FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 4 - juillet-décembre 2002


L'Énéide et la tradition prévirgilienne.
 

Quelques spécificités de l'Énéide par rapport à la légende d'Énée antérieure à Virgile

 

par

 
Jacques Poucet
 
Professeur à l'Université de Louvain
et aux Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles
Membre de l'Académie royale de Belgique

<poucet@egla.ucl.ac.be>


[Texte d'une leçon publique donnée le 2 mai 2000 aux Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles (Belgique)]


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Introduction

 (Version sonorisée (4182 Ko  ; 2 min. 13))

Ce n'est pas Virgile qui a inventé la légende d'Énée, qu'il s'agisse des conditions difficiles du départ de Troie, des longues errances en Méditerranée ou des combats qui autorisèrent la fondation en Italie d'une ville nouvelle pour abriter les Pénates de Troie et servir de berceau à la future race romaine. Lorsque le poète de Mantoue entreprit la rédaction de l'Énéide vers 29 avant Jésus-Christ, nombre d'auteurs anciens, grecs et latins, avaient déjà raconté ces événements, en tout ou en partie. Ces « Énéides » prévirgiliennes (appelons-les ainsi) ne nous sont parvenues qu'à l'état fragmentaire, à de rares exceptions près, la plus importante étant celle, en grec, de Denys d'Halicarnasse (I, 46 à 71). Comme elle a été conservée intégralement, elle offre un point de comparaison précieux, d'autant plus que Denys est un contemporain de Virgile, que c'est un harmonisateur de talent, et que son récit est indépendant de celui de Virgile. L'Énéide de Denys nous livre une image assez fidèle de l'état de la légende d'Énée à la fin du Ier siècle. Mais, je l'ai dit, nous disposons aussi d'autres témoignages, moins complets certes, mais assez éloquents, l'ensemble nous permettant de reconstituer, avec assez de vraisemblance et de précision, l'histoire de la légende d'Énée ; bref nous savons comment elle se présentait lorsque Virgile est entré en scène.

Lors de la leçon précédente, j'ai tenté de présenter l'essentiel de ces versions prévirgiliennes. Il faut parler de « versions » au pluriel, car la légende, en se développant au fil des siècles, a connu de multiples états différents. Je ne reviendrai plus sur cette évolution, me bornant à tenter de cerner les spécificités virgiliennes. En d'autres termes, on l'aura compris, il s'agira aujourd'hui de dégager les spécificités de l'Énéide par rapport aux récits antérieurs sur Énée, de façon à mettre mieux en évidence certains aspects du travail littéraire de Virgile. Quelles sont les transformations opérées sur cette vulgate par le poète augustéen, et quels buts a-t-il poursuivis ?

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A. De très nombreuses différences ponctuelles 

 (Version sonorisée (6860 Ko ; 3 min. 38))

Lorsqu'on compare les motifs de l'Énéide avec ceux que présentent les versions pré- et périvirgiliennes, on relève de très nombreuses différences ponctuelles. Il serait trop long et très fastidieux de les énumérer. Certaines ne touchent que des détails, d'autres sont beaucoup plus importantes. Par ailleurs, elles ne sont pas toujours toutes explicables. Épinglons quelques exemples.

Il existait dans la tradition antérieure de multiples versions du départ de Troie. Virgile a choisi celle du combat et de la fuite avec ses compagnons, ses proches et ses dieux, à l'insu des ennemis. Il était impensable pour Virgile d'adopter la vision de certains de ses prédécesseurs (par exemple Ménécrate de Xanthos) faisant d'Énée un traître qui avait livré Troie aux Grecs et qui, en récompense, avait pu partir librement, presque avec les honneurs de la guerre. C'est un premier exemple.

En voici un deuxième, relativement mineur lui aussi. Dans toute la tradition antérieure, les Troyens débarquent dans le territoire laurentin, la région de la future ville de Lavinium. Virgile est seul à envisager un débarquement à une vingtaine de kilomètres plus au nord, à l'embouchure même du Tibre. Pourquoi ? Peut-être parce que cela répondait à un souci de valoriser le Tibre et l'axe Ostie-Rome, qui avait à l'époque d'Auguste une très grande importance économique, alors que Lavinium n'était plus qu'une simple bourgade sans signification autre que symbolique.

Mais il y a des différences infiniment plus importantes.

Une des plus significatives porte sur ce qu'on peut appeler l'échiquier des alliances lors des guerres qui marquent l'installation des nouveaux venus dans le Latium. Sur ce plan Virgile a profondément innové. Dans la vulgate prévirgilienne (par exemple chez Caton), les anciens occupants du lieu, c'est-à-dire les gens de Latinus, deviennent très vite les alliés d'Énée et de ses Troyens, tandis que les Étrusques forment, avec les Rutules de Turnus, les adversaires des Troyens. Dans l'Énéide virgilienne, les Latins sont les adversaires des Troyens, et le gros des Étrusques les alliés des Troyens.

Transformation radicale, que les Modernes ont tenté d'expliquer. Je ne m'occuperai ici que des Étrusques. Pourquoi donc, d'ennemis qu'ils étaient, les Étrusques sont-ils devenus chez Virgile les alliés des Troyens ? Parce que, semble-t-il, dans l'histoire romaine elle-même, les Étrusques avaient cessé depuis longtemps d'être les adversaires des Romains. L'Étrurie avait été conquise et assimilée, et - cerise peut-être sur le gâteau - Mécène, le protecteur de Virgile, était issu d'une grande famille étrusque. Il était en quelque sorte devenu politiquement plus correct de faire des Étrusques des alliés privilégiés. On notera cependant qu'il reste chez Virgile un souvenir de la tradition ancienne, en ce sens que tous les Étrusques ne sont pas passés du bon côté ; l'Énéide connaît en effet un groupe de mauvais Étrusques : ceux de Mézence combattront contre les Troyens, aux côtés de Turnus et de ses Rutules. Dédoublement donc du monde étrusque, qui permet à Virgile de s'adapter à l'air du temps, tout en conservant en partie le motif traditionnel.

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B. Deux principes de composition à l'oeuvre dans le récit 

 (Version sonorisée (7798 Ko ; 4 min. 09))

Il y a, entre l'Énéide virgilienne et les versions antérieures, beaucoup plus que des différences ponctuelles. C'est le contenu même de l'Énéide qui est différent. Et cela parce que Virgile a mis en oeuvre deux principes de composition, que j'appellerais d'une part un principe de dilatation, de l'autre, un principe de concentration ou de condensation, les deux aspects - dilatation et condensation - étant d'ailleurs en partie liés. Je m'explique à l'aide de quelques exemples.

Dilatation

Un premier exemple de dilatation concerne les peuples engagés dans la guerre. Chez Virgile, il ne s'agit plus, comme chez ses prédécesseurs, d'un conflit régional, d'une lutte limitée mettant en cause trois petites tribus voisines, les Latins, les Rutules et les Étrusques. Dans l'Énéide, c'est toute l'Italie qui est concernée, et cet élargissement vaut au lecteur quelques brillants catalogues, comme celui des Italiens au chant VII (Sabins, Volsques, par exemple), et, en parallèle, celui des Étrusques au chant X. On a même voulu entraîner dans la guerre Diomède et ses gens, qui occupaient alors l'Apulie. Il n'est pas inutile de rappeler ici que les guerres civiles avaient incendié toute l'Italie, qu'Auguste y avait mis fin et qu'elles sont bien présentes à l'esprit de Virgile et de ses contemporains.

Un second exemple de dilatation des données concerne l'introduction dans l'Énéide de récits légendaires qui, au départ, n'avaient rien ou pas grand-chose à voir avec Énée. Ainsi si l'histoire d'Évandre et de Pallas existait bien avant Virgile, elle n'avait aucun rapport avec celle d'Énée. Virgile les a fusionnées, au mépris d'ailleurs de la chronologie légendaire, ce qui lui a permis d'élargir très sensiblement le récit. Énée ira rendre visite à Évandre dans sa ville de Pallantée sur le Palatin, et cela vaudra au lecteur de l'Énéide une description de la Rome avant Rome ; mieux encore, Évandre confiera à Énée son jeune fils, Pallas, lequel sera tué par Turnus, une mort qu'Énée devra venger. Beaucoup des développements des quatre derniers livres sont d'une certaine manière des conséquences directes de cette fusion opérée par Virgile entre deux légendes qui, au départ, n'avaient rien à voir entre elles.

Avec l'histoire de Didon, on est en présence d'un autre phénomène de dilatation, un peu différent, il est vrai, du cas d'Évandre. La légende de Didon, elle, existait avant Virgile : Névius avait dans son Bellum Punicum mis la reine de Carthage en rapport avec Énée. On ne sait malheureusement pas avec précision quel rôle le vieux poète faisait jouer aux deux protagonistes, mais on est sûr d'une chose, c'est que Virgile a développé leur rencontre, la transformant en une brillante histoire d'amour qui occupe le premier tiers de l'oeuvre.

Venons-en à un dernier exemple de dilatation, plus large encore. En effet, ce qui est pris en compte dans l'Énéide, ce n'est pas seulement l'histoire d'Énée, mais c'est toute l'histoire romaine jusqu'à Auguste. Bien sûr, le récit, dans sa linéarité de base, se termine au chant XII par la mort de Turnus. Ni Lavinium, ni Albe, ni Rome ne sont fondées encore, mais ces trois cités primordiales sont bien présentes dans l'oeuvre, tout comme - et c'est encore plus important - sont présents les faits principaux de l'histoire de Rome jusqu'au fondateur de l'empire, Octave-Auguste. L'Énéide n'est plus l'histoire d'Énée, c'est l'histoire de Rome jusqu'à Auguste.

Dilatation extrême qui ne fut possible que parce que Virgile a fait appel à cet autre principe de composition évoqué plus haut, celui de la condensation.

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Condensation

 (Version sonorisée (5612 Ko ; 2 min. 59))

Dilatation va en effet de pair avec condensation. Si toute la suite de l'histoire romaine jusqu'au règne d'Auguste est présente dans une oeuvre qui se termine par la mort de Turnus, ce ne peut être que d'une manière allusive. Pour faire tenir toute l'histoire de Rome dans une coquille de noix, le poète a eu recours à divers procédés. En voici quelques-uns.

Des prophéties d'abord, une des plus significatives étant celle du premier livre où Jupiter, le grand dieu des Romains, pour rassurer Vénus sur le destin de son fils Énée, évoque devant elle la fondation de Rome qui prendra place après 333 ans (chiffre symbolique) et envisage le brillant avenir réservé aux Romains : « Je leur ai donné un empire sans fin » (imperium sine fine dedi). C'est ce qu'on appelle la grande prophétie de Jupiter (I, 223-296). Mais il y a beaucoup d'autres prophéties.

Un autre « truc » utilisé par Virgile pour raconter anticipativement la suite de l'histoire romaine se rencontre dans la descente aux enfers du chant VI. Énée, après avoir écouté la prophétie de la Sibylle (une autre prophétie), visite l'au-delà sous la conduite de cette dernière, pour y rencontrer son père Anchise. Lequel va expliquer à son fils la théorie de la métempsycose et passer en revue les âmes de tous ceux qui, après avoir bu l'eau du Léthé, vont remonter sur terre au fil des siècles, pour devenir les grands hommes de la Royauté et de la République. Bien sûr, Octave-Auguste est là, lui aussi, parmi ceux qui, dans les enfers, attendent leur tour.

Autre « truc » utilisé pour assurer ces brillantes percées vers l'avenir : les ekphraseis, un terme technique qui désigne des descriptions littéraires d'oeuvre d'art. La plus célèbre est au chant VIII la présentation détaillée de la décoration du bouclier d'Énée, fabriqué dans les ateliers de Vulcain et que Vénus viendra remettre à son fils. Cette pièce est ornée de scènes tirées de l'ensemble de l'histoire romaine mais sa partie centrale est occupée par la bataille d'Actium, qui assurera définitivement l'Empire après avoir opposé deux mondes, d'un côté l'Orient avec Antoine et Cléopâtre, de l'autre l'Occident avec Octave.

Il ne faudrait d'ailleurs pas croire que seul l'avenir est pris en compte dans l'Énéide. À Pallantée, le vieil Évandre a également raconté au héros troyen le lointain passé du Latium, en remontant jusqu'aux premières origines, le règne de Saturne. Bref, passé, présent et futur, c'est tout un monde dans une coquille de noix.

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C. L'influence prédominante d'Homère 

 (Version sonorisée (8524 Ko ; 4 min. 32))

On imagine bien dans ces conditions que l'Énéide ne se présente pas comme un récit linéaire. C'est une oeuvre cyclique, étroitement calquée sur les poèmes homériques. Dans les quatre premiers livres, sur le modèle exact de l'Odyssée, le lecteur se voit jeté en pleine action (in medias res). L'histoire d'Énée à Carthage est bâtie sur la même séquence que celle d'Ulysse chez les Phéaciens : tempête, sauvetage, accueil et récit en flash-back, lors d'un banquet, de ce qui s'est passé. Dans la seconde partie, sur le modèle cette fois de l'Iliade, les chants VII à XII de l'Énéide ne développent en détail qu'un seul épisode (quelque 20 jours) de l'ensemble des guerres dans le Latium. Faut-il rappeler que l'Iliade d'Homère est le récit d'un seul épisode de la longue guerre de Troie, celui de la colère d'Achille. Dans un certain sens, l'Énéide, c'est l'Odyssée et l'Iliade réunies en une seule oeuvre.

D'autres influences structurelles des poèmes homériques sur l'Énéide peuvent d'ailleurs être repérées. C'est le cas par exemple de Pallas et de Patrocle. Des deux côtés, on retrouve la même séquence des événements principaux : la mort de Pallas déchaîne la colère d'Énée qui aboutira à la mort de Turnus ; la mort de Patrocle déchaîne la colère d'Achille qui aboutira à la mort d'Hector.

L'influence d'Homère sur l'Énéide n'est pas uniquement d'ordre structurel. Au vieux poète grec, Virgile a emprunté des épisodes entiers : les jeux funèbres en l'honneur d'Anchise au livre V par exemple sont inspirés des jeux funèbres organisés en l'honneur de Patrocle à la fin du chant XXIII de l'Iliade ; la visite d'Énée au monde des morts au livre VI est à mettre en rapport avec la nekuya d'Ulysse au livre XI de l'Odyssée ; la sortie nocturne de Nisus et d'Euryale au livre IX de l'Énéide est le pendant de la sortie nocturne d'Ulysse et de Diomède en Iliade X, ce qu'on appelle « la Dolonie » ; le Conseil des dieux au livre X de l'Énéide correspond au Conseil des dieux au chant VIII de l'Iliade. Épisodes entiers, ici, et il y en a beaucoup d'autres. Mais à côté des épisodes, il y a les thèmes ; les comparaisons (ces fameuses comparaisons homériques !) ; les emprunts ponctuels ; la liste serait interminable des influences d'Homère sur l'Énéide ; les auteurs anciens déjà en dressaient le relevé, appréciant dans chaque cas, comme Macrobe dans ses Saturnales, la supériorité tantôt de l'un tantôt de l'autre (Macrobe, V, 10 « Des passages empruntés par Virgile à Homère et où il lui semble supérieur » ; Macrobe, V, 13 « Des passages où Virgile n'arrive pas à la grandeur des vers homériques »).

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D. De nombreuses autres influences littéraires 

Je viens d'évoquer l'influence, profonde et déterminante, d'Homère. Mais le vieil auteur grec n'est pas seul à avoir marqué Virgile. Le poète augustéen a puisé à de très nombreuses sources, tant grecques que latines. Certaines influences, parce que massives et évidentes, sautent aux yeux. Ainsi l'histoire d'amour entre Énée et Didon s'est modelée sur l'histoire d'amour entre Médée et Jason, telle que l'avait racontée Apollonius de Rhodes dans ses Argonautiques. Mais d'autres influences sont plus subtiles, qu'il s'agisse de motifs, ou simplement d'emprunts textuels. Pour un poète latin en effet, une manière classique de rendre hommage à un de ses prédécesseurs était de lui emprunter des bouts de vers (souvent des hémistiches), sans mettre de guillemets bien sûr. Virgile est un doctus poeta, et ces hommages discrets ne sont sensibles qu'à un lecteur très informé : le doctus poeta exige un doctus lector. Malheureusement, nous ne connaissons plus qu'une très faible partie de la littérature ancienne, et nous ne pouvons saisir toutes ces allusions littéraires qu'avec l'aide des commentateurs anciens qui lisaient encore bien des textes aujourd'hui disparus.

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E. Des perspectives spécifiques 

 (Version sonorisée (6742 Ko ; 3 min. 35))

Il y aurait encore tant et tant de choses à dire, car le sujet est inépuisable. Une comparaison entre l'Énéide et les versions prévirgiliennes de la légende d'Énée devrait également faire intervenir d'autres considérations, comme les perspectives rédactionnelles et les perspectives idéologiques. Je ne fais que les présenter brièvement.

Perspectives rédactionnelles

Le récit historique (ou mieux pseudo-historique) des prédécesseurs de Virgile se voit profondément transformé. Virgile n'est pas un historien, mais un poète épique. Il est dès lors normal et attendu que son oeuvre présente toutes les caractéristiques de l'épopée ancienne. Ainsi par exemple :

• le recours aux prophéties, qui jouent un grand rôle. On a évoqué plus haut la grande prophétie de Jupiter au chant I ; dans le livre III, celui des voyages, les prophéties sont constitutives de l'action. Les Troyens, lorsqu’ils quittent leur ville en flammes, ne savent pas où ils doivent aller : le but ultime de leur voyage ne leur sera découvert que progressivement, dans un jeu subtil de prophéties, qu’ils ne comprennent pas toujours correctement ;

• les prodiges ;

• le va-et-vient systématique entre les événements sur la terre et ce qui se passe au ciel ;

• l'intervention, systématique elle aussi, des dieux dans les affaires humaines ;

• les rêves, les songes, les apparitions nocturnes (le Tibre par exemple qui apparaît à Énée au début du chant VIII, et qui d'ailleurs lui délivre en même temps une prophétie), etc.

Perspectives idéologiques

Il y a aussi dans l'Énéide des perspectives idéologiques très différentes de celles qui animaient les récits antérieurs. On citera par exemple :

• les conceptions philosophiques ; je rappelle à ce propos l'intérêt du motif de la métempsycose au chant VI ; il ne faudrait pas en conclure que Virgile, en tant que personne, croyait à la métempsycose, mais la formule convenait très bien à son sujet ;

• les conceptions religieuses ; c'est le thème surdéveloppé du pius Aeneas ; c'est aussi tout le problème de la religion de Virgile, en particulier de sa conception de la pietas ;

• ce qui permet de mettre en évidence le caractère romain de l'oeuvre ; ses implications politiques ; son ancrage dans les réalités de l'époque augustéenne (importance du retour à la paix civile) ; la mise en évidence de valeurs romaines (il n'y a pas que la pietas, il y a aussi l'honneur, la vertu guerrière) ; tout le problème du rattachement des grandes familles romaines aux compagnons troyens et, surtout, le cas de la gens Iulia.

 

Pour développer tous ces points, il faudrait des heures et des heures, il faudrait des livres et des livres. On a d'ailleurs tellement parlé et écrit sur l'Énéide, qu'il est peut-être plus sage de se taire, ou, plus exactement, de prendre le texte et de le lire ou de le relire, en le savourant tout à l'aise. Il mérite encore qu'on y consacre du temps.

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Jacques Poucet (poucet@egla.ucl.ac.be)
Professeur à l'Université de Louvain (Louvain-la-Neuve) et aux
Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles)
Membre de l'Académie royale de Belgique


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