pas aussi nécessaire que dans un Augusteum puisque la fonction du lieu est d’honorer Septime Sévère en particulier. Certes, aucune inscription ne vient confirmer une telle attribution en désignant le lieu sous le nom de « temple de Septime Sévère », c’est pourquoi il faut rester très prudent. Mais l’hypothèse mérite d’être envisagée.
Pour en finir avec les bases présentes à l’intérieur de l’Augusteum, il nous reste à parler de celle dédiée à Aelius César. Elle est problématique. En effet, elle occupe une place étrange, à côté du podium, contre le mur nord. Ensuite, sa forme est radicalement différente de celle des autres bases : d’après Lanciani, elle est gravée « d’une main inexpérimentée »[48]. L’archéologue s’étonne aussi du fait qu’elle soit « sul nudo pavimento »[49]. Une telle observation est intéressante car elle met l’accent sur le rôle du podium comme critère de différentiation de statut des bases. En effet, du fait de sa position non centrale et de sa place hors de l’espace surélevé du podium, la base d’Aelius César exprime directement sa différence radicale d’avec les autres. En quoi consiste cette différence ? Tout simplement dans le fait qu’Aelius ne fut jamais empereur, contrairement à tous les autres personnages des bases du podium. Il mourut en tant que César, même s’il fut divinisé à l’instar de nombreux empereurs[50], il occupe une place inférieure dans la Domus Augustae. Et il est clair que la hiérarchie propre à la maison impériale influe sur la hiérarchie divine, cela est attesté au moins par le statut du Genius de l’empereur vivant, comme nous l’avons vu plus haut. La place d’Aelius César à côté du podium n’est donc très probablement que le reflet de son infériorité hiérarchique. Le fait que la base soit orientée nord-sud au lieu d’ouest en est comme les autres ne nous semble pas significatif d’un point de vue sémantique mais plutôt lié à l’architecture du lieu : si l’aula avait été terminée par une abside comme à La Magliana, on peut imaginer que la base n’aurait pas eu cette position si radicalement décentrée par rapport à l’axe visuel de l’Augusteum. Reste à expliquer l’ancienneté de la base et sa différence matérielle. Les deux choses nous paraissent liées : si cette base possède un aspect différent, c’est précisément à cause de son ancienneté. Puisque fabriquée avant toutes les autres, elle a pu être réalisée dans un autre atelier.
Il nous reste à traiter des bases disposées à l’extérieur du pronaos, en face et sur le côté de celui-ci. Une possibilité serait de les interpréter de manière identique à toutes les autres bases vues jusqu’à présent. Cette méthode a le mérite de la simplicité mais elle tend beaucoup trop à forcer la réalité[51] : les bases ne sont pas dans l’aula. Elles ne sont même pas dans le pronaos, bref elles sont hors l’espace inauguré. Certes, il faudrait définir avec précision l’espace en question. Mais il semble quand même peu probable que la cour à portique, véritable « place publique » de l’édifice -comme le démontre bien le plan hiérarchisé suivant-, ait pu avoir un statut aussi sacré que l’espace bien délimité et identifiable du pronaos et de l’aula. Donc la place des bases devant l’Augusteum –et même plutôt le long du portique pour trois d’entre elles- leur confère obligatoirement un statut différent. Une telle hiérarchisation de l’espace n’est d’ailleurs pas exceptionnelle, l’exemple le plus connu étant le fameux Panthéon de Rome[52]. Certaines objections surgissent pourtant. Par exemple le fait que Septime Sévère soit présent aussi bien à l’intérieur de la cella qu’à l’extérieur du pronaos ou que les bases à l’extérieur appartiennent –presque- toutes des Diui. C’est justement ce « presque » qui est crucial : il nous faut mettre en exergue le fait qu’une des bases est dédiée à une personne non divinisée, Furia Sabina Tranquillina[53], épouse de l’empereur Gordien III. Plutôt que d’y voir l’ « exception qui confirme la règle », c’est-à-dire se dérober à la question, il nous paraît évident qu’une telle caractéristique est déterminante : les bases de la cour ne sont pas là en tant que support de statues cultuelles de Diui mais sont plutôt de simples bases commémoratives. On objectera que toutes les autres bases sont bien dédiées à des Diui. Mais est-ce vraiment si problématique dans le cadre de notre explication ? Il suffit de prendre une liste des empereurs et impératrices divinisés pour se rendre compte qu’ils forment l’écrasante majorité. Donc, rien de surprenant là-dedans. Les bases sont simplement placées là avec une destination différente, celle-ci étant marquée par l’emplacement qui est l’élément différenciateur. Les choses seraient évidemment plus claires si les inscriptions des bases directement liées au culte étaient typologiquement différentes. Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, les bases de la cour sont bien plus liées au portique qu’à l’Augusteum, nous en voulons pour preuve les trois bases tout à fait décentrées par rapport à la chapelle du culte impérial, celles de Furia Sabina Tranquillina, celle de Gordien III son empereur de mari et une de deux bases de Caracalla.
Pour les quatre autres bases, on pourrait aussi éventuellement concevoir qu’elles aient été placées logiquement pour prolonger la perspective visuelle de l’Augusteum. Logiquement parce que les bases de Septime sévère et de son épouse, Julia Augusta encadrent celles de leurs deux fils, Publius Septimius Geta à gauche et Caracalla à droite. Bien sûr, comme nous l’avons fait remarquer lors de la description de l’édifice la base présumée de Geta n’a, semble t-il, pas été découverte in situ. De plus, son inscription a été totalement martelée. Nous ne pouvons donc avoir aucune certitude à ce sujet, mais il serait cohérent que Caracalla ait fait marteler et déplacer la base de son frère.
Mais cette question qui restera probablement, comme bien d’autres, à jamais sans réponse, ne remet pas en cause la logique de placement des bases : elles sont bien liées au portique.
R. Sablayrolles défend pourtant une thèse opposée : selon lui, si les bases se retrouvent à l’extérieur à un moment donné, c’est parce qu’il n’y a plus de place à l’intérieur de la chapelle des Diui. « Il n’y avait plus de place pour les nouveaux empereurs et il eût été sacrilège et maladroit de supprimer le souvenir des Diui. Ainsi Diaduménien, Gordien et son épouse Furia Sabina durent-ils se contenter d’une place dans la cour, comme déjà Caracalla, Iulia Augusta et Septime Sévère pour une seconde dédicace »[54]. Cette affirmation ne résiste pas à l’analyse. Tout d’abord, elle pèche par une erreur factuelle évidente : la base de Diaduménien n’a pas été retrouvée dans le portique mais bien dans une autre pièce, plus éloignée. On ne peut donc la prendre en compte comme si on l’avait retrouvée in situ. Ensuite, quiconque a visité la Caserne des vigiles se rend compte que l’Augusteum eût pu accueillir encore toutes les bases de la cour. L’espace est amplement suffisant. Il aurait suffit de les disposer en U comme cela se voit dans le temple de Vespasien à Cestrus[55]. De plus, même si l’espace était vraiment venu à manquer, on aurait pu placer quelques bases dans le pronaos. C’eût été descendre d’un degré dans le sacré mais aussi permettre aux bases impériales de demeurer dans un espace consacré. Pourquoi aurait-on eu besoin de les exclure si loin du cœur du sanctuaire ? On voit que la thèse de Sablayrolles ne résiste pas à la critique.
Le dernier élément à cerner dans ce temple est l’autel. Pour être tout à fait honnête, il est difficile d’en parler de manière précise tant les indices à son sujet sont faibles. Tout au plus avons-nous une phrase de Lanciani dans les MEFRA, un peu plus explicite que ce qu’il écrit dans les Notizie : « l’autel lui-même a non seulement été abattu ou emporté avant l’abandonnement définitif du lieu ; mais on a soigneusement enlevé les traces de son socle, qui était en maçonnerie en le rasant au niveau du pavé »[56]. Nous le voyons, des traces si minimes excluent toute certitude quant à l’existence même de cet autel. Seulement, si autel il y a, sa place est pour le moins incongrue à l’intérieur de la cella du temple. Traditionnellement l’autel se place plutôt devant le pronaos. Un tel emplacement est toutefois possible si le toit du temple possède une ouverture, ce qui semble exclu dans notre cas par les départs de voûtes observés par Lanciani qui supposent que l’édifice était couvert. Impossible donc d’en dire beaucoup plus en l’état : il nous faut laisser la question à la perspicacité d’un autre historien ou archéologue ou attendre la découverte d’un édifice analogue qui nous fournirait les clés pour comprendre cet agencement.
Au terme de cette étude, nous pouvons enfin procéder à une lecture relativement complète de l’Augusteum. Si nous y sommes parvenus, c’est parce que le travail préliminaire, celui de l’archéologue, nous a apporté un certain nombre de réponses quant à la réalité matérielle, temporelle et spatiale de l’édifice. Certes, les rapports de fouilles des Notizie ne peuvent prétendre à l’exhaustivité et à la précision. Il en résulte la persistance de plusieurs interrogations. Le meilleur exemple reste le problème de l’autel. La trace de maçonnerie vue par Lanciani sur le pavement de la cella peut-elle être réellement interprétée comme l’empreinte de l’autel sacrificiel de ce temple ? La question demeure malheureusement sans réponse. A contrario, les indications relativement précises et les dessins de Lanciani autorisent quelques certitudes quant à l’emplacement des différentes « bases ». Nous ne saurions néanmoins trop insister sur le caractère conventionnel de ce terme puisque les « bases » 2 et 3 du podium de la cella doivent plutôt être comprises aujourd’hui comme des autels, bien que nous soyons dans l’ignorance quant à leur utilisation à cette fin ou non.
Cette difficulté nous amène à la question qui constitue véritablement le cœur de notre travail. En effet, au-delà de la simple lecture de leurs inscriptions qui, isolément, ne nous apportent finalement que peu d’informations de portée générale, nous avons procédé à une compréhension des « bases » les unes par rapport aux autres. Dans un premier temps, nous avons identifié des « groupes ». De par leur emplacement, on peut déduire que ces groupes ne sont pas simplement le fruit du hasard. Nous avons donc pu établir une véritable hiérarchisation de l’espace tenant compte des places respectives des bases. La différence de degré du sacré apparaît clairement au travers de notre lecture de l’espace. Véritable cœur du sacré, la cella est le niveau le plus élevé et peut se décomposer elle-même en deux espaces distincts : celui du podium réservé aux Diui plus « gradés », les empereurs ; et celui du « pavement nu » de la cella, pour reprendre à nouveau l’expression de Lanciani, auquel est cantonné Aelius, César apothéosé mais jamais revêtu du pouvoir suprême. Ensuite vient le pronaos, espace intermédiaire, et enfin devant le sanctuaire, l’espace profane, seul lieu où sont acceptés les simples mortels comme Furia Sabina, l’épouse de Gordien III.
Dans un second temps, nous nous sommes concentrés sur les bases placées sur le podium. Étant donné leur position si centrale dans le temple, qui plus est dans la partie la plus sacrée de celui-ci, nous les avons étudiées dans leur rapport entre elles et avons pu constater une véritable organisation hiérarchisée. Au centre, la base de Septime Sévère. Celle-ci est évidemment le reflet de l’influence de cet empereur et de sa dynastie sur l’aménagement de l’Augusteum. De cette place centrale du premier des Sévères nous formulons donc une nouvelle théorie quant à l’attribution de cet Augusteum, que rien n’empêche en fait d’être un Septimium (j’ignore si le terme a déjà été employé), en tout cas dans sa phase post-sévérienne. Cette hypothèse est d’ailleurs, nous l’avons vu, parfaitement cohérente avec l’histoire des vigiles et celle de la caserne d’Ostie. Quoi de plus naturel que l’empereur ayant le plus œuvré à améliorer le statut des vigiles soit honoré au cœur de leur caserne ?
Le Septimium d’Ostie se voit donc revêtu d’un intérêt nouveau puisqu’il est désormais possible de saisir comment ses bâtisseurs le percevaient en tant qu’espace sacré. Bien sûr, les interprétations proposées ici, même si elles visent la cohérence, ne sont probablement pas exemptes d’erreurs et d’approximations. Celles-ci pourraient être en partie comblées par des travaux complémentaires dans une perspective identique sur d’autres temples du culte impérial. La mise en parallèle de plusieurs cas, quand les vestiges le permettent, serait fructueuse par les infirmations ou les confirmations qu’elle apporterait à notre étude. Celle-ci, espérons-le, aura néanmoins contribué un peu à la compréhension des lieux de culte romains en ouvrant, l’espace de quelques pages, une fenêtre à travers les siècles sur le temple des vigiles d’Ostie.
Abréviations
Tant que faire se peut, pour les revues ou les collections, le système d’abréviations utilisé ici est celui de l’Année philologique et du manuel de J. Poucet et J.-M. Hannick, Aux sources de l’Antiquité gréco-romaine, Bruxelles, 2000.
MEFRA = Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’Ecole Française de Rome : Antiquité
CEFR = Collection de l’école française de Rome
BEFAR = Bibliothèque de l’école française de Rome
NSA = Notizie degli scavi di antichità
CIL = Corpus inscriptionum latinarum
A. Archéologiques (rapports de fouilles)
LANCIANI, R., Scavi della caserma dei Vigili dans NSA, 1889, p. 37-43.
LANCIANI, R., Nuovi rinvenimenti nella caserma dei Vigili dans NSA, 1889, p. 37-43.
LANCIANI, R., Les récentes fouilles d’Ostie dans MEFRA, 9, 1889, p. 174-179.
Vaglieri, D., Ricerche presso la porta e nella via dei Vigili. Pianta della Caserma dei Vigili. Sterro nella via a nord della Caserma. Musaico nel portico dietro il teatro. Scoperte varie dans NSA, 1912, 161-173.
B. Epigraphiques
Toutes les références épigraphiques renvoient au Corpus inscriptionum latinarum, Berlin, depuis 1863.
C. Littéraires
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Annexe 1 : Plan de la caserne des vigiles
Extrait de PARIBENI, P., NSA 1912, p. 164.
Annexe 2 : les phases de construction de la caserne d’Ostie
Extrait de SABLAYROLLES, R., Libertinus Miles, Les cohortes de Vigiles, CEFR 224, Rome, 1996.
[1] SCHEID, J., Romulus et ses frères. Le collège des Frères Arvales, modèle du culte public dans la Rome des empereurs, BEFAR 275, Rome, 1990, p. 161. [Retour]
[2] SCHEID, J., Les espaces cultuels et leur interprétation dans Klio, 77, 1995, p. 425. [Retour]
[4] Suétone, Vie de Claude, XXV, 2. [Retour]
[5] ZEVI, F., Ostia. Caserma dei vigili. Scavo sotto il mosaïco del vano antistante il Cesareo, NSA, 1970, supp. I, p. 7-41. [Retour]
[6] L’expression Ostiis descendere est attestée dans de nombreuses inscriptions (CIL XIV, 4499, 4500, 4501, 4503, 4505, 4506, 4508, 4509) et paraît avoir été une formule traditionnelle. [Retour]
[7] SABLAYROLLES, R., Libertinus Miles, Les cohortes de Vigiles, CEFR N°224, Rome, 1996, p. 384. [Retour]
[8] On ne peut être plus précis dans la datation vu l’absence de stratigraphie pour les couches supérieures. Voir SABLAYROLLES, R., Ibid., p. 302. [Retour]
[9] Le plan de la caserne des vigiles se trouve en annexe 1. [Retour]
[10] SABLAYROLLES, R., Ibid., p. 292. [Retour]
[11] Tous les numéros et lettres de ce bref historique de l’édifice renvoient au plan en annexe 2. [Retour]
[12] SABLAYROLLES, R., Ibid., p. 292-303. [Retour]
[16] LANCIANI, R., NSA 1889, p. 73. [Retour]
[17] Sauf mention contraire, les photos sont de l’auteur. [Retour]
[18] CARCOPINO, J., La mosaïque de la caserne des vigiles à Ostie dans MEFRA, 27, 1907, p. 228-242. [Retour]
[19] LANCIANI, R., Ibid.. [Retour]
[20] CIL XIV, 4366 et 4368. [Retour]
[25] SABLAYROLLES, R., Ibid., p. 297. [Retour]
[26] CARCOPINO, J., Ibid., p. 238-239. Cette hypothèse ne figure pas dans les Notizie de 1889. Toutefois, J. Carcopino a pu rencontrer Lanciani qui lui aura fait part de cette hypothèse de vive voix. [Retour]
[27] Notamment BLOCH, H., I bolli laterizi e la storia edilizia romana, Rome, 1938, p. 248 ss. [Retour]
[28] BECATTI, G., Mosaici e pavimenti marmorei, Rome, 1961, p. 61 (Scavi di Ostia, 4). [Retour]
[29] LANCIANI, R., Ibid, p. 76. [Retour]
[30] Sjöqvist, E., Kaisareion, a study in architectural iconography dans Opuscula Romana, vol. I, 1954, p. 86-108. [Retour]
[31] SCHEID, J., Ibid., p. 130-131. [Retour]
[32] GROS, P., L’Augusteum de Nîmes dans Revue archéologique de Narbonnaise, 1984, p. 125. [Retour]
[33] Scheid opte pour cette explication dans le cas du site de La Magliana et distingue la chapelle tétrastyle destinée au culte des empereurs du Caesareum dans lequel elle s’inscrivait. Voir pour ses conclusions SCHEID, J., Ibid., p. 164-166 [Retour]
[34] Nous insistons bien sur « trouvées par Lanciani ». Nous ne considérons nullement que l’emplacement actuel correspond à la réalité antique. Seules les données directement extraites de ce que Lanciani appelle « une fouille vierge » (LANCIANI, R., Les récentes fouilles d’Ostie dans MEFR, 9, 1889, p.7.) méritent d’être prises en compte, sous peine de commettre certaines erreurs élémentaires (cfr. Supra p. 15) [Retour]
[35] MEIGGS, R., Roman Ostia, 1960, p. 306, note 4. [Retour]
[36] Eutrope,
Abrégé d'Histoire romaine, VIII, 9 ; Histoire Auguste, Lucius Verus, 3. [Retour][37] L’hypothèse que ce préfet soit Fulvius Plautianus a été proposée. Voir SABLAYROLLES, R., Ibid.,p. 493-494. [Retour]
[38] Il fit également élever pendant son commandement une statue à Hercule (CIL XIV, 13). Voir SABLAYROLLES, R., Ibid., p.560-561. [Retour]
[39] A noter que cette base a été entièrement martelée pour être réutilisée par Septime Sévère. Certains ont postulé que le premier possesseur de la base était Commode. Or, cela semble difficile car Septime Sévère a contribué à la réhabilitation de cet empereur (voir Dion Cassius, Histoire romaine, 75, 7, 4 ; Aurélius Victor, Livre des césars,Vie de Commode, 17, 11 ; Vie de Septime Sévère, 12, 8.). On imagine donc mal qu’il ait parallèlement effacé et réutilisé la base d’un empereur dont il voulait lever la damnatio memoriae. [Retour]
[40] SCHEID, J., Hiérarchie et structure dans le polythéisme romain. Façons romaines de penser l’action dans Archiv für Religiongeschichte, n°1, 1999, p. 191-192. [Retour]
[41] LANCIANI, R., Ibid., p. 77. [Retour]
[42] SABLAYROLLES, R., Ibid., p.296-298. [Retour]
[44] SABLAYROLLES, R., Ibid., p.51. [Retour]
[45] SABLAYROLLES, R., Ibid., p.51-53. [Retour]
[46] BEAN, G.E. et MITFORD, T.B., Journeys in rough Cilicia 1964-1968, Graz-Vienne-Cologne, 1970, p. 158, fig. 7. [Retour]
[47] Cette prééminence est expliquée dans SCHEID, J., Hiérarchie et structure dans le polythéisme romain. Façons romaines de penser l’action dans Archiv für Religiongeschichte, n°1, 1999, p.192. [Retour]
[48] « Da mano inesperta » : LANCIANI, R., NSA 1889, p. 76. [Retour]
[50] La divinisation d’Aelius César est pour le moins discrète dans les sources. L’ouvrage de Kienast (KIENAST, D., Römische Kaisertabelle : Grundzüge einer römischen Kaiserchronologie, Darmstadt, 1996, p. 131-132.) n’en fait pas mention. Néanmoins, une note de la traduction CUF de la Vie d’Aelius dans l’Histoire Auguste nous éclaire sur le sujet : « L’apothéose n’est garantie que par le calendrier de 354, le feriale duranum et une récente inscription de Selge en Pisidie (information due à M. Brandt) » (CALLU, J.-P. (éd.), Histoire Auguste, Introduction générale ; Vies d'Hadrien, Aelius, Antonin, Paris, 1992, p 147, note 44.). Toutefois, nous n’avons pas trouvé trace d’une telle inscription qui est probablement inédite. [Retour]
[51] C’est la méthode employée par J. Scheid (SCHEID, J., Romulus et ses frères. Le collège des Frères Arvales, modèle du culte public dans la Rome des empereurs, BEFAR 275, Rome, 1990, p. 161.) qui utilise l’Augusteum de la caserne d’Ostie comme élément de comparaison pour l’Augusteum de La Magliana. [Retour]
[52] SCHEID, J., Les espaces cultuels et leur interprétation dans Klio, 77, 1995, p. 425-427. [Retour]
[53] KIENAST, D., Römische Kaisertabelle : Grundzüge einer römischen Kaiserchronologie, Darmstadt, 1996, p. 197. [Retour]
[54] SABLAYROLLES, R., Ibid., p.390. [Retour]
[55] BEAN, G.E. et MITFORD, T.B., Ibid. [Retour]
[56] LANCIANI, R., Les récentes fouilles d’Ostie dans MEFR, 9, 1889, p.7. [Retour]
FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 10 - juillet-décembre 2005
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