FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 6 - juillet-décembre 2003


 

L'exploitation des bas-reliefs historiques romains en classe d'histoire:*

 

par

 

Jean-Marie Hannick

 

Professeur émérite de l'Université de Louvain

 

<hannick@anti.ucl.ac.be>

 


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On trouvera ci-dessous, en version légèrement remaniée, un article publié dans J.-L. Jadoulle, M. Delwart, M. Masson [Éd.], L'histoire au prisme de l'image. I. L'historien et l'image fixe, Louvain-la-Neuve, 2002, p. 51-60 (Apprendre l'histoire)

Plan

·      Bas-reliefs grecs et romains

·      Analyse et exploitation des documents

·      La statue d'Auguste de Prima Porta

·      Scènes de la colonne trajane


 

 

Que le professeur d'histoire doive faire, dans ses leçons, une large place aux documents figurés, plus personne aujourd'hui ne le contestera. Nos élèves sont plus sensibles aux images qu'aux textes. Il vaudra donc mieux analyser l'une ou l'autre diapositive plutôt que déclamer, comme M. Chottard dans le Livre de mon ami, les dernières paroles du consul Décius Mus «près de se dévouer aux dieux Mânes et pressant déjà de l'éperon les flancs de son coursier impétueux».

 

D'un autre côté, que les reliefs historiques romains constituent une documentation particulièrement riche n'est pas davantage contestable. Songeons à la décoration de l'Ara Pacis Augustae ou aux sculptures de l'arc de Titus, au récit des guerres daciques sur la colonne de Trajan ou des guerres danubiennes sur celle de Marc-Aurèle: ce sont des masses d'événements bien réels qui se reflètent dans le marbre ou la pierre. Et cette pratique est typiquement romaine.

 

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Bas-reliefs grecs et romains

Les Grecs connaissaient l'art du relief et nous ont laissé, dans ce domaine, des œuvres de premier plan: les métopes du temple d'Héra à Sélinonte, du temple de Zeus à Olympie, la frise du Parthénon, par exemple[1]. Ou les stèles funéraires d'Aristion, d'Hégéso, de Dexiléos[2]. Tout le monde connaît également ces superbes pièces que sont l'Athéna pensive, le relief de Déméter, Corè et Triptolème ou l'Athéna rajustant sa sandale[3]. Et il y aurait encore à signaler les en-têtes figurés de certaines inscriptions, moins connus peut-être, mais tout aussi intéressants[4]: le décret athénien de 421 ordonnant la construction d'un pont sur la route d'Éleusis couronné d'un relief à quatre personnages, Déméter, Coré, Athéna et Iacchos[5]; l'alliance entre Athènes et Samos, en 405, ornée d'une sculpture représentant Athéna et Héra se serrant la main[6]; le traité de 375 entre Athènes et Corcyre où l'on voit Démos, assis, devant Athéna et une jeune femme personnifiant Corcyre[7]. On pourrait compléter l'inventaire. On n'échappera pas, me semble-t-il, à cette conclusion que les artistes grecs s'inspirent essentiellement de la mythologie. Les sculpteurs romains, eux, atteindront le sommet de leur art en représentant des scènes tirées de l'histoire de la cité, des combats et des victoires, sans doute, mais aussi des épisodes de la vie publique en temps de paix: sacrifices, processions, distributions de secours aux nécessiteux, allocutions impériales[8]. Tous ces bas-reliefs, au demeurant, sont assez faciles d'accès. Les ouvrages consacrés à l'art romain donnent des reproductions des pièces les plus importantes[9]; et l'on trouve aussi d'excellentes images sur le réseau Internet[10]. C'est la méthode à suivre dans leur exploitation qui mérite réflexion.

 

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Analyse et exploitation de documents

Une première observation s'impose et elle me paraît essentielle. Les bas-reliefs historiques doivent être traités, non comme la plupart des autres traces matérielles relevant de l'archéologie, - une amphore ou les restes d'un fortin du limes, par exemple, qui sont des témoignages involontaires - , mais comme de véritables récits figurés, posant les mêmes problèmes qu'une page de Tite-Live ou de Tacite. Ceci signifie qu'il faudra les soumettre aux mêmes opérations critiques. Et d'abord identifier l'auteur du relief. Dans bien des cas, il faudra plutôt se demander qui en est le commanditaire. Nous ignorons le nom des sculpteurs qui ont travaillé à l'Ara Pacis mais Auguste lui-même nous apprend, et c'est plus important, que le monument a été construit à l'initiative du Sénat, pour célébrer son retour d'Espagne et de Gaule où il avait été rétablir l'ordre[11]. Auguste nous fournit même la date: «sous le consulat de T. Néron et de P. Quintilius», soit en 13 a.C. et nous savons par ailleurs que l'autel a été inauguré quatre ans plus tard, en janvier 9 a.C. Mais d'autres questions se posent encore, qu'on ne soulèvera pas à propos d'une amphore ou de quelques vestiges de maçonnerie. Où les sculpteurs ont-ils été puiser les renseignements nécessaires pour décrire tel ou tel événement? Comment, par exemple, les auteurs des reliefs de la colonne Trajane ont-ils obtenu des informations précises sur les deux guerres daciques? Certains spécialistes pensent que ces données venaient, pour une assez large part, d'un récit de Trajan lui-même, des Dacica, comparables aux Commentaires de César, mais qui ont disparu complètement[12]. Dans quel but a-t-on sculpté ces reliefs? Il est évident qu'il y a un message sous-jacent à ces scènes représentées sur l'Ara Pacis, sur les reliefs de l'arc de Titus, sur la colonne de Trajan ou sur l'arc de triomphe qui lui est dédié à Bénévent, message qu'il faudra tenter de découvrir et qu'il ne faudra jamais perdre de vue dans les analyses ultérieures.

 

J'en viens maintenant à des considérations plus directement pédagogiques, en partant de l'hypothèse que les documents figurés ne sont pas présentés aux élèves dans le seul but d'illustrer ce qui a été dit lors de la leçon, que le professeur n'invoque pas l'Ara Pacis pour montrer, par exemple, la coiffure très particulière d'un flamine [Fig.1], ou telle spirale de la colonne de Trajan parce qu'elle contient une belle représentation de la technique de la «tortue» [Fig.2]. Supposons donc que le professeur veuille apprendre à observer un document, à l'analyser, à en extraire les informations qu'il recèle.

 

Les bas-reliefs dont nous parlons se prêtent à ce genre d'exercice mais on ne dira pas que la tâche soit facile[13].

 

Un motif gravé étant là, sous les yeux de la classe, il faudra tenter d'identifier les personnages, de voir de quoi il s'agit, en évitant de jouer aux devinettes. Les élèves doivent procéder à l'analyse en faisant appel à ce qu'ils connaissent déjà et, pour le reste, c'est au professeur de fournir les explications, en insistant sur la manière dont on parvient à élucider ce qui, dans une représentation figurée, peut se présenter de prime abord comme une énigme.

 

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La statue d'Auguste de Prima Porta

Prenons l'exemple de la statue d'Auguste de Prima Porta[14]. La cuirasse de l'empereur est abondamment décorée [Fig.3]. Au centre, on distingue sans peine un Romain (mais que vient faire le chien à ses pieds?) tendant les bras pour recevoir ce qu'on peut identifier comme une enseigne de légion, avec l'aigle au sommet[15]. L'objet lui est présenté par un personnage dont l'habillement montre qu'il est un étranger: il est vêtu de pantalons et d'une sorte de casaque serrée à la taille par une ceinture. Allons maintenant vers le bas: c'est là que les images sont les plus claires. À gauche du Romain, un personnage chevauche un animal fantastique mais observons qu'il porte une lyre. Lui faisant face, à droite de l'étranger, une jeune femme monte un cerf au galop. La lyre et le cerf évoquent évidemment Apollon et Diane. Plus bas encore, une femme allongée tient une corne d'abondance; à son côté, deux petits enfants: c'est la Terre-Mère, qu'on retrouve à l'Ara Pacis[16]. Passons maintenant au registre supérieur. À gauche apparaît un quadrige avec son cocher: les élèves ont peut-être entendu parler du char du Soleil. À droite, il y a une jeune femme ailée tenant en main une cruche et, tout juste au-dessus, une autre femme tenant un flambeau: ce serait la Lune selon certains[17], mais il y a deux personnages! Courbaud tient compte de cette dualité. Pour lui, il s'agit de la Rosée (la femme tenant la cruche) et de l'Aurore (la femme tenant un flambeau)[18]. Couvrant cet ensemble d'une sorte de manteau déployé, un personnage barbu: ce pourrait être le Ciel, faisant le pendant à la Terre-Mère du bas de la cuirasse. Il faut revenir maintenant à la scène centrale, qui n'a pas été interprétée. Quel événement du règne d'Auguste pourrait bien correspondre à cette remise d'une enseigne par un étranger à un personnage ressemblant à un légionnaire romain? Ce sont les textes qui donnent la réponse et il convient d'insister sur ce point: sans la tradition littéraire, bien des représentations figurées resteraient pour nous des témoins muets[19]. L'image qui nous occupe est expliquée par Auguste lui-même[20]: ce sont les Parthes qui, en 20 a.C.n., ont rendu à Tibère les enseignes qu'ils avaient prises à plusieurs armées romaines, en particulier à celle de Crassus, battue en 53 à Carrhes en Mésopotamie. L'événement a eu un large écho dans la littérature de l'époque[21], et l'on voit qu'ici, l'artiste donne à cette restitution une dimension cosmique: Auguste restaure la paix et la prospérité; les ennemis capitulent et le Ciel déploie son manteau sur un monde romain régénéré.

 

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Scènes de la colonne trajane

Je voudrais maintenant, grâce à deux autres exemples, montrer à nouveau combien l'interprétation des images s'enrichit au contact des textes[22], en partant de scènes de la colonne de Trajan.

 

Voyons d'abord les images de l'armée romaine. Les sculpteurs nous la présentent sous des aspects très différents. Ici, elle traverse un fleuve; là, elle combat les Daces, s'empare d'une de leurs citadelles et fait des prisonniers; ailleurs, elle écoute une harangue de l'empereur. Mais, à de très nombreuses reprises, on voit des légionnaires se transformer en tailleurs de pierre et en maçons[23], construisant camps et retranchements [Fig.4]. En soi, cela n'a rien d'étonnant. Il est normal que les soldats élèvent des ouvrages destinés à les protéger. C'est la multiplication de ces scènes qui surprend. Pourquoi les sculpteurs insistent-ils à ce point sur ce type d'activité?[24]. Je serais tenté de croire que c'est là l'illustration de la réalité, qu'au cours des guerres daciques on a beaucoup construit et que les légionnaires étaient fort capables de se livrer à de pareils travaux. Ils s'y entraînaient d'ailleurs, comme le montre la harangue d'Hadrien aux troupes de Lambèse[25]:

 

«Les fortifications que d'autres auraient mis plusieurs jours à faire, vous les avez élevées en un seul. Vous avez bâti un mur solide, tel qu'on en construit pour les camps d'hiver, dans le même temps, peu s'en faut, qu'on dresse un mur de gazon... et pourtant, vous n'aviez sous la main que des pierres énormes, pesantes, inégales... Vous avez établi un fossé selon les règles, en creusant le gravier dur et rugueux, puis vous l'avez aplani en le ratissant. Après avoir fait approuver votre travail par vos chefs, vous êtes rentrés au camp; vous avez pris en toute hâte votre nourriture et vos armes; alors vous êtes allés soutenir les cavaliers qu'on avait lancés sur l'ennemi et qui revenaient à grands cris».

 

On pourrait enrichir le dossier d'autres textes, invoquer, par exemple, des conseils que l'on trouve chez un théoricien militaire de l'époque de Claude, Onasander. «Les soldats, note-t-il, ne doivent jamais rester sans occupation.» Et, un peu plus loin, notre auteur revient sur le sujet: c'est le devoir d'un bon général, lorsqu'il n'y a pas de combat imminent, «d'ordonner des travaux inutiles, pour l'entraînement des corps»[26].

 

Ces durs travaux imposés aux soldats ont même laissé des traces dans des documents privés. À l'époque de Trajan, précisément, un officier, dans une lettre à sa famille, se dit heureux d'échapper, en raison de son grade, à ces corvées: «Je rends grâce à Sarapis et à la Bonne Fortune de ce que, alors que tous se fatiguent toute la journée à tailler des pierres, moi, en tant que Principalis, je me promène sans rien faire»[27].

 

Et le témoignage de Dion Cassius n'est pas non plus sans intérêt. Parlant du pont construit sur le Danube pendant la seconde guerre dacique [Fig.5], l'historien dit d'abord son admiration pour Trajan, puis souligne les difficultés qu'il a fallu surmonter pour édifier un tel ouvrage; mais sa conclusion est un peu désenchantée:

 

«Ces travaux sont donc une nouvelle preuve de la grandeur d'âme de Trajan; le pont, néanmoins, ne nous est d'aucune utilité: ce ne sont que des piles dans l'eau, puisqu'on ne peut plus passer dessus, que l'on dirait construites uniquement pour faire voir qu'il n'y a rien dont l'industrie humaine ne sache venir à bout. Trajan, craignant que, lorsque l'Ister [= le Danube] est gelé, les Romains qui seraient au-delà ne fussent attaqués, le construisit, afin d'y faire aisément passer des troupes; Adrien, au contraire, appréhendant que les barbares, près avoir forcé ceux qui le gardaient, n'y trouvassent un passage aisé pour pénétrer en Moesie, en démolit le haut.»[28]

 

On m'accordera que, confrontées aux témoignages écrits, les images de la colonne où l'on voit les légionnaires maniant la pioche ou la hache sont plus parlantes.

 

J'en viens au second exemple: il s'agit de la mort de Décébale. Tout en haut de la colonne[29], deux scènes retiendront notre attention. La première [Fig.6] représente un barbare couché au pied d'un arbre et qui tente visiblement de se trancher la gorge. Un cavalier romain s'approche au galop et tend le bras pour l'empêcher de se suicider; un autre Romain a mis pied à terre et veut, lui aussi, intervenir. Le fait qu'on veuille s'emparer du Barbare vivant et qu'immédiatement après, sa tête est amenée au camp romain [Fig.7] ne laisse subsister aucun doute. C'est Décébale lui-même qui est représenté ici mais que s'est-il passé? Le roi a-t-il réussi à se tuer ou a-t-il été capturé avant d'être décapité? Les textes, à nouveau, vont compléter les images. Et d'abord le témoignage de Dion Cassius qui parle clairement de suicide: «Quant à Décébale, comme sa résidence royale et son royaume tout entier étaient au pouvoir des vainqueurs, et qu'il courait lui-même le risque d'être pris, il se donna la mort, et sa tête fut portée à Rome.»[30] Mais il y a mieux, si je puis dire. Une inscription découverte en 1965 près de Philippes, en Macédoine, donne le nom du cavalier romain qui s'est emparé du roi des Daces[31]. Il s'appelait Tiberius Claudius Maximus et s'est fait faire, de son vivant, une stèle funéraire. L'inscription retrace sa longue carrière militaire. Il a déjà participé, brillamment, à une guerre dacique sous Domitien; il s'est battu ensuite sous les ordres de Trajan qui l'a élevé au rang de decurio «parce qu'il avait pris Décébale et lui [à Trajan] avait apporté sa tête à Ranisstorum»[32]. L'inscription est surmontée d'un relief qui illustre son exploit. On y voit Tiberius Claudius foncer au galop vers Décébale écroulé sur le sol et qui vient de se trancher la gorge; le Romain, ici, a son glaive à la main, comme s'il voulait couper la tête du roi. Le relief de la colonne, Dion Cassius et l'inscription de Philippes nous fournissent des informations qui ne sont pas inconciliables. Décébale, sur le point d'être capturé, s'est tranché la gorge. Tiberius Claudius a peut-être essayé de l'empêcher de commettre ce geste mais s'est, en tout cas, emparé du roi, mort ou mourant, et c'est lui, sans doute, qui lui a coupé la tête. Cette affaire reste, malgré tout assez obscure, tellement obscure que M. Gagé a pu défendre une autre reconstitution des faits. Pour lui, l'inscription de Philippes est venue «exclure complètement cette version du suicide: probablement traqué et menacé dans ses abris de la Dacie septentrionale par une poursuite romaine de plus en plus serrée, Décébale a été tué dans un combat singulier, à cheval, par un sous-officier de cavalerie de Trajan, lequel, vainqueur, s'est chargé de lui trancher la tête[33]. Je ne m'étendrai pas davantage sur cette question. Il m'aura suffi de montrer, une fois encore, l'ambiguïté de ces témoignages, images ou textes, et la nécessité, par conséquent, de les confronter. La nécessité, également, de prendre connaisance des études les plus importantes consacrées à ces documents: on ne tirera rien, ou pas grand-chose, d'un relief isolé et dont on improviserait l'interprétation dans l'ignorance de toutes les analyses antérieures. Cela signifie qu'il faudrait, pour chaque pièce à étudier en classe, constituer un dossier réunissant de bonnes reproductions du document, des images et/ou des textes parallèles, de la bibliographie. Il serait inconvenant d'exiger une telle préparation d'enseignants qui n'ont guère de temps libre et pas de grande bibliothèque à leur disposition. L'exploitation de sources iconographiques, telle que je l'ai présentée ci-dessus, n'est pourtant pas utopique. On pourrait concevoir que les professeurs de méthodologie de l'histoire proposent de tels sujets aux étudiants inscrits à leurs séminaires, que des recherches de ce type fassent même l'objet de mémoires de fin d'études. Mais il serait sans doute souhaitable que ces professeurs s'associent à l'un ou l'autre spécialiste des sujets qu'ils envisagent de traiter. Je ne vois pas comment ou pourrait se lancer, avec le même bonheur, dans l'interprétation de la colonne trajane, de la tapisserie de Bayeux et des monuments aux morts de la guerre 14/18. Tandis qu'avec un peu d'esprit de collaboration, de beaux dossiers seraient susceptibles de voir le jour, scientifiquement solides et, me semble-t-il,  parfaitement utilisables en classe.

 

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* Ces bas-reliefs historiques romains ont fait l'objet d'un séminaire de critique historique appliquée à l'antiquité durant l'année académique 1999/2000. Je voudrais remercier les étudiant(e)s qui ont participé à ces séances: leurs recherches m'ont été bien utiles dans la préparation de ces quelques pages. Toute ma gratitude va aussi à Mademoiselle A. Delcourt, aspirant du FNRS, qui m'a accompagné très efficacement dans la direction de ce séminaire.

[1] M. Sauerlandt, Griechische Bildwerke, Königstein - Leipzig, 1942, p.26-29; 47-51.

[2] M. Sauerlandt, Griechische Bildwerke, p.11 (Aristion), 63 (Hégéso); R. Martin, L'art grec, Le livre de poche. Encyclopédies d'aujourd'hui, 1984, p.486 (Dexiléos).

[3] R. Martin, L'art grec, p.312 (Athéna pensive), M. Sauerlandt, Griechische Bildwerke, p.64 (Déméter, Corè et Triptolème); p.71 (Athéna rajustant sa sandale).

[4] Cf. C.L. Lawton, Attic Document Reliefs. Art and Politics in Ancient Athens, Oxford, 1995.

[5] C.L. Lawton, Attic Document Reliefs, p.82-83 et pl.2. Pour la traduction du texte, voir J.-M. Hannick - M. Masson - M. Delwart, Racines du futur, t.I. Du Ve siècle av. J.-C. au Xe siècle ap. J.-C., Namur, 2000, p.22.

[6]  C.L. Lawton, Attic Document Reliefs, p.88-89 et pl.7.

[7]. C.L. Lawton, Attic Document Reliefs, p.126-127 et pl.50.

[8] «Toutes les fois que j'aurai l'occasion de me servir de ce mot de bas-relief historique», notait E. Courbaud, dans un ouvrage fort ancien mais qui reste fondamental, «j'y attacherai le sens général que j'indique maintenant. J'appellerai ainsi tout ce qui a trait à la vie romaine et non pas seulement le récit des événements militaires, l'histoire intérieure de la cité aussi bien que l'histoire des conquêtes.» (Le bas-relief romain à représentations historiques, Paris, 1899, p.26, n° 2).

[9] Par exemple, R. Bianchi Bandinelli, Rome. Le centre du pouvoir, Paris, 1969 (L'univers des formes); N.H. & A. Ramage, The Cambridge Illustrated History of Roman Art, Cambridge, 1991. Reste indispensable, malgré son âge, le Répertoire de reliefs grecs et romains de S. Reinach, 3 vol., Paris, 1909-1912. À souligner aussi l'intérêt du livre de J. Charbonneaux, L'art au siècle d'Auguste, Paris, 1948, qui comporte tout un chapitre (p.61-91) consacré aux reliefs historiques.

[10] Voir, par exemple, le site de M. Morford, Augustus, Images of Power, avec des reproductions du Mausolée d'Auguste, de l'Ara Pacis, de la statue de Prima Porta et de la Gemma Augustea; pour la colonne de Trajan, voir les remarquables photos de W. Thayer, sur son site LacusCurtius.

[11] Res gestae divi Augusti (éd. J. Gagé, Paris, 19502), 12, 2: «Cum ex Hispania Galliaque, rebus in iis provinciis prospere gestis, Romam redi Ti. Nerone et P. Quintilio consulibus, aram Pacis Augustae senatus pro redito meo consecrandam censuit ad campum Martium, in qua magistratus et sacerdotes virginesque Vestales aniversarium sacrificium facere iussit.»

[12] P.J.E. Davies, The Politics of Perpetuation: Trajan's Column and the Art of Commemoration, dans American Journal of Archæology, 101, 1997, p.43.

[13] Sur les difficultés d'interprétation des sculptures en général, voir A. Snodgrass, Archaeology, dans M. Crawford (éd.), Sources for Ancient History, Cambridge, 1983, p.174-175. Et, pour un cas particulier, l'article tout récent de L. Marinescu-Nicolajsen, La colonne trajane: le triptyque de la victoire. Contribution à une nouvelle interprétation de la scène IX, dans Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, 111, 1999, 273-310.

[14] Cf. J.-M. Hannick - M. Masson - M. Delwart, Racines du futur, t.I, p.78. On trouvera une reproduction plus détaillée dans N.H. & A. Ramage, The Cambridge Illustrated History of Roman Art, p.17. Le relief de la cuirasse est bien analysé dans E. Courbaud, Le bas-relief romain à représentations historiques, p.66-74. Voir aussi C.T. Seltman, Cambridge Ancient History, Plates, t.IV, Cambridge, 1966, p.150; G. Charles-Picard - J. Rougé, Textes et documents relatifs à la vie économique et sociale dans l'empire romain, Paris, 1969, p.230 (la 3e partie de ce volume, consacrée aux Monuments figurés, contient des photos et des analyses de plusieurs bas-reliefs historiques).

[15] D'après C.T. Seltman. (cf.n.14), le Romain serait le dieu Mars lui-même «accompanied by his dog».

[16] N.H. & A. Ramage, The Cambridge Illustrated History of Roman Art, p.91, fig.3.16.

[17] N.H. & A. Ramage, The Cambridge Illustrated History of Roman Art, p.87.

[18] Le bas-relief romain à représentations historiques, p.71. Légère variante dans J. Charbonneaux, L'art au siècle d'Auguste, p.65: «En haut, le ciel étend son voile; le Soleil lance son char dans l'espace; l'Aurore le précède versant la rosée et portant sur ses ailes Phosphoros, l'étoile du matin.»

[19] Cf. H. Bengtson, Einführung in die alte Geschichte, 7e éd. Munich, 1975, p.122; G. Daux, Les étapes de l'archéologie, Paris, 3e éd., 1958, p.6-7.

[20] Res gestae divi Augusti, 29, 2: «Parthos trium exercitum Romanorum spolia et signa reddere mihi supplicesque amicitiam populi romani petere coegi. Ea autem signa in penetrali, quod est in templo Martis Vltoris, reposui.»

[21] Cf., par exemple, Horace, Odes, IV, 15, 4-8; Ovide, Tristes, II, 227-228; Fastes, V, 579-594; Virgile, Énéide, VII, 606.

[22] On pourrait montrer aussi - et ce ne serait pas moins instructif - combien les images peuvent s'expliquer les unes par les autres. On a évoqué ci-dessus (n.3) la stèle de l'Athéna pensive, figure énigmatique s'il en est. Fr.Chamoux propose une interprétation de cette œuvre, très convaincante, fondée sur la comparaison avec des images de même type apparaissant sur des peintures de vases (L'Athéna mélancolique, dans Bulletin de correspondance hellénique, 81, 1957, p.141-159).

[23] S. Reinach, Répertoire de Reliefs Grecs et Romains, t.I, p.334, fig.13; p.335, fig 14, 16; p.336, fig. 18; p.346-347, fig. 49, 52... À propos de ces scènes, voir le commentaire de S. Settis, La colonne trajane: invention, composition, disposition, dans Annales E.S.C., 40, 1985, p.1162. On se rappellera aussi, dans un tout autre sens et même si le contexte chronologique est fort différent, la diatribe de Brutus contre Tarquin le Superbe telle que la rapporte Tite-Live (I, 59,9). Brutus a parlé au peuple du viol de Lucrèce puis fait allusion aux grands travaux ordonnés par Tarquin: «Il parla ensuite de la tyrannie exercée par le roi, des peines et des corvées infligées à la plèbe, ensevelie dans les tranchées et dans les égouts qu'il fallait creuser; les Romains, vainqueurs de tous leurs voisins, de guerriers qu'ils étaient, étaient devenus des terrassiers et des tailleurs de pierre!» (trad. A. Flobert).

[24] Il est frappant de constater que, sur la colonne de Marc-Aurèle, les scènes de ce genre sont beaucoup plus rares.

[25] X. Loriot - Chr. Badel (dir.), Sources d'histoire romaine. 1er siècle av.J.-C. - Début du Ve siècle apr. J.-C., Paris, 1993, p.173.

[26] Onasander, Strategikos, éd. W.A. Oldfather, 9,2 et 10,1.

[27] E.M. Smallwood, Documents illustrating the Principates of Nerva Trajan and Hadrian, Cambridge, 1966, n° 307a, l.14-16 [P.Mich., 465]. Le Principalis Apolinarios écrit en 107 p.C., de Bostra, en Arabie, à sa mère qui vit à Karanis, dans le Fayoum. Dans une lettre à son père (ibid., 307b), de peu postérieure, il redit sa satisfaction de ne pas être astreint à ces lourds travaux manuels. Voir à ce propos Cl. Préaux, Une source nouvelle sur l'annexion de l'Arabie par Trajan: les papyrus de Michigan 465 et 466, dans Phoibos, 5, 1950-1951 [Mélanges J. Hombert], p.123-139.

[28] Dion Cassius, LXVIII, 13, 5-6 (trad. E. Gros, Paris, 1867).

[29] Je n'ai pas à m'étendre ici sur le problème de la lisibilité de reliefs situés à quelque 30 m. de hauteur: le sujet a, bien entendu, été abondamment traité. Voir, à ce propos, M. Galinier, La colonne trajane: Lisibilité, structures et idéologie, dans Pallas. Revue d'études antiques, 44, 1996, p.159-202.

[30] Dion Cassius, LXVIII, 14 (trad. E. Gros).

[31] M. Speidel, The Captor of Decebalus. A New Inscription from Philippi, dans Journal of Roman. Studies, 60, 1970, p.142-153 [repris dans Roman Army Studies, I, Amsterdam, 1984, p.173-187].

[32] «Et ab eode(m) factus decurio in ala eade(m) quod cepisset Decebalu(m) et caput eius pertulisset ei Ranisstoro» (l.17-21).

[33] Quelques remarques sur la décapitation du roi Décébale, dans Studii clasice, 24, 1986, p.119.


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