FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 2 - juillet-décembre 2001


Virgile et notre temps

par

Marcel Delaunois

 Professeur émérite de l'Université de Louvain (Louvain-la-Neuve)
et des Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles)

Article repris de Helmantica, t. 28, 1977, Salamanca, pp. 103-119 = Commentationes Philologicae en honor del P. Julio Campos. Les subdivisions, absentes de l'article original, ont été introduites par l'auteur lui-même.

Adresse de l'auteur: rue des Jardins 9 - B-7060 Soignies (Belgique)


Plan


Pourquoi étudier les auteurs anciens en notre temps ?

    Pourquoi encore étudier des auteurs anciens, fussent-ils éminents ? Pourquoi les enseigner encore à une jeunesse éprise de nouveauté, d'évolution, de contestation, et souvent dans un sens révolutionnaire, destructeur a priori du passé ? Ces questions se posent, s'imposent à tous, malheureusement, à notre époque, et trop souvent, on perd de vue qu'il y a urgence à fournir des réponses et à proposer les moyens adéquats pour les mettre en œuvre, si on veut éviter une désaffection croissante envers la culture classique. Les classiques ne vivent plus comme naguère de la vitesse acquise, et il leur convient de manifester, à l'Université comme dans l'enseignement secondaire général, un progressisme ouvert et équilibré.

    Il s'impose, bien sûr, de poursuivre l'étude des chefs-d'œuvre antiques parce qu'ils témoignent des richesses fondamentales propres à l'homme de tous les temps. Il convient d'en promouvoir l'essor auprès des jeunes surtout, parce qu'ils leur parlent de problèmes qui sont plus que jamais les leurs, même s'ils se posent en termes différents et au cœur de circonstances nouvelles, et parce qu'ils leur font entrevoir des solutions ou tout au moins des éclairages susceptibles de guider leur pensée et leur vie, avec le recul de l'histoire, qui leur confère un autre prestige, un autre impact que ceux de bien des auteurs modernes et contemporains. Et cela prépare à la vraie vie. En 1975, on nous demande instamment de préparer des jeunes pour l'an 2000, de les préparer à la civilisation technique et socio-économique, s'entend. En 1950, on nous demandait déjà de préparer en ce sens des hommes pour 1975. Et on voit maintenant qu'on s'est grossièrement trompé. Car la civilisation technique évolue trop vite, charrie les individus et les théories éphémères. Au fond, qu'est-ce qui aura le moins changé en l'an 2000 ? Les grands classiques, Homère, Virgile... Pour ce qui est de l'essentiel, du spirituel, bien sûr, mais encore faut-il en garder le sens.

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Explication globale de Virgile

    Encore faut-il parvenir à convaincre la jeune génération, étouffée d'actualité, que ces auteurs, parce qu'ils sont de tous les temps, sont aussi de notre temps, et explicables avec les critères de notre temps. Et pour cela, il convient de ne négliger aucun aspect, c'est-à-dire de joindre à une étude humaine primordiale, qui en démontre la vérité à l'esprit et en imprime la richesse à l'âme, une explication littéraire et linguistique dont les méthodes suivent modérément les progrès de la science moderne.

C'est pourquoi, dans cette modeste contribution, écrite en hommage à un éminent collègue, nous voudrions en premier lieu esquisser quelques lignes de force et poser l'un ou l'autre problème qui se manifestent dans l'œuvre de Virgile et qui nous semblent concerner surtout les jeunes en recherche, mettant par là l'accent sur le plan humain. Nous nous proposons en second lieu de rappeler que, sur les plans littéraire et linguistique, il existe des découvertes, des méthodes et des tendances neuves qui, si on les utilise avec équilibre et habileté, ne contrecarrent en rien l'aspect humain mais contribuent au contraire à le mettre davantage en lumière. Relevons en passant que notre critique philologique a tout intérêt à ne pas refuser certains aspects, à ne pas grossir tel ou tel aspect au détriment d'un autre : elle se doit de révéler, en faisant flèche de tout bois, la richesse globale, cohérente, structurale d'une œuvre, surtout lorsqu'il s'agit d'un poète inspiré, d'un uates comme Virgile. Seule une critique montrant comment les diverses données s'imbriquent pour tisser une œuvre fine et complexe peut continuer à retenir l'attention de nos contemporains. Réconcilions science et humanisme, soucieux du mêden agan et du nil humani a me alienum [1].

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Actualité des problèmes posés par Virgile

    Il est incontestable que Virgile œuvrait dans un monde en crise (fin de république, début d'empire après de sanglantes guerres civiles), semblable par bien des aspects au nôtre, où les Romains vivaient dans l'incertitude, voire le désarroi, sous le poids de multiples interrogations de tous ordres, politiques, sociales, morales, religieuses, philosophiques, et que ces interrogations marquaient surtout les jeunes, qui séduisaient tant Virgile. Comme le dit R. Lesueur, dans son très récent ouvrage sur lequel nous reviendrons tantôt, « aussi bien, de nos jours, une tendance se dessine-t-elle à voir en Virgile moins un partisan docile, trop docile peut-être du nouvel ordre augustéen, moins un chantre, à travers Énée, de la dynastie des lulii, qu'un homme inquiet en présence d'une certaine conjoncture d'événements, un homme qui dut prendre conscience progressivement des problèmes de son époque et de la grave aventure spirituelle où s'expose fatalement un jour ou l'autre tout grand artiste » [2]. Ainsi présentée, l'œuvre virgilienne prend d'emblée une dimension qui transcende l'analyse littéraire et touche au plus profond de l'homme : Virgile est un écho personnel de l'homme en dépassement, où sensibilité et beauté combinent leurs harmoniques.

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Quelques domaines d'application

La gloire décevante

    Prenons quelques domaines seulement, car il y va de toute une thèse. Incontestablement, la gloire, et donc le problème de la gloire, s'impose comme un thème essentiel. Présente dans les Bucoliques et les Géorgiques, elle éclate dans les moindres fibres de l'Énéide. Virgile est romain : c'est un admirateur et un collaborateur de la pax Romana d'Auguste, il adhère de toute son âme au programme de celui qui doit assurer la tranquillité indispensable à l'État et à sa propre réalisation poétique. Et ce programme veut promouvoir un renouveau politique, moral et religieux, pétri de gloire puisqu'il se situe dans le cadre d'un empire présumé éternel. L'œuvre est remplie d'antiquités romaines. Le poète se doit de vanter la supériorité de l'Italie sur l'Orient [3], de célébrer la grandeur de Rome et de ses futurs héros [4], et de présenter implicitement cette ivresse de gloire humaine comme un idéal aux jeunes de son époque. Certes, outre l'éblouissement qu'elle présente en soi, la gloire terrestre est partiellement consolatrice dans le malheur. Comme pour les Grecs, la renommée auprès des hommes à venir reste essentielle. Pensons à Palinure qui, en compensation de sa tragique mésaventure, obtiendra finalement un tombeau qui sera l'objet d'honneurs solennels, et gardera éternellement son nom [5]. Pensons encore à Nisus et Euryale, dont la mort courageuse et apparemment inutile, due à un épisode malchanceux de la guerre, sera couronnée, grâce à la qualité du chant du poète, d'une durée égale à celle de l'empire romain, c'est-à-dire éternelle [6]. Et finalement, grande est la gloire d'Énée lorsqu'il triomphe après de durs combats.

    Pourtant, que de réserves derrière cette foi ! Pour Virgile, comme pour notre jeunesse, on sent que la gloire, pas plus que la fortune d'ailleurs, ne comblera jamais le besoin d'absolu. De plus, cette gloire s'installe sur le désordre, la souffrance et la mort, qui subsistent et finalement s'imposent de l'intérieur. Les défauts, la colère, la jalousie des dieux, leurs conflits (Junon-Vénus), le fatalisme primitif et injuste constituent des obstacles difficiles à franchir, matériellement et moralement. Fonder Rome est chose terrible à cause de la multiprésence agissante de Junon [7]. La route est semée de morts injustes, absurdes : Didon, Palinure, Misène, Pallas, Lausus et Turnus même. Et Marcellus, le neveu d'Auguste, placé sciemment en fin du défilé des héros, vient rappeler qu'une promesse de gloire ne reçoit pas toujours sa réalisation, et que parfois il ne reste à offrir que des pleurs et des fleurs inutiles [8] : Marcellus introduit l'ombre de la mort inévitable sur l'exaltation suscitée par les autres héros, et surtout sur cette prédominance politique, administrative, militaire, par laquelle Rome supplante le génie grec [9]. Les combats et les morts se multiplient dans la deuxième partie de l'Énéide. Et les derniers vers du chant XII laissent la place à une image de mort au lieu de l'image qu'on attendrait, du triomphe enfin acquis d'Énée [10). Chez Virgile, la gloire romaine, présente, exaltante, est perturbée par le chaos divin et humain surtout : édifiante leçon, qui conduit notre jeunesse à la méditation sur la foi essentielle et ses rapports avec la vie présente, à cette heure où toujours s'écroulent états, hommes politiques et réputations, où se multiplient crimes, génocides, sacrifices cruels offerts à l'orgueil. Et quelle invitation à l'humilité !

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La destinée humaine

    En fait, derrière la gloire éblouissante, c'est tout le problème de la destinée humaine qui se pose sans cesse et à chacun : pourquoi vivre, que faut-il croire, espérer et aimer ? Plus d'une fois, Virgile se heurte à l'échec, fût-il un royal échec. Surtout parce que, sans cesse, l'effort de l'homme bute contre une apparente injustice. Sur le plan politique, Junon, farouche défenseur de Carthage, fait tout pour contrecarrer le destin. La dureté des dieux marque le chemin d'Énée de rudes épreuves. Relevons la tempête [11]  ; l'effort déployé en vue de garder Énée chez Didon, et Anchise a bien craint qu'il n'aboutisse [12] ; le jeu déroutant de la Sibylle qui, en ses prédictions, souffle le chaud et le froid [13]. Sans compter les morts « pour rien » dont nous parlions il y a un instant, morts souvent alors qu'ils n'étaient pas coupables, bien au contraire : Palinure ne remplissait-il pas son devoir en veillant sur le navire d'Énée [14], et Misène ne déployait-il pas son talent naturel en sonnant de la conque marine ? [15]. Didon ne s'abandonnait-elle pas à un amour noble et profond malgré l'exagération de la passion [16], et Pallas et Lausus n'étaient-ils pas remplis d'idéal [17] ? Orphée, dont nous parlerons plus loin, et dont l'interprétation chez Virgile pose problème, n'est-il pas victime, malgré un art supérieur qui, un instant, a semblé devoir le sauver ? Et Turnus, l'ennemi, ne manquait pas non plus de noblesse. Le destin presse, écrase et accable de questions, plus que chez Homère, où l'acceptation semble plus simple, sinon moins douloureuse.

    À cela s'ajoute l'incertitude philosophique et religieuse. Énée est stoïcien [18]. C'est une arme solide, qui le porte toujours au premier rang de l'action malgré la tristesse [19]. Il est pius, et la prière sous-tend son activité : on est édifié par le ton de religiosité sincère qui marque l'invocation aux puissances infernales [20], ainsi que par le respect filial qu'il manifeste envers sa mère, qui répond au premier appel [21], et envers son père Anchise, à qui il a obéi [22] pour affronter ces lieux « broussailleux de moisissure » [23]. Pourtant, il ne peut pas ne pas éprouver, et Virgile derrière lui, le poids du fatalisme, l'insatisfaction du bonheur terrestre que connaissent les ombres des Champs Élysées malgré l'euphorie ambiante [24], l'océan sans rives que représente la métempsycose [25], et il se réfugie dans la gloire humaine du défilé des héros. D'autre part, les touches épicuriennes qu'on relève dans la folle passion [26] de l'infelix Dido [27], n'ouvrent pas les portes du bonheur mais bien du désordre. L'Énéide et le chant VI en particulier présentent une somme des croyances de l'époque mais il semble clair qu'elles ne peuvent combler un poète épris d'absolu, d'amour et de renouveau, dont le désir éclatait déjà dans l'enfant de la IVe Bucolique, quelle que soit son identité.

    À notre époque aussi, les mêmes incertitudes, étendues à l'échelle mondiale, exacerbées par la multiplication des théories et des déceptions, par des générations successives d'abus, de déviations et de laxismes, ont créé un climat identique de malaise à travers lequel les jeunes cherchent des solutions. Faut-il s'étonner que l'Énéide ruisselle de larmes, à la mesure de l'humanité entière ? Le sens du tragique n'a pas été découvert par notre époque. En tout temps, il réside dans l'amour qui égare et qui tue, dans les jeunes qui meurent à l'âge des promesses, dans les matres enlevées à l'amour des leurs, ainsi que dans les pueri innuptaeque puellae [28], et même dans les infantes [29], jetés aux enfers plus tôt encore, dans le cher compagnon qu'on ne peut aider lorsqu'il supplie [30], dans un père aimé dont l'ombre restante se dérobe au baiser [31], dans le déchirement des séparations [32], et nous ne citons que quelques cas.

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Virgile est-il pessimiste ?

    Le fond de l'œuvre virgilienne serait-il en définitive marqué par le pessimisme ? Oui, dans la mesure où la destinée humaine se présente en soi comme tragique lorsqu'on ne peut donner aux événements un sens serein, qui dépasse la vie terrestre. Non, si l'on veut bien relever les richesses, et les prouesses, engendrées par des vertus trop souvent bafouées à notre époque : la foi en des dieux, même incompréhensibles (Virgile croit en une certaine Providence) ; la fidélité obstinée à une mission qui reste semée d'embûches, même si elle est vouée à la réussite finale, et la discipline ; la croyance en un avenir meilleur ; l'humanité du caractère d'Énée, en particulier sa piété filiale, le courage dans la souffrance en vue de la réalisation d'un idéal, etc. Et là, nous avons souvent matière à mettre en lumière des leçons positives.

    Il est surtout une valeur consolatrice à laquelle, croyons-nous, Virgile a sacrifié, qui a pu, à côté de l'immense pitié et de l'universelle sympathie qu'il éprouvait pour la création et le genre humain, alimenter sa richesse d'âme et ses raisons de vivre : l'art, la création artistique, dont on peut soupçonner qu'il en attendait plus que de la gloire politique.

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La consolation de l'art-détente

    Lorsque Virgile étouffe devant le malheur, lorsque le poids de la vie devient intolérable, il sacrifie à l'art-diversion, qui constitue aussi une valeur de notre époque. Dès les Bucoliques, le jeune poète, qui cherchait sa voie, avait sacrifié au chant pur. Dans les Géorgiques, la figure d'Orphée pose certainement le problème de la valeur de l'art, surtout à propos de l'histoire Aristée - Orphée. Peut-être convient-il de se rallier à l'interprétation selon laquelle le Mage de Thrace est foncièrement inférieur au positif Aristée, vainqueur pour avoir entretenu des relations correctes avec les dieux, et qui obtient ainsi la renaissance de ses abeilles ? Celle-ci figure symboliquement celle de Rome, s'établit sur les ruines de l'égoïsme, « ou plutôt, dirions-nous aujourd'hui, de l'égocentrisme ». « Il faut voir dans ce personnage symbolique, le chanteur isolé, le poète « individualiste » incapable de dépasser la sphère du Moi, de la passion de l'Amour, et qui, une fois Eurydice morte à tout jamais, et quelle que soit la beauté de son chant désespéré, n'a plus qu'à mourir lui aussi » [33]. Sur le plan positif, Orphée a manqué de contrôle de lui-même en se retournant vers Eurydice, et il est vaincu par les puissances de la mort. Mais pourtant, le cœur de Virgile n'était-il pas avec l'artiste qui, un moment, a triomphé de la mort ? Opposé à Aristée sur le plan du fond, Orphée ne représente-t-il pas malgré tout le triomphe discret de l'art, voilé sous l'apparente défaite ? Le vainqueur éclatant en cette vie n'est pas toujours le meilleur. Et dans l'Énéide encore, un vers inspiré [34] concentre autour d'Orphée des thèmes et des valeurs dont il est facile de constater, à travers l'œuvre, qu'elles poursuivent le cygne de Mantoue : à travers les sonorités de la cithare et de la lyre, qui animaient les sauvages étendues de Thrace, passent jeunesse, pureté, rêve, amour brisé, qui fut pourtant vainqueur de la mort, sens de l'éphémère et de la beauté.

    Dans le chant VI de l'Énéide en particulier, où l'inquiétude métaphysique atteint son paroxysme, le phénomène de détente par l'art s'impose maintes fois, pour le héros ou pour le lecteur. Quelques cas seulement : le bûcher de Misène est préparé par un travail de bûcherons, où s'imposent les sons suggestifs [35] ; le découragement d'Énée devant l'immense forêt où il doit découvrir le rameau d'or s'efface devant l'apparition des colombes, dont la description du vol utilise correspondances, symétries, parallélismes, fluidité des images et des sons, effets picturaux dans l'emploi du clair-obscur [36] ; la banlieue infernale, point de départ d'une sombre aventure, est décrite avec un art qui transcende le tragique par la concentration sur un bref espace de maintes ressources artistiques habituelles à Virgile (puissance d'évocation, couleur, effets plastiques, onomatopées, procédés techniques) [37] ; parfois, de sombres traits de comédie viennent à la fois atténuer l'horreur du contexte et aider le lecteur averti à accepter les légendes primitives (peur de Charon devant Virgile [38], Cerbère endormi par une pâtée soporifique [39]. De plus, notre poète ne cesse d'utiliser le prestige des antiquités grecques pour en orner les « rocailles » romaines : d'ailleurs, le fait que le génie grec soit confronté au génie romain dans les vers les plus romains de l'Énéide n'implique-t-il pas, malgré le préjugé favorable à Rome, une réserve en faveur de la beauté ? [40]. Il fallait savoir sculpter et faire de la science !

    Pour nos jeunes aussi, la pratique de l'art, fût-il farfelu, constitue souvent un moyen d'échapper à l'absurde du confort, de la consommation, de la technique, voire parfois une fuite. C'est une sorte de dépaysement, et nous savons qu'il en est d'autres, plus contestables, plus destructeurs de la personne (drogue, violence, sexualité). Il importe de leur montrer que Virgile avait discerné le prix de la beauté, et le rôle spirituel de ressourcement qu'elle peut, à côté de la foi et de la prière, jouer dans le drame de l'être humain : un arrêt équilibré, une contemplation d'esprit et de cœur, une détente sans refus des réalités et des responsabilités.

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La psychologie littéraire

    La présence de la psychologie encore, psychologie littéraire, faite de touches sensibles et fines, séduit partout le lecteur, parle surtout au jeune lecteur, dont la sensibilité se forme incontestablement par là, celle qu'il montrera dans la vie envers les êtres qu'il approchera. Il y a évidemment tout le chant IV de l'Énéide, où l'amoureuse passionnée que se révèle Didon est en quelque sorte psychanalysée avant la lettre [41]. Il y a chaque caractère qui, délicatement analysé, révèle des nuances insoupçonnées, surtout si on compare ces caractères à ceux des héros homériques, plus simples, plus concrets, plus extérieurs aux événements qu'ils vivent, plus distancés par rapport à la personnalité de leur auteur. Et la vérité essentielle de chaque rencontre. Citons simplement le cas des adieux d'Énée et Andromaque [42]. Celle-ci vit du souvenir de sa patrie et d'Hector, dont elle a reconstitué les monuments en Épire. Au moment des adieux, elle offre à Ascagne de superbes vêtements en témoignage de sa tendresse. Elle insiste sur le caractère ultime de ces présents (ultima). Mais surtout, le motif profond qui l'anime, c'est qu'Ascagne vivant ressemble à son Astyanax, assassiné naguère au pied des murailles de Troie ; c'est à son enfant qu'elle pense, c'est lui qu'elle évoque par des traits précis, et la ressemblance qu'il eût présenté avec Ascagne s'il avait vécu. Et Énée, en pleurant, répond en leur rappelant leur bonheur, à eux pour qui le but a été atteint. Et il se dit décidé à unir les destinées des deux peuples. Ces fines touches, délicatement expliquées, changent nos jeunes gens de la psychologie âpre, rudimentaire et infantile de maints westerns ou feuilletons policiers, et contribuent à infléchir leur comportement dans un sens d'attention sensible et bienveillante à la souffrance des autres.

    Humanité du destin, de la souffrance, de la mort, chez les jeunes en particulier ; humanité en problème et en projet, dans un contexte de crise ; insuffisance de la gloire ; jeunesse brisée ; amour châtié ; rôle salvateur de l'art ; psychologie où parle l'intelligence du cœur, pétrie de sensibilité : voici quelques domaines seulement où le maître peut éveiller des échos, indiquer des directions de pensée et de vie, voire des solutions. Virgile reste un messager humain de premier ordre pour notre temps.

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Mise en relief du message par la recherche récente

    Mais il s'impose aussi, et nous passons ainsi au second volet de cette brève communication, qu'on utilise les apports nouveaux de la science et des travaux récents pour mettre en relief le message, et en particulier le message proprement poétique. Ici encore nous nous contenterons de relever quelques voies récentes.

    La recherche virgilienne est restée abondante et riche, et nous ouvre maintes possibilités pour nos commentaires [43]. Voies qui mènent à la découverte d'un surcroît de richesses car le déchiffrement opéré du XVIIe au début du XXe siècle reste toujours valable. Que nous apportent surtout les récentes tendances ? Il nous semble qu'il s'agit avant tout de se dégager de l'explication d'autrefois, qui atomisait le fond de l'œuvre, pour pénétrer, dans une optique structurale bien contemporaine, au cœur de la création poétique. En effet, il faut nous refuser à ramener l'œuvre à un document politique, géographique, social, philosophique, religieux, biographique, ou même au « beau style ». De plus, la fonction référentielle du langage, si importante qu'elle soit, reste nécessairement secondaire lorsqu'il s'agit d'un poète : c'est la fonction poétique qui permet de le découvrir en tant que poète. Et ceci est important car la désaffection présente à l'égard de la poésie n'est autre qu'une des manifestations de ce matérialisme qui pèse sur notre culture occidentale, et nous nous devons de réagir.

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Étude des tensions de l'œuvre

    La prospection des tensions que Virgile noue à l'intérieur de son œuvre, l'Énéide surtout, devient indispensable pour dégager l'intensité et la complexité poétiques. Contentons-nous d'en esquisser quelques-unes.

Bucoliques

    Les Bucoliques d'abord. Œuvres de jeunesse, et œuvres de chant pur avant tout, où l'intention esthétique et musicale apparaît comme prédominante, mais où le chant entrelace des thèmes divers : expérience propre à Virgile (dépouillement de ses terres) ; exil ; souffrance des guerres civiles ; transformation du fond repris à Théocrite grâce à des motifs personnels et à un degré bien virgilien de sensibilité ; pathos émouvant qui anime de l'intérieur ; profondeur inconnue à Théocrite (dans la Cinquième Bucolique, la mort ouvre à une nouvelle vie, la douleur devient espoir d'immortalité) ; subtil mélange de l'artificiel et du réel (maintes fois, le terrien romain qu'est Virgile mélange des paysages dont il est vain de discuter sur la situation exacte ; il baigne de rêve les allusions aux grands Romains de son époque troublée). La confrontation rêve-réalité revêt ici une intensité à la mesure du cœur et de l'art propres à notre poète. Dans cette optique, l'allégorie joue un grand rôle: si les Bucoliques ont été considérées à juste titre comme des charades, des livres à clef (cf. l'enfant de la Quatrième Bucolique, le personnage de Daphnis), il convient peut-être d'éviter, toujours au point de vue de l'explication littéraire globale, de faire étalage d'une pure érudition desséchante concernant l'identification des paysages, des passages et des circonstances, car plus importantes se révèlent l'émotion originale et la sorte d'ambiguïté développées par le mélange des personnages et des mondes sur deux plans différents et particulièrement opposés.

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Géorgiques

    Pour les Géorgiques, sans doute les descriptions de la nature et de l'activité des paysans, admirées au XVIIIe siècle, restent-elles des modèles du genre. N'empêche que Virgile n'a pas voulu avant tout instruire les paysans, et l'Antiquité déjà se rendait compte de ce qui différenciait son œuvre de celle de Varron [44]. En fait, il prend ses distances vis-à-vis de l'actualité objective des techniques agricoles, il ne parle pas vraiment en termes d'agriculteur ; il généralise et élève le monde paysan ; il l'extrait de son ambiance positive pour en faire une imagerie ; le subjectivisme remplace l'objectivisme. Trois cas parmi d'autres : l'amour intense du pays qui vibre en lui [45] ; la passion qui fait qu'il s'identifie personnellement avec la flore et la faune ; l'éloge des vertus morales qui suscitent la joie foncière de l'agriculteur malgré les tristesses éprouvantes de la vie, joie très éloignée à la fois du fatalisme hésiodique et du nihilisme lucrétien, et qui fait le jeu du retour au mos maiorum voulu par Auguste. Distancement et profonde humanisation en même temps qu'acte esthétique. En particulier, il nous semble qu'une étude méthodique de l'adjectif virgilien révèlerait beaucoup sur la mentalité du poète : moins ornemental, moins savoureux peut-être mais plus sélectionné, plus personnel que l'épithète homérique, il témoigne des choix du poète, choix qui transforment la réalité comme ce sera le cas chez Baudelaire, dans la poésie symboliste, chez Paul Valéry surtout. De même d'ailleurs qu'une étude du mètre virgilien, finalement peu prospecté encore. En définitive, tous les thèmes fonciers (nature, travail, vie, mort, renaissance) ne se révèlent entièrement que par l'étude des contrastes, exigeant qu'on fouille la structure intime des pièces.

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Énéide

    C'est dans l'Énéide que l'exploration se révèle la plus riche. En effet, l'Énéide a été commandée par Auguste : c'est dire qu'elle doit être avant tout patriotique, grandiose, glorieuse, héroïque, enracinée dans le réalisme romain. Et Virgile a réussi à ce point de vue. Mais jamais Rome ne s'y trouve, si l'on peut dire, à l'état pur. D'abord, l'épopée nationale s'incruste dans un passé légendaire et lointain, le passé troyen, auréolé de surcroît des illustres précédents littéraires que constituent les chants de l'Iliade et de l'Odyssée, et cette imbrication suscite une étonnante fascination [46]. Comme l'ont judicieusement démontré des critiques comme E. Auerbach et B. Otis, il y a un intérêt particulier à comparer la narration virgilienne à la narration homérique ; d'habitude, celle-ci est simple, directe, tout en avant-plan, réaliste, ne suggérant rien de plus que ce qu'elle dit, tandis que la narration de Virgile est pleine de sensibilité et de continuité psychologique présentée à travers les connexions de thèmes, portant en avant et revenant en arrière (étudier spécialement les adjectifs, les rapports de disposition, de comparaisons et d'images). Tandis que le style d'Homère est quelque peu distancé, extérieur, Virgile utilise un style intérieur, qui le fait entrer tout entier dans le sujet : les épisodes concernant Didon aux chants IV et VI sont pleins d'enseignements à cet égard.

    Une variante qui se manifeste nettement réside dans l'opposition entre le Roman way of life, ci-dessus évoqué, et le pathos de Virgile, qui s'exprime surtout dans l'inévitable et l'inaccessible [47] : nécessairement, l'optimisme de commande devant l'impériale destinée de Rome devait rencontrer la sympathie éprouvée par le poète devant la souffrance et l'échec. Le conflit entre valeurs opposées se traduit nettement dans le caractère d'Énée, différent de n'importe quel caractère de héros de l'Iliade : héros destiné au triomphe, il n'a pas les qualités éclatantes du vainqueur ; il est plus humain, il pleure souvent, est souvent las, découragé. En définitive, le dualisme de base de l'Énéide (gloire romaine, souffrance humaine) peut être exploré sous de nombreuses faces, par de multiples chemins. Citons encore l'opposition entre valeurs spirituelles et puissances instinctives, barbares ; la lutte entre les exigences de l'idéal stoïcien, apprécié de Virgile avec quelques réserves, et les tentations épicuriennes (Didon est épicurienne dans sa passion et, comme nous l'avons dit, son caractère relève de la psychanalyse la plus moderne). Il y a encore tension entre l'âge héroïque d'Homère et le « nouveau » monde romain, entre le monde du mythe supra-naturel et le monde réel du comportement humain.

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Le découpage de l'œuvre

    Pour ce qui est du problème du découpage de l'œuvre de Virgile, tant traité ces dernières années, il convient d'être prudent. Incontestablement, le problème de l'utilisation des nombres, importants du point de vue de l'Antiquité (cf. le Pythagorisme), s'est posé pour l'œuvre littéraire. Sans doute Virgile a-t-il scruté la structure matérielle de ses œuvres, son « architecture poétique » ; il a mis au point certaines correspondances. Mais quelles sont-elles ? Nous ne reviendrons pas sur le nombre considérable de propositions de divisions et d'interprétations qu'on a lancées. En définitive, comme le fait remarquer M. R. Lesueur dans le récent et substantiel ouvrage signalé ci-dessus, le problème reste entier, tant apparaissent incompatibles ou contradictoires les systèmes en présence. En fait, on peut peut-être se rallier à son opinion, selon laquelle l'unité structurale de l'Énéide ne peut se saisir à partir de simples divisions mais réside dans le rythme, c'est-à-dire l'intensité pathétique et dramatique de certains thèmes fondamentaux, comme dans une œuvre musicale, aux accents modulés. L'auteur pense avoir découvert que, fréquemment, on retrouve dans l'infrastructure du poème une disposition ternaire, un schéma rythmique d'équilibre A A' B, un événement ou une action importante (B) étant annoncé en deux temps préparatoires (A A') : par exemple, les voyages d'Énée se scindent en deux groupes de Navigations avant la Guerre du Latium, qui constitue un ensemble homogène. Remarquons que ce serait bien dans la ligne du tempérament virgilien, l'unité de l'ouvrage provenant d'une impression prolongée d'attente ou d'inquiétude que créent les deux temps initiaux, suivis d'un troisième à valeur conclusive.

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L'explication structurale

    Pour terminer, nous considérerions comme une importante lacune dans une explication de Virgile adaptée à notre temps, de ne pas tenter d'appliquer à des passages cohérents du poète la méthode structurale d'analyse poétique proposée par le linguiste R. Jakobson, et qui a amené des progrès dans l'étude des œuvres en langues vivantes. Une poésie aussi étudiée, aussi inspirée et créatrice que celle de Virgile ne peut qu'en tirer profit. Et nous démontrons en même temps que les philologues classiques ne répugnent pas aux méthodes modernes d'analyse. Pour R. Jakobson [48], la poésie est régie par des lois immanentes. Elle est la mise en œuvre du mot à valeur autonome, du langage dans sa fonction purement esthétique. Il s'agit avant tout de chercher les procédés, l'application et la justification de ceux-ci, les combinaisons, les répétitions, les récurrences, les symétries et anti-symétries. On découvre ainsi un système de correspondances complexes et élaborées, un mélange d'invariants et de variables. La fonction poétique, comme on sait, projette le principe d'équivalence de l'axe de la sélection sur l'axe de la combinaison. En procédant à ce que le linguiste appelle une « microscopie » des textes, on aborde successivement de multiples points de vue : correspondances des groupes de vers (strophes), correspondances phoniques, substantifs concrets et abstraits, répartition des adjectifs, formes syntaxiques, parataxe et hypotaxe, liaisons sémantiques, pour ne citer que cela. Il est évident que semblable investigation linguistique peut conférer à nos commentaires littéraires un surcroît de précision, de sérieux et de profondeur. L'espace nous manque pour tenter ici une analyse de ce genre mais nous nous proposons bien de le faire par après.

    Toutefois, il nous semble qu'il convient d'émettre une réserve concernant l'emploi de la méthode jakobsonienne : sans un souci d'équilibre constant entre le signifiant et le signifié, sans un souci permanent de retour à ce dernier, c'est-à-dire au fond, il y a danger de tomber dans un déterminisme de la forme, donc dans une sorte de matérialisme à sens unique. Comme on le lit dans l'introduction à l'ouvrage de Iouri Lotman [49], le langage poétique, pour Jakobson, est « une pure organisation formelle » [50], et louri Lotman lui-même constate : « Il existe un préjugé très répandu selon lequel l'analyse structurale est appelée à détourner l'attention du contenu de l'art, de sa problématique socio-morale pour les études purement formelles, une énumération statistique des 'procédés' et ainsi de suite » [51]. Il affirme que c'est un malentendu car « le concept même de signe et de système de signes est inséparablement lié au problème de la signification. Le signe remplit dans la culture de l'humanité une fonction d'intermédiaire. Le but de l'activité sémiotique est la transmission d'un contenu donné » [52]. Le fait que Virgile a certainement aimé la magie verbale nous autorise à utiliser avec modération cette analyse tout en mettant l'accent sur la plus grande importance du fond.

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Conclusion

    Nous nous sommes permis, dans cette modeste ébauche, de proposer qu'on présente d'abord Virgile comme un homme de notre temps, comme un témoin privilégié d'une haute dignité humaine, valable avant tout pour les jeunes. Ce qui n'interdit pas, bien au contraire, que les commentaires littéraires, prenant appui sur la linguistique, tendent d'élucider sa création poétique propre, à condition que l'accent reste toujours porté sur l'âme.

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Notes

[1] Cet article s'inscrit dans la ligne de nos contributions précédentes. Cf. M. Delaunois, Le chant VI de l'Énéide, Namur, Wesmael-Charlier, 1958 ; « La richesse humaine du Chant VI de l'Énéide », Les Études Classiques, XXVI, n. 4 (1958) 327-41 ; « Art et diversion dans le Chant VI de l'Énéide », Humanités Chrétiennes, I, n. 4 (1958) partie pratique, pp. I-V ; « Tendances actuelles de la recherche concernant l'œuvre de Virgile et utilisation dans les cours d'auteurs en classes d'Humanités », Humanités Chrétiennes, XIV, n. 3 (1971) 579-601 ; « Quelques passages de Virgile expliqués dans la ligne de la recherche contemporaine », Les Études Classiques, XLIII, n. 4 (1975) 388-406. [Retour]

[2] R. Lesueur, L'Énéide de Virgile, étude sur la composition rythmique d'une épopée (Toulouse, Publications de l'Université de Toulouse, Le Mirail, 1975) p. 520. [Retour]

[3] Virg., Géor., II 136-57. [Retour]

[4] Par exemple Virg., En., I 7 : atque altae moenia Romae ; I 33 : tantae molis erat Romanam condere gentem ; VI 752-859 : le défilé des héros. [Retour]

[5] Virg., En., VI 380 : et tumulo sollemnia mittent ; VI 38 : aeternumque locus Palinuri nomen habebit. [Retour]

[6] Virg., En., IX 446 : si quid carmina possunt ; XI 447 : nulla dies umquam memori uos eximet aeuo. [Retour]

[7] Virg., En., VI 90-91 : nec Teucris addita Iuno usquam aberit. [Retour]

[8] Virg., En., VI 883-84 : manibus date lilia plenis, purpureos spargam flores... [Retour]

[9] Virg., En., VI 851 sq. : tu regere imperio. [Retour]

[10] Virg., En., XII 951-52 : ast illi soluontur frigore membra uitaque cum gemitu fugit indignata sub umbras. [Retour]

[11] Virg., En., 1 102 sq. [Retour]

[12] Virg., En., VI 694 : quam metui ne quid Libyae tibi regna nocerent. [Retour]

[13] Virg., En., VI 83-97. [Retour]

[14] Virg., En., V 835 sq. [Retour]

[15] Virg., En., VI 162 sq. [Retour]

[16] Cf. Virg., En., IV. [Retour]

[17] Virg., En., chants VIII et X. [Retour]

[18] Virg., En., VI 105 par exemple : omnia praecepi atque animo mecum ante peregi. [Retour]

[19] Virg., En., VI 183-84 par exemple : nec non Aeneas opera inter talia primus hortatur socios paribusque accingitur armis. [Retour]

[20] Virg., En., VI 264-67 : di, quibus... [Retour]

[21] Virg., En., VI, 190sq. [Retour]

[22] Virg., En., VI 695-96 : tua me, genitor, tua tristis imago saepius occurrens haec limina tendere adegit. [Retour]

[23] Virg., En., VI 462 : per loca senta situ. [Retour]

[24] Virg., En., VI 637 sq. [Retour]

[25] Virg., En., VI 724 sq. [Retour]

[26] Virg., En., IV 22 : animumque labantem ; 65 : furentem ; 69 : furens, par exemple. [Retour]

[27] Virg., En., VI 456. [Retour]

[28] Virg., En., VI 306-7. [Retour]

[29] Virg., En., VI 427. [Retour]

[30] Virg., En., VI 373 sq : Palinure. [Retour]

[31] Virg., En., VI 700-2 : Anchise. [Retour]

[32] Virg., En., III 482 sq : Andromaque. [Retour]

[33] R. Lesueur, op. cit., p. 523. Voir aussi J.P. Brisson, Virgile, son temps et le nôtre (Paris, Maspero, 1966). [Retour]

[34] Virg., En., VI 119-20 : si potuit manis accersere coniugis Orpheus Threicia fretus cithara fidibusque canoris. [Retour]

[35] Virg., En., VI 179-82. [Retour]

[36] Virg., En., VI 183-211. [Retour]

[37] Virg., En., VI 268-72. [Retour]

[38] Virg., En., VI 385-416. [Retour]

[39] Virg., En., VI 417-25. [Retour]

[40] Virg., En., VI 487-53. [Retour]

[41] Voir le commentaire de A. Schmitz, Infelix Dido. Étude esthétique et psychologique du livre IV de l'Énéide de Virgile (Gembloux, Duculot, 1960). [Retour]

[42] Virg., En., III 482-505. [Retour]

[43] Voir entre autres R.D. Williams, Virgil (Oxford, Clarendon Press, 1967), et M. Delaunois, article dans « Humanités Chrétiennes » signalé ci-dessus (note 1). [Retour]

[44] Cf. Sénèque, Ep. Mor. 86, 15 : nec agricolas docere uoluit sed legentes delectare. [Retour]

[45] Cf. l'éloge de la terre d'Italie dans Géor., II 136-76. [Retour]

[46] Voir surtout les travaux de Brooks Otis, Virgil : a Study in Civilized Poetry (Oxford 1963) ; G.N. Knauer, Die Aeneis und Homer (Göttingen 1964) ; W.F. Jackson Knight, Roman Virgil, 2e éd. (London 1966) (1ère éd. 1944). Consulter aussi E. Auerbach, Mimesis (Berne 1946). [Retour]

[47] Cf. M.R. Ridley, Studies in Three Literatures (London 1962). [Retour]

[48] Voir surtout R. Jakobson, Essais de linguistique générale (Paris, Éditions de Minuit, 1973) et Questions de Poétique (Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 1973). [Retour]

[49] I. Lotman, La structure du texte artistique (Paris, Gallimard, « Bibliothèque des Sciences humaines », 1973). [Retour]

[50] I. Lotman, op. cit., p. 11, sous la plume de Henri Meschonnic. [Retour]

[51] I. Lotman, op. cit., p. 66. [Retour]

[52] I. Lotman, op. cit., p. 67. [Retour]


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 2 - juillet-décembre 2001

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