FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 2 - juillet-décembre 2001


Simples réflexions sur l'histoire comparée [Notes]

par

Jean-Marie Hannick*

Professeur à l'Université de Louvain


Paru sous le titre Brève histoire de l'histoire comparée, dans G. Jucquois - Chr. Vielle [Éd.], Le comparatisme dans les sciences de l'homme. Approches pluridisciplinires, Bruxelles, 2000, p.301-327.

Notes de l'article de J. M. Hannick, Simples réflexions sur l'histoire comparée

 

[1] L'Année Sociologique, I, 1896-1897, p.II. [Retour]

[2] Le texte de cette leçon a été publié dans la Revue Internationale de l'Enseignement, t.54, 1907, p. 481-495. La citation est tirée de la p. 490. [Retour]

[3] Davillé annonçait une suite à son article de 1914. J'ai fouillé en vain les fascicules postérieurs de la Revue de Synthèse Historique : la suite promise n'a, semble-t-il, jamais été publiée. [Retour]

[4] BLOCH (1928. 15-16). Dans les Mélanges historiques, la citation apparaît aux pages 16-17. [Retour]

[5] Je songe, par exemple, au livre de SCHIEDER (1965). Il y est longuement question d'histoire comparée mais on remarquera que l'exposé sur le sujet (Möglichkeiten und Grenzen vergleichender Methoden in der Geschichtswissenschaft) est rejeté en appendice, dans les Untersuchungen qui constituent la seconde partie de l'ouvrage (p.187-211). Méritent aussi d'être signalées les études réunies sous le titre Comparative History in Theory and Practice dans American Historical Review, t.85, 1980, p.763-857 et 1055-1166. [Retour]

[6] « Le difficile est de dire où cesse l'histoire tout court, où commence l'histoire comparée » (VEYNE. 1971.152). [Retour]

[7] Le mot, de Charles Seignobos, est rapporté par M. BLOCH, Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, 3e éd., Paris, 1959, p. XVI. [Retour]

[8] SCHIEDER (1965.187) note qu'aujourd'hui encore, l'intérêt pour la méthode comparative n'est pas sans relation avec le politique. Citant un passage de l'avant-propos de S.L. THRUPP au premier volume des Comparative Studies in Society and History, il fait ce commentaire : « Die Wendung zu vergleichender Forschung ist also ein Symptom für den Willen zur Überwindung nationaler Grenzen auch in der Geschichtswissenschaft, die immer neben ihrem wissenschaftlichen Erkenntniswert eine starke politische Aussagekraft besitzt - früher in einer nationalstaatlich bestimmten Wissenschaftstradition, heute in einer mehr und mehr universalen ». [Retour]

[9] L. FEBVRE a fait un compte rendu très sévère de cet ouvrage dans les Annales d'Histoire Sociale (t.11, 1939, p.293-295), sans s'attaquer toutefois à cette prétention de l'auteur de faire de l'histoire comparée. [Retour]

[10] Le Lehrbuch der historischen Methode und der Gechichtsphilosophie d'É. BERNHEIM date de 1889 (5e éd., Leipzig, 1908). En français, le manuel classique a longtemps été celui de Ch.-V. LANGLOIS - Ch. SEIGNOBOS, Introduction aux études historiques, Paris, 1898. [Retour]

[11] Pour une rapide présentation de la vie et de l'œuvre de l'historien, voir la notice que lui a consacrée A. BURGUIÈRE dans le Dictionnaire des sciences historiques, Paris, 1986, p.88-91. Le Colloque consacré à M. Bloch qui s'est tenu à Paris en 1986 comporte une série de communications reprises sous le titre « La comparaison en histoire » (ATSMA-BURGUIÈRE. 1990. 253-334). [Retour]

[12] Réédition, Paris, 1983 (Bibliothèque des Histoires), avec une importante préface de J. LE GOFF (p.I-XXXVIII). [Retour]

[13] M. BLOCH, Écrire « La société féodale ». Lettres à Henri Berr 1924-1943, éd. J. PLUET-DESPATIN, Paris, 1992, p.29. [Retour]

[14] Bloch attachait une grande importance à ce texte. Dans une lettre à H. Berr (cf. M. BLOCH, Écrire « La société féodale », p.54-55), il demande 150 tirés à part de son article, « chiffre exorbitant » que l'auteur justifie en disant qu'ils devraient lui servir d'exposé de candidature à une chaire d'Histoire comparée des sociétés européennes à créer au Collège de France. On sait que cette tentative échouera et qu'un second essai (1935) ne réussira pas davantage. [Retour]

[15] Ce texte a été publié dans le Bulletin du Centre international de synthèse (n. 9, 1930, p.31-39), annexé à la Revue de Synthèse Historique, t.49, 1930. Il a fait l'objet d'une intéressante discussion dont on trouvera le compte rendu dans le même Bulletin, p.15-19. Voir aussi M. BLOCH, Écrire « La société féodale », p. 52-53. [Retour]

[16] Pour une présentation plus récente, mais pas substantiellement différente, des bénéfices à escompter de la méthode comparative, voir GREW. 1990. 328-331. [Retour]

[17] Cf. M. MASTROGREGORI, Il genio dello storico. Gli scritti teorici di Marc Bloch a Strasburgo, dans Rivista Storica Italiana, t. 99, 1987, p.66. [Retour]

[18] P.ex. D. ROUSSEL, Les historiens grecs, Paris, 1973, Coll. SUP, p. 16 : « La découverte de l'autre, l'exotisme, bien plus que je ne sais quelle conscience nationale, sont à l'origine des premières réflexions historiennes ». J. B. BURY exprimait déjà cette idée dans des conférences faites à Harvard en 1908 : « A natural consequence [de la conquête de l'Ionie par les Perses au VIe siècle a.C.n.] was the stimulation of interest and curiosity among those Greeks about the other lands of the great realm to which they were now attached ; and their new position provided facilities for gratifying this curiosity. Oriental geography and history presented to the Greeks a new field of study, and this exercised... an important influence in bringing history to the birth » (The Ancient Greek Historians, réimpr., New York, 1958, p.11). [Retour]

[19] H. VAN EFFENTERRE, L'histoire en Grèce, Paris, 1967, Coll. U2, p.89. Cf. A. MOMIGLIANO, Les fondations du savoir historique, Paris, 1992, p.36-37. [Retour]

[20] « Hérodote est l'historien de la différence. Il aime faire voir ce qui sépare des communautés humaines d'autres communautés humaines... Cet intérêt pour les autres, les non-Grecs, tant méprisés ailleurs, est peut-être son legs le plus précieux » (P. LÉVÊQUE, dans P. BRIANT - P. LÉVÊQUE (Dir.), Le monde grec aux temps classiques, I. Le Ve siècle, Paris, 1995, Nouvelle Clio, p.416-417). [Retour]

[21] HÉRODOTE, Histoires, I, 1, éd., trad. Ph.- E. LEGRAND, Paris, 1956 (Coll. des Universités de France). [Retour]

[22] On comparera la présentation d'Hérodote avec celle de Thucydide (La guerre du Péloponnèse, I, 18, 1-2) : « Après la fin de la tyrannie en Grèce, donc, peu d'années s'écoulèrent jusqu'à la bataille de Marathon, qui opposa les Mèdes aux Athéniens. Et dix ans après, le Barbare revint avec sa grande expédition contre la Grèce, qu'il voulait asservir » (trad. J. DE ROMILLY, 2e éd., Paris, 1958, Coll. des Universités de France). [Retour]

[23] Sur ce thème, voir, entre autres, M. GIGANTE, NOMOS BASILEUS, Naples, 1956. [Retour]

[24] Hérodote (III, 80) prétend que ces discours ont été réellement tenus par les Perses Otanès, Mégabyze et Darius. Les commentateurs modernes voient plutôt dans ces chapitres le reflet de la pensée des sophistes et peut-être, plus précisément, de Protagoras : cf. F. LASSERRE, Hérodote et Protagoras : Le débat sur les constitutions, dans Museum Helveticum, t.33, 1976, p.65-84. [Retour]

[25] POLYBE, Histoires, VI, 4-9. Pour une analyse détaillée de ce passage, voir F.W. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, I. Commentary on Books I-VI, Oxford, 1970, p.643-648. [Retour]

[26] POLYBE, Histoires, VI, 10 (Sparte) ; 11-17 (Rome). [Retour]

[27] Pour les textes cités ci-dessous, cf. la traduction de V. FROMENTIN & J. SCHNÄBELE, Les antiquités romaines. Livres I et II (Les origines de Rome), Paris, 1990 (La roue à livres). [Retour]

[28] Cf. Ph. GAUTHIER, « Générosité » romaine et « avarice » grecque : sur l'octroi du droit de cité, dans Mélanges W. SESTON, Paris, 1974, p. 207-215. [Retour]

[29] L. BODIN, La méthode de l'histoire (cf. ci-dessous, n.57), p.47-49, soulignait déjà cette particularité des Antiquités de Denys. [Retour]

[30] J. BOULOGNE, Plutarque. Un aristocrate grec sous l'occupation romaine, Lille, 1994 consacre toute sa seconde partie (p.55-71) à la méthode comparative dans les Vies parallèles. [Retour]

[31] PLUTARQUE, Œuvres morales et œuvres diverses, trad. V. BÉTOLAUD, t.II, Paris, 1870, p.114. [Retour]

[32] On trouve, chez PAUL DIACRE (Histoire des Lombards, I, 15), le raisonnement inverse : « Une putain accoucha vers cette époque de sept bébés d'un coup... si certains jugent la chose impossible, qu'ils relisent l'histoire ancienne et ils trouveront des femmes qui ont accouché à elles seules non seulement de sept enfants d'un coup, mais même de neuf, surtout chez les Égyptiens » (trad. Fr. BOUGARD, Turnhout, 1994). [Retour]

[33] « Toutefois, l'esprit de l'Histoire romaine diffère sensiblement de celui de l'Histoire grecque... l'historien grec est tourné vers le présent et l'universel, l'historien romain, vers le passé et la seule Rome. Pour un Trogue-Pompée qui puise en Polybe une vision mondiale de l'Histoire, combien d'historiens romains - et tous les plus grands - qui ne voient dans leur œuvre que l'occasion d'illustrer le  »moment romain«  de l'Histoire mondiale » (J.-M. ANDRÉ - A. HUS, L'histoire à Rome, Paris, 1974, Coll. SUP, p. 5-6). [Retour]

[34] TITE-LIVE, Histoire romaine, Préface, [[section]] 3, éd., trad. J. BAYET - G. BAILLET, 6e éd., Paris, 1958 (Coll. des Universités de France). [Retour]

[35] FLORUS, Œuvres, t. I, Tableau de l'histoire du peuple romain, Préface, 1-2, éd., trad. P. JAL, Paris, 1967 (Coll. des Universités de France). [Retour]

[36] Histoire et historiens à Rome dans l'antiquité, Lyon, 1995. Je cite quelques lignes de l'Introduction (p.10) : « En outre, ce qui comptait était ce qu'avaient accompli les Romains. Ou bien ce qui, chez les autres peuples, pouvait servir comme exemple aux Romains. D'où, comme on l'a déjà signalé à maintes reprises, l'usage que fait l'historiographie romaine des anecdotes et des gloses, des portraits et des discours. Bref, l'historiographie romaine était 'romanocentriste' ». [Retour]

[37] CORNELIUS NEPOS, Œuvres, Préface, éd., trad. A.- M. GUILLEMIN, Paris, 1923 (Coll. des Universités de France). [Retour]

[38] Cf. B. GUENÉE, Histoire et culture historique dans l'Occident médiéval, Paris, 1980, p.7. [Retour]

[39] Sur les différences, assez floues, entre « annales », « chroniques » et « histoire », voir l'ouvrage cité ci-dessus de B. GUENÉE, p.203-207 et, du même auteur, Histoire et chronique. Nouvelles réflexions sur les genres historiques au moyen âge dans D. POIRION (éd.), La chronique et l'histoire au moyen âge, Colloque des 24 et 25 mai 1982, Paris, 1986, p.3-12. [Retour]

[40] Éd., trad. R. FOREVILLE, Paris, 1952 (Les Classiques de l'histoire de France au Moyen Age). [Retour]

[41] Gesta Dei per Francos, I, 1 (Recueil des historiens des Croisades. Historiens occidentaux, t. IV, Paris, 1879, p.123). [Retour]

[42] Gesta Dei per Francos, VII, 50 (Recueil des historiens des Croisades, t. IV, p. 260). [Retour]

[43] Histoire de Guillaume le Conquérant, I, 52. [Retour]

[44] Gesta Dei per Francos, Préface (Recueil des historiens des Croisades, t. IV, p.121). [Retour]

[45] Gesta Dei per Francos, I, 2 (Recueil des historiens des Croisades, t. IV, p.125). [Retour]

[46] Le 24e Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Supérieur Public (S.H.M.E.S.) qui s'est tenu à Avignon en juin 1993 était consacré à La circulation des nouvelles au Moyen âge. Les actes ont paru sous ce titre en 1994 (Collection de l'École Française de Rome, 190). Il n'est malheureusement pas question des historiens dans ce volume : on y traite essentiellement des informations circulant dans le monde des diplomates et des marchands. [Retour]

[47] ORDÉRIC VITAL, Histoire ecclésiastique, Prologue, I, 3, éd. M. CHIBNALL, Oxford, 1980 (Oxford Medieval Texts). [Retour]

[48] En réalité, les informations qu'Ordéric a pu recueillir tout en restant dans son cloître ne sont pas négligeables : cf. L. MUSSET, L'horizon géographique, moral et intellectuel d'Ordéric Vital, historien anglo-normand, dans D. POIRION (éd.), La chronique et l'histoire au moyen âge, p.101-122. [Retour]

[49] Mémoires, Prologue à M. l'Archevesque de Vienne, dans A. PAUPHILET - E. POGNON, Historiens et chroniqueurs du Moyen âge, Paris, 1952, p. 949 (Bibliothèque de la Pléiade). [Retour]

[50] Cf. J. BASTIN, Les Mémoires de Philippe de Commynes, Bruxelles, 1944, p.17. [Retour]

[51] Cf. B. GUENÉE, Histoire et culture historique dans l'Occident médiéval, p.18-25. [Retour]

[52] Histoire ecclésiastique du peuple anglais, Préface, éd. B. COLGRAVE- R.A.B. MYNORS, Oxford, 1969 (Oxford Medieval Texts), p.6 : « [nos] qui, quod vera lex historiae est, simpliciter ea quae fama vulgante collegimus ad instructionem posteritatis litteris mandare studuimus ». [Retour]

[53] Histoire ecclésiastique, XIII, 16, éd. M. CHIBNALL, Oxford, 1978 (Oxford Medieval Texts). [Retour]

[54] Histoire de Charles VII, I, 9, éd., trad. Ch. SAMARAN, Paris, 1933 (Les Classiques de l'histoire de France au Moyen Age). [Retour]

[55] Cf. G. ATKINSON, Les nouveaux horizons de la Renaissance française, Paris, 1935. [Retour]

[56] La première édition de l'Apologia pro Herodoto d'H. ESTIENNE date de 1566. A propos de Polybe, voir A. MOMIGLIANO, La redécouverte de Polybe en Europe occidentale, dans Problèmes d'historiographie ancienne et moderne, Paris, 1983, p.186-209 (Bibliothèque des histoires). [Retour]

[57] On consultera cet ouvrage dans la traduction de P. MESNARD, La méthode de l'histoire, Paris, 1941 (Publications de la Faculté des Lettres d'Alger, IIe sér., t.XIV). [Retour]

[58] Au chapitre V, par exemple, Bodin discute longuement de l'influence du climat et des astres sur l'histoire humaine. Plus loin (p.216 et sv.), on trouve de bizarres réflexions sur la vertu des nombres. La mort des hommes, par exemple, survient souvent dans les années multiples de 7 et de 9, notamment à 63 ans : c'est l'âge atteint par Aristote, Boccace, saint Bernard, Érasme, Luther... (p.217). Pour les changements dans les États, il faut prendre ces nombres au carré ou au cube : ainsi, de la fondation de Rome à la prise de pouvoir par Auguste, se sont déroulés 729 ans, soit le cube de 9 (p.219). Et ainsi de suite... [Retour]

[59] Cf. H. SÉE, La philosophie de l'histoire de Jean Bodin, dans Revue Historique, t.175, 1935, p.497-505. « Ce qui est intéressant pour nous », note l'auteur de l'article, « c'est aussi la méthode dont il se fait l'initiateur. Il veut arriver à comprendre l'histoire universelle des États et il se rend compte que, pour cela, seule la méthode comparative sera efficace » (p.503). [Retour]

[60] L'ouvrage a été réédité par Ph. DESAN dans le Corpus des œuvres de philosophie en langue française, Paris, 1988. On en trouvera un bon commentaire dans G. HUPPERT, L'idée de l'histoire parfaite, Paris, 1973 (Nouvelle bibliothèque scientifique) : le chapitre VI (p.110-123) -Une histoire comparative des civilisations - lui est entièrement consacré. [Retour]

[61] Un mot de présentation s'impose à propos de cet auteur dont on ne trouve même pas mention dans le manuel d'E. FUETER, Geschichte der neueren Historiographie, 3e éd., Munich-Berlin, 1936. Henri Lancelot de Voisin, sieur de La Popelinière, est né en 1541. Après ses études, il participe aux guerres de religion du côté huguenot, puis se consacre à l'histoire, et d'abord à l'histoire contemporaine : La vraye et entiere histoire des ces derniers troubles (1571), ouvrage qui sera réédité sous le titre d'Histoire de France. Beaucoup plus tard (1599), La Popelinière publie le traité dont il sera question ici, L'histoire des histoires (rééd. Ph. DESAN, 2 vol., Paris, 1989, Corpus des œuvres de philosophie en langue française). L'ouvrage comporte trois parties : 1) L'Histoire des histoires : vaste catalogue de tous les historiens anciens et modernes connus de l'auteur ; 2) L'idée de l'histoire accomplie : exposé théorique sur la conception idéale que La Popelinière se fait de l'histoire ; 3) Dessein de l'histoire nouvelle des Français : application à l'histoire de France des idées exprimées dans la seconde partie. Dans la réédition de 1989, L'histoire des histoires proprement dite constitue le volume I, L'idée de l'histoire accomplie et le Dessein de l'histoire nouvelle des Français le volume II. [Retour]

[62] Voir, à ce sujet, M. YARDENI, La conception de l'histoire dans l'œuvre de La Popelinière, dans Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, t. 11, 1964, p.109-126 ; G. HUPPERT, L'idée de l'histoire parfaite, p.141-156 (Ch. VIII La Popelinière : « La représentation du tout ») ; Cl. - G. DUBOIS, La conception de l'histoire en France au XVIe siècle (1560-1610), Paris, 1977, p. 124-153. [Retour]

[63] L'histoire des histoires, t. II, p.276. [Retour]

[64] Dans son essai historiographique (L'histoire des histoires, t.I, p. 31 et sv.), La Popelinière distingue quatre sortes d'histoires. La première « peut (s')appeller naturelle et grossiere : pource qu'elle fut escloze d'un mouvement naturel des premiers hommes, presques ruraux et non civilisez au respect de leurs neveux : plus que d'artifice qu'ils y peussent apporter, l'ayans dressé de plusieurs marques, signes et divers chants par lesquels ils respresentoient, les plus notables choses dont ils vouloient garder la memoire ». [Retour]

[65] La lettre en question est reproduite dans G. HUPPERT, L'idée de l'histoire parfaite, Appendice II, p.201-203. Elle avait déjà été rééditée, avec un abondant commentaire, par C. VIVANTI, Alle origini dell'idea di civiltà. Le scoperte geografiche e gli scritti di Henri De La Popelinière, dans Rivista Storica Italiana, t.74, 1962, p.225-249. [Retour]

[66] Joseph-François LAFITAU, Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps, Introduction, choix de textes et notes par E.H. LEMAY, 2 vol., Paris, 1983 (FM/La Découverte). [Retour]

[67] Pour une analyse moins sommaire de la pensée de notre missionnaire ethnologue, voir R. MERCIER, La méthode comparative en histoire : le Père Lafitau, dans L'histoire au dix-huitième siècle. Colloque d'Aix-en-Provence 1er, 2 et 3 mai 1975, Aix-en-Provence, 1980, p.55-78 et M. DUCHET, Le partage des savoirs. Discours historique et discours ethnologique, Paris, 1985, p.30-52 (Ch. I De l'histoire morale à la description des mœurs : Lafitau). [Retour]

[68] Giambattista VICO, Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations, trad. A. DOUBINE, Paris, 1953. De Michelet à Momigliano, Vico ne manque pas d'admirateurs. On admettra pourtant que ses comparaisons sont parfois fort audacieuses et d'un intérêt très discutable, ainsi p. 145, où le législateur athénien Dracon (vers 630 a.C.n.) est assimilé au serpent de la Gorgone et comparé au dragon des Chinois. [Retour]

[69] Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, nouv. éd., 4 vol., Paris, 1742. Voir, par exemple, la comparaison entre les camps des Huns et des Polonais faits d'un cercle de chariots (vol. II, p.132). [Retour]

[70] « La faculté principale de l'âme est de comparer » (Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, cité par J. STAROBINSKI, Montesquieu, Paris, 1989, p.115). [Retour]

[71] Essai sur les mœurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII, éd. R. POMEAU, 2 vol., Paris, 1963 (Classiques Garnier). Voir, par exemple, vol.I, p.264 : « Les amateurs de l'antiquité, ceux qui se plaisent à comparer les génies des nations, verront avec plaisir combien les mœurs, les usages du temps de Mahomet, d'Abubéker, d'Omar, ressemblaient aux mœurs antiques dont Homère a été le peintre fidèle. On voit les chefs défier à un combat singulier les chefs ennemis ; on les voit s'avancer hors des rangs et combattre aux yeux des deux armées, spectatrices immobiles... Il est évident que les combats des Amazones, dont parlent Homère et Hérodote, ne sont point fondés sur des fables. Les femmes de la tribu d'Imiar, de l'Arabie Heureuse, étaient guerrières, et combattaient dans les armées d'Abubéker et d'Omar. On ne doit pas croire qu'il y ait jamais eu un royaume des Amazones... mais dans les temps et dans les pays où l'on menait une vie agreste et pastorale, il n'est pas surprenant que des femmes, aussi durement élevées que les hommes, aient quelquefois combattu comme eux ». [Retour]

[72] Faut-il rappeler qu'à la même époque (1816), F. BOPP publie son traité Über das Conjugationssystem der Sanskritsprache in Vergleichung mit jenem der griechischen, lateinischen, persischen und germanischen Sprache  ? [Retour]

[73] Histoire romaine, trad. P.A. DE GOLBÉRY, t.II, Bruxelles, 1836, p.166. Cf. A. MOMIGLIANO, Niebuhr and the Agrarian Problems of Rome, dans History and Theory, Beiheft 21, 1982, p.3-15. [Retour]

[74] Ancient Law : Its Connection with the Early History of Society, and its Relation to Modern Ideas, Londres, 1861. [Retour]

[75] Cf. A. MOMIGLIANO, From Mommsen to Max Weber, dans History and Theory, Beiheft 21, 1982, p.17-18. [Retour]

[76] La 3e édition de cet ouvrage (1876) comporte un ajout intéressant : The Effects of the Observation of India on Modern European Thought. [Retour]

[77] L'expression est de MOMIGLIANO à qui j'emprunte cette citation (From Mommsen to Max Weber, p.18). Sur H.S. Maine, voir aussi K.E. BOCK, Comparison of Histories : The Contribution of Henry Maine, dans Comparative Studies in Society and History, t.16, 1974, p.232-262. [Retour]

[78] Je cite le texte d'après le volume que j'ai sous la main : Histoire romaine. République, t.I, 3e éd., Paris, 1843, p.378. Les Œuvres complètes de Michelet sont actuellement en cours de réédition par les soins de P. VIALLANEIX (Paris, 1971- ) ; pour le passage en question, voir t.II, p. 641. [Retour]

[79] L'ouvrage a été réédité à maintes reprises. On peut le lire maintenant dans la collection Champs-Flammarion (Paris, 1984), avec une importante préface de Fr. HARTOG. [Retour]

[80] Extraits des historiens français du XIXe siècle, Paris, 1896, p. CV. Jugement confirmé par A. MOMIGLIANO : « En France, c'est Fustel qui, le premier, appliqua la méthode comparative à l'étude du droit antique » (Problèmes d'historiographie ancienne et moderne, p. 404). [Retour]

[81] G.GLOTZ, La cité grecque, Paris, 1953, p.5 ; l'auteur nuance immédiatement son propos en ajoutant que « nul, depuis Montesquieu, n'avait manié cette méthode avec une pareille maîtrise ». M.I. FINLEY, Mythe, mémoire, histoire. Les usages du passé, Paris, 1981, p.99. [Retour]

[82] Préface citée ci-dessus (n.79), p.XIV. Ces appréciations divergentes sur l'œuvre de Fustel donnent un certain relief à la remarque désabusée de P. Veyne citée ci-dessus (n.6) : où cesse l'histoire tout court ? où commence l'histoire comparée ? [Retour]

[83] On ne peut nier d'ailleurs que la Cité antique soit fondamentalement comparatiste, mais de façon unilatérale : l'auteur ne voit que les ressemblances entre la Grèce et Rome. [Retour]

[84] Ce texte a paru dans la Revue des Questions Historiques de 1887. On le trouvera plus commodément dans Fr. HARTOG, Le XIXe siècle et l'histoire. Le cas Fustel de Coulanges, Paris, 1988, p.353. [Retour]

[85] Une partie de ce long mémoire a été publiée par Fustel en 1880. La totalité n'a été éditée que deux ans après la mort de l'auteur, par les soins de C. JULLIAN, Nouvelles recherches sur quelques problèmes d'histoire, Paris, 1891 (réimpr., Bruxelles, 1964). Le passage cité se trouve aux p. 4-5 de ce volume. [Retour]

[86] Histoire des origines du gouvernement représentatif en Europe, 2 vol., Bruxelles, 1851. [Retour]

[87] Histoire de la Révolution d'Angleterre, Préface. Pour une édition récente de ce texte, voir M. GAUCHET, Philosophie des sciences historiques, Lille, 1988, p.123-129. Cette préface est malheureusement trop longue pour être citée in extenso et se prête mal à un découpage en morceaux choisis : je ne puis donc qu'y renvoyer le lecteur en l'assurant qu'il ne sera pas déçu par cette leçon de comparatisme, quoi qu'il en soit des opinions de Guizot sur les deux révolutions. [Retour]

[88] Histoire de la civilisation en Europe depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à la Révolution française, éd. P. ROSANVALLON, Paris, 1985 (Coll. Pluriel). [Retour]

[89] Je cite ce livre dans l'édition de J.-P. MAYER, Paris, 1967 (Idées-Gallimard). [Retour]

[90] Œuvres complètes, t. VIII, 1, Correspondance d'Alexis de Tocqueville et de Gustave de Beaumont, éd. A. JARDIN, Paris, 1967, p.51-52. [Retour]

[91] Voir, par exemple, son article sur La méthode historique en Allemagne, dans la Revue de Synthèse Historique, t.I, 1900, p.21-27. Lamprecht distingue, dans la méthode historique, une méthode supérieure et une inférieure, la première impliquant le comparatisme : « Nous voyons apparaître la méthode historique supérieure là où il s'agit de dominer les faits donnés et leurs rapports, et d'embrasser du regard un plus vaste horizon. Cela n'est naturellement possible que si l'on a recours à la comparaison. Il est nécessaire que les faits soient rapprochés les uns des autres, qu'ils soient comparés les uns avec les autres, et c'est ainsi que se découvrira leur sens profond, leur étroite relation » (p.21-22). [Retour]

[92] La traduction française de ce livre a été publiée à Paris en 1964 avec une préface importante et sans complaisance de P. VIDAL-NAQUET, lequel a reproduit ce texte dans La démocratie grecque vue d'ailleurs. Essais d'historiographie ancienne et moderne, Paris, 1990, p.277-317. Voir aussi P. LÉVÊQUE (Dir.), Les premières civilisations. I. Des despotismes orientaux à la cité grecque, Paris, 1987, Peuples et Civilisations, p.17-32. [Retour]

[93] Reflections on British and Roman Imperialism, dans Comparative Studies in Society and History, t.7, 1965, p.267-288. [Retour]

[94] H. JEANMAIRE, Dionysos. Histoire du culte de Bacchus, Paris, 1951 (réimpr., 1978). Voir aussi E.R. DODDS, Les Grecs et l'irrationnel, Paris, 1977, Champs-Flammarion, p.265-274. [Retour]

[95] Voir, par exemple, M.I. FINLEY, Esclavage antique et idéologie moderne, Paris, 1981 (Coll. « Le sens commun »). Ou, plus récemment, V.J. ROSIVACH, Agricultural Slavery in the Northern Colonies and in Classical Athens : Some Comparisons, dans Comparative Studies in Society and History, t. 35, 1993, p.551-567. [Retour]

[96] L. DE LIGT, Fairs and Markets in the Roman Empire. Economic and Social Aspects of Periodic Trade in a Pre-Industrial Society, Amsterdam, 1993 (Dutch Monographs on Ancient History and Archæology, n. 11). Voir notamment p.180-185. [Retour]

[97] Der Staat des hohen Mittelalters. Grundlinien einer vergleichenden Verfassungsgeschichte des Lehnszeitalters, 8e éd., Weimar, 1968. [Retour]

[98] R. COULBORN (éd.), Feudalism in History, Princeton, 1956. Cet ouvrage, qui rassemble les contributions d'une dizaine d'auteurs, couvre un terrain immense, de l'Europe occidentale au Japon, avec des détours par les civilisations de l'Égypte ancienne, de la Mésopotamie et de Byzance. O. LATTIMORE en a fait une analyse détaillée dans Past and Present, t.12, 1957, p.47-57. [Retour]

[99] Guerre, justice et ordre public. La France et l'Angleterre à la fin du Moyen Age, Paris, 1994 (Collection historique). [Retour]

[100] Cf. M. JENSEN - R.L. REYNOLDS, European Colonial Experience. A Plea for Comparative Studies, dans Studi in onore di G. LUZZATTO, t. IV, Milan, 1950, p.75-90. [Retour]

[101] Colonial Elites. Rome, Spain and the Americas, Oxford, 1958. [Retour]

[102] Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances. XIIIe - XXe siècle, Paris, 1994. [Retour]

[103] The Anatomy of Revolution, New York, 1938. [Retour]

[104] 1789. Les révolutions de la liberté et de l'égalité, Paris, 1968 (Les grandes vagues révolutionnaires). [Retour]

[105] Les révolutions (1770-1799), 4e éd., Paris, 1986 (Nouvelle Clio). [Retour]

[106] Les révolutions de France et d'Amérique. La violence et la sagesse, Paris, 1988 (Passé simple). Notons que Gusdorf souligne plutôt les différences entre ces deux révolutions si proches dans le temps ; voir notamment le chapitre II : 1787-1789 : Une fausse symétrie. [Retour]

[107] States and Social Revolutions. A Comparative Analysis of France, Russia, and China, Cambridge, 1979. [Retour]

[108] A propos du fascisme, voir les références fournies par G. BARRACLOUGH, Tendances actuelles de l'histoire, Paris, 1980, p.276, n.122 auxquelles on pourra ajouter P. MILZA, Les fascismes, Paris, 1985. Sur les guerres de paysans, voir E. WOLF, Les guerres paysannes du vingtième siècle, Paris, 1974 (Bibliothèque d'anthropologie). [Retour]

[109] Exception notable, les Comparative Studies in Society and History dont le premier volume a paru en 1958/59. On remarquera toutefois que si les articles publiés ici touchent à toutes les régions du monde, les études proprement comparatives n'y sont pas légion. [Retour]

[110] Méritent d'autant plus d'être signalées dans ce contexte les réunions de la « Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions » qui se tiennent régulièrement depuis 1935. La 23e session, consacrée à La peine, s'est tenue à Barcelone ; les actes, en 4 volumes, ont été publiés à Bruxelles en 1989-1991. [Retour]

[111] L'International Bibliography of Historical Sciences, par exemple, semble ignorer le comparatisme. Dans le t. 56, 1987, p.198-199, on trouve des titres comme G. CORNI, La politica agraria del fascismo : un confronto fra Italia e Germania (n. 3282) ou J. MILLER, Bourbon and Stuart : the Kings and Kingship in France and England in the 17th Century (n. 3312) sous le titre : « Époque moderne. Ouvrages généraux ». [Retour]

[112] Voir, par exemple, F. MILLAR, The Emperor in the Roman World (31 BC-AD 337), Londres, 1977, p.XII : « In preparing the work, I have rigidly avoided reading sociological works on kingship or related topics, or studies of monarchic institutions in societies other than those of Greece and Rome. I am perfectly conscious that this will have involved considerable losses in percipience, and unawareness of whole ranges of questions which I could have asked. None the less, I am confident that the loss in the opposite case would have been far greater ». [Retour]

[113] On sursaute quand on lit, sous la plume de L. MUMFORD (La cité à travers l'histoire, Paris, 1964), que l'introduction de l'alphabet en Grèce serait à situer vers 650 a.C.n. (p.163) : le phénomène est antérieur d'environ deux siècles (cf. M. GUARDUCCI, L'epigrafia greca dalle origini al tardo Impero, Rome, 1987, p.19-20) - mais il est vrai que quelques spécialistes sont partisans d'une date plus basse. En revanche, aucune excuse ne peut être trouvée pour la description totalement erronée des consultations à Delphes (p.179). Les pélerins n'étaient pas « endormis par les soins de la prêtresse », ni « visités par le dieu » et guéris pendant leur sommeil. On venait à Delphes, comme chacun sait, pour consulter l'oracle d'Apollon, et non pour se faire soigner. [Retour]

[114] Cf. ci-dessus. [Retour]

[115] L. FEBVRE, Combats pour l'histoire, Paris, 1953, p.395. [Retour]

[116] W.G. RUNCIMAN, The Origins of the Modern State in Europe and as a Topic in the Theory of Social Selection, dans Visions sur le développement des États européens. Théories et historiographies de l'État moderne, Rome, 1993, p.45 (Collection de l'École Française de Rome, 171). [Retour]

[117] Voir ci-dessus, n.108. J'attire l'attention sur la fin de la préface de cet ouvrage : « Les études de cas présentées ici sont basées sur des matériaux de seconde main. Les événements observés par un enquêteur ayant une optique anthropologique et s'intéressant aux questions soulevées ici sont l'exception. Cela signifie que l'anthropologue est nécessairement handicapé par la nature de matériaux à la recherche desquels il n'a contribué en rien. Les faits qui sont pertinents pour lui doivent être extraits d'ouvrages écrits pour un autre public, dans un autre dessein » (p.12). [Retour]


FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 2 - juillet-décembre 2001

<folia_electronica@fltr.ucl.ac.be>